Souvenirs de guerre (Suite) - F. GERSAY8 novembre 1942 (Suite) En une heure de temps, sans regret comme sans remord, Yasreg avait laissé Guercif loin derrière. Il avait bonne mine, installé dans un side-car sur lequel on avait juché "haut placé" un fusil mitrailleur destiné à contrer une attaque aérienne éventuelle. Quand le conducteur de l'engin en avait assez, Yasreg prenait le guidon. Le jour s'était levé, et on y voyait incontestablement plus clair, compte tenu du fait que les phares avaient capitulé définitivement. Aucun éclairage ne situait la colonne vis-à-vis des troupeaux de moutons qui avaient l'habitude de déborder sur la route et de s'y installer. La localité de Taourirt se traversa sans encombre, mais la population, avertie par quelque tam-tam de brousse, s'agglomérait le long du parcours. Silencieusement, elle regardait passer la Légion. Puis la chaleur augmenta. Les embêtements de moteurs commencèrent. Avachis par leur longue inactivité forcée dans la poussière graisseuse des garages, ou des dépôts clandestins, les véhicules s'essoufflaient et "aussi sec" prononçaient le mot de Cambronne. Pourtant, au milieu des N. de D... de désespoir des mécanos, des fumées suspectes qui sortaient des intestins fatigués des blindés, on progressait petit à petit. On restait convaincu que tout cela allait s'arranger à Oujda. Le soir même, cette jolie petite ville moderne recevait sa nouvelle garnison. Ailleurs, ce jour-là, le long des côtes, à Rabat, à Casa, à Oran, à Bougie, des soldats français, obéissant à des ordres issus du désarroi, de l'orgueil et de l'incohérence, tiraient sur les amis venus les aider à délivrer la France, et mouraient pour pas grand chose. OUJDA Cité principale d'une province marocaine, Oujda est une petite ville moderne, déjà connue à l'époque où se situe ce récit, pour ses beaux jardins et ses belles avenues. Un des buts de promenade est l'oasis de Sidi-Yalya et ses sources. On n'y résidera pas longtemps car les dés sont jetés, à présent. Les 1er et 2e escadrons motorisés et portés du 1er R.E.C. vont constituer un groupe autonome de cavalerie qui sera expédié dès que possible en Tunisie afin de retarder Rommel. Les troupes italo-allemandes sont acculées à la retraite par Montgomery et traversent le nord de la Libye via Tripoli. Leur intention semble évidente : elles se reformeront en Tunisie et, appuyées par l'aviation, s'efforceront d'empêcher les anglo-américains de se regrouper et, peut-être, les rejetteront à la mer. Sur son insistance, à la visite médicale préliminaire, Yasreg est reconnu apte à la participation à l'expédition envisagée. Souffrant d'une adénite tenace, il aurait pu rester à Oujda. La veille du départ, une revue générale des troupes participantes eut lieu. Yasreg reçut, luxe presque impensable, une paire de godillots tout neufs. On avait manifestement sorti les fonds de dépôts. L'armement se révélait désuet, l'équipement insuffisant et périmé; bref, le contraste allait s'étaler douloureusement face aux Américains gorgés de tout et aux Anglais bien équipés et armés. Chacun reçut sa dotation de munitions, sauf les grenades qui devaient être goupillées plus tard par ceux qui auraient "à les utiliser". Le moral est au zénith; tout le monde est animé par la bonne volonté et l'enthousiasme. Tout paraît d'excellent augure. Mais un accident malheureux projette un voile de tristesse, juste avant le départ : le légionnaire Pier... est tué involontairement en manipulant un revolver. Les superstitieux, plus nombreux qu'on le supposerait, en profitent pour insinuer que le groupe d'escadrons pourrait paraître moins faraud au retour, du moins pour ceux qui en reviendraient. Mais la sentimentalité n'est pas de mise et la colonne s'ébranle vers son destin. Le side-car a été revérifié. Il en avait besoin. A présent son moteur ronronne et tout semble aller le mieux du monde. Une partie des troupes portées sera acheminée par chemin de fer, du moins pour une portion du trajet. La distance est importante entre Oujda et Le Kef en Tunisie où, semble-t-il, le regroupement devrait se faire. On devra doubler les étapes car le temps presse. Le side-car transporte toujours son F.M. dérisoire destiné à protéger la colonne contre les attaques aériennes. Bref, on prend ses désirs pour des réalités. La vérité, c'est qu'on ne saurait faire le poids, face à des gens armés, équipés et soutenus logistiquement comme le sont les forces ennemies. Mais on fera bien sûr tout le possible... A ce stade, les souvenirs deviennent nébuleux, et seuls ressortent quelques faits qui ont particulièrement impressionné les neurones. Comme d'habitude, rien de spectaculaire, tout simplement de vulgaires incidents de parcours. Yasreg et son compagnon roulent et continuent à rouler. I1 faut souvent faire la navette d'un point de la colonne à l'autre pour communiquer les instructions, les ordres, essayer de retrouver le camion atelier dont la présence est réclamée partout à la fois. Car l'expédition "motorisée" est vulnérable. Les pneus crèvent sur les pistes à peine carrossables. La poussière et la fatigue du matériel se traduisent par des arrêts intempestifs. Les moteurs chauffent, les bougies s'encrassent. Tout s'en mêle pour refroidir considérablement les enthousiasmes. Et on roule jour et nuit, car il faut faire vite. Yasreg, qui effectue le double de kilomètres par suite de ses va-et-vient aux flancs de la colonne, est là pour répéter les directives impératives "poussez", "plus vite"... Une nuit sinistre, un clair de lune surréaliste perce par endroits un brouillard qui colle au sol. Il se condense sur le visage et les mains du conducteur de la moto. Il fait froid la nuit, on est en décembre. Il n'y a que la lune pour permettre un repérage sommaire de ce qui se passe devant soi. La fatigue est là, omniprésente. Sur instructions, on a quitté la colonne pour se porter à un croisement qu'il faudra trouver dans la nature : une intersection de deux pistes convergentes. En cet endroit, il faudra attendre l'arrivée d'un contingent auquel on indiquera la bonne direction. La piste semble toujours sous les roues. Le brouillard se condense et son résultat dégouline le long du visage et empêche finalement de distinguer quoi que ce soit... et le side-car se retrouve dans le fossé, heureusement sans basculer. Le contact a été coupé, instinctivement. On n'en peut plus mais on ne peut rester là car la colonne que l'on doit rencontrer continue d'avancer. Les N... de D... de désespoir ne servent pas à grand-chose. Raide comme une quille, le malheureux engourdi dans le side-car s'efforce d'en sortir et exprime à Yasreg son avis concernant sa manière de conduire l'engin. Il faut sortir le bidule de sa position précaire et repartir. Un rayon de lune éclairant le visage du compagnon de Yasreg intrigue celui-ci. Ce ne sont pas les propos malsonnants de ce légionnaire outré et fulminant qui le font sursauter mais l'aspect de son interlocuteur dont la peau du visage pèle par lambeaux. Le froid, l'humidité et le vent de la course ont produit cet effet. Yasreg constate qu'il n'est pas mieux loti : lui aussi a bonne mine. Epuisés, les deux hommes parviennent à remettre le véhicule sur la piste. Le moteur reprend ses pétarades et la cérémonie continue. Cette fois Yasreg est dans le side-car et laisse l'autre faire de son mieux. Une vague lueur solaire aide la lune à mieux silhouetter le décor. Il fera jour bientôt. On constate, parmi les bancs de brume qui vont et viennent, que cette piste est un chemin de berger. Puis une bifurcation se précise : est-ce celle-là ? En tout cas, il n'y a aucune trace de passage de charroi. On va s'arrêter et attendre. Le silence s'installe, pas un bruit. C'est la solitude complète, sinistre, et on n'a rien à manger. Les deux hommes s'asseyent par terre, se regardent et soudain une immense rigolade les saisit : des gueules rouges comme des tomates avec des lambeaux de peau qui pendent partout. C'est particulièrement distingué quand on ne s'est plus approché d'un rasoir depuis presqu'une semaine. Mais des bruits indéfinissables se manifestent dans le lointain. Ils se rapprochent, augmentent d'intensité. C'est bien cela, c'est la colonne. On va lui indiquer la bonne direction et lui fournir les dernières instructions. On en profitera pour faire le plein. Et mission accomplie malgré tout... NOEL DE GUERRE : 25 décembre 1942 De nuit, le Groupe Autonome du 1er R.E.C. a traversé Le Kef sans s'y arrêter. L'occultation est totale et les bâtiments paraissent sinistres sous les lueurs parcimonieuses des phares en veilleuse. La ville et ses environs ont subi de lourds bombardements. Ceci confirme la présence de la Luftwaffe en Tunisie. Le trafic est canalisé par des M.P. américains efficaces et le Groupe est dirigé vers les positions qu'il devra occuper. Personne, d'ailleurs, ne connaît la destination. C'est la veille de Noël. Pour les Américains et les Anglais, la guerre n'empêchera pas la dinde traditionnelle et le whisky de faire partie des agréments du jour. De l'autre côté de la barrière, en dépit des problèmes de la retraite, on peut gager qu'on écoutera les trémolos nostalgiques de Lili Marlène en culbutant force bières et schnaps. Bref, tous ceux qui en ont les moyens trouveront quand même de quoi fêter le plus dignement possible le souvenir de celui qui est venu, il y a 2.000 ans, prêcher dans un monde d'esclaves, un peu d'amour fraternel. Pour la Légion, perdue dans la nature et coupée temporairement de ses approvisionnements, il n'y aura du pinard que pour celui qui saura s'en procurer. Ceux qui devront se contenter de ce que leur enverra l'opération du Saint-Esprit fêteront Christmas avec un quart de pain dont on oubliera les moisissures pour extirper les brindilles de paille omniprésentes. Des "touques" de fer blanc vont servir tout à l'heure à cuire la volaille achetée ou "démerdée" dans un village chleuh quelconque. La roulante est en panne quelque part en arrière et il faudra sucer son pouce en attendant des jours meilleurs. La soirée est froide et humide; un brouillard cafardeux se localise au sol et enrobe les éléments du décor dans une sorte de halo. Ce n'est certes, ni bucolique, ni marrant. Chacun se planque le plus à l'abri possible pour dormir car on en a besoin. Seule, la garde veille. La végétation rabougrie, les touffes de chardon desséché, les formes fantomatiques des pitons calcaires qui paraissent et disparaissent dans la brume mouvante, créent une ambiance peu propice aux réflexions allègres. Seul dans son coin, Yasreg sent des poussées de fièvre parcourir sa carcasse fatiguée et sale. L'adénite qui l'affligeait au départ d'Oudja ne va pas mieux. D'ailleurs, elle n'a pas été soignée. Il faudrait se plaindre, mais à qui ? … Il y a sans doute un médecin quelque part, mais où ?... Dans un demi-rêve, le pauvre diable cherche mentalement qui pourrait lui allonger le coup de bistouri qui le soulagerait peut-être. A défaut de médecin, il y a bien un infirmier, ou prétendu tel, à l'escadron. Il faudrait le trouver. Il faut éviter aussi d'être renvoyé à l'arrière. Il est donc préférable de ne pas trop chercher le "toubib" car sa sentence serait sans appel. On va donc tenter d'approcher "Pillula", l'espagnol chargé de soigner les bobos. Cet homme spécialisé lutte difficilement contre la pénurie de permanganate et d'aspirine, mais il est providentiel et sans doute muni d'un bistouri. Il faut aussi penser que continuer dans de telles conditions ferait de Yasreg un poids mort. Allez essayer de faire comprendre, comme tout à l'heure, à un natif des Asturies que vous ne pouvez utiliser qu'un bras pour coltiner des caisses de munitions. Voyez comme vous serez reçu ! Après avoir demandé ici et là où se trouverait "Pillula" et s'être fait traiter de "tire-au-cul" soupçonné de vouloir chercher des cieux plus cléments en Algérie, Yasreg finit par dénicher ce thérapeute artisanal. C'est A..., un Espagnol au regard langoureux mais triste, qui s'inquiète de ce qu'il peut faire pour le quémandeur. Il sort un thermomètre, constate que Yasreg a de la fièvre et décide qu'il va falloir ouvrir. Mais il n'a pas de bistouri, ni d'anesthésique. Il lui faudra traiter l'opération à sec, avec... ô miracle : ... un reste de teinture d'iode qui servira de désinfectant. On ouvrira pour la circonstance un sachet de pansement individuel. Toutes ces fioritures antiseptiques sont importantes, car depuis le départ d'Oujda, on se débarbouille à l'eau pure, le savon n'existant qu'à l'état de souvenir. Pour assister au spectacle de choix que constitue cette intervention chirurgicale improvisée,tout ce qui n'a rien à faire dans les environs vient jeter son petit coup d'oeil. Tous se croient obligés d'y aller de leur petite opinion personnelle, la plus intelligente sans doute étant celle émise par le poète R... qui, en toute humilité, pense qu'il serait plus prudent de confier le travail à un médecin. Mais cela relève de l'utopie : où trouver un médecin, la veille de Noël, en pleine Tunisie en guerre ? Renchérissant sur l'opinion du poète, un légionnaire farfelu suggère qu'on amène Yasreg chez les Américains. Mais le temps presse. La jactance oiseuse n'est d'aucune utilité en l'occurrence. Le 2ème classe infirmier A..., dit Pillula, va donc se transformer temporairement en émoulu de la faculté de médecine et de chirurgie. Il va trancher dans le vif. D'un geste énergique, il empoigne une paire de ciseaux et introduit une de ses lames dans la boursouflure douloureuse de Yasreg qui, dès réception de cette estocade artisanale, rassemble tout ce qui lui reste de dignité pour ne pas hurler. Des mains charitables et condescendantes le soutiennent et l'empêchent de mesurer le terrain. Hérissé dans ce qui lui reste de réserve vitale, Yasreg sent un flot de pus sanguinolent s'épandre sur sa poitrine, s'écouler en de capricieux méandres sur son froc et lui dégringoler dans les molletières. Une sensation suave l'envahit quand Pillula lui applique une solide dose de teinture d'iode mélangée à de l'alcool sur la plaie toute neuve. Fier de lui, Pillula fait oeuvre de modestie dans le triomphe. Mais il décide de compléter ce traitement énergique par une médication musclée. Comme cette nécessité thérapeutique se heurte aux disponibilités de la trousse, on se rabattra en désespoir de cause sur des aspirines, qui compenseront leur inefficacité par leur innocuité. AVANT L'ACTION Les troupes d'Hannibal ont, paraît-il, fréquenté ces lieux, les Romains aussi. Le capitaine nous a fait une petite causerie très intéressante à ce sujet. Son érudition s'étaye ici sur des preuves archéologiques visibles de loin. Il s'agit de tours en pierres formant cheminées, qui servaient sans doute à émettre des signaux convenus, sous forme de décharges fumigènes. Dans cette ambiance historique, chacun attend les ordres de l'Etat-Major, se repose et reprend des forces. On se nettoie, on s'épouille et un fantaisiste, prétendument coiffeur, se charge de raser et de raccourcir les tifs de ceux qui veulent bien lui faire confiance. Il ne s'agit nullement d'altruisme : une redevance est perçue, car, pour être beau, il faut non seulement souffrir, mais aussi débourser. Il convient de profiter au maximum de cette période de semi-activité, car des indices portent à croire que cela ne va pas durer longtemps. En effet, on a touché des "vivres de réserve" : une boîte de singe et deux gros biscuits. Interdiction d'y toucher, bien sûr; il faut réserver çà pour les grandes circonstances, quand on aura quitté ces lieux. Deuxième indice d'action prochaine : les explosifs et les détonateurs des grenades à main ont été remis à ceux qui auront à s'en servir. Un a goupillé les grenades. Mais une surprise de taille rompt la monotonie. Les goumiers marocains et autres qui connaissent les montagnes des environs amènent, pour la première fois semble-t-il, des prisonniers capturés dans le no man's land, on ne sait où. Ces gens perçoivent une prime de vingt francs pour chaque prisonnier qu'ils capturent et viennent livrer. La raison de cette prime est pertinente. On avait, en effet, constaté que ces troupes indigènes, spécialisées dans les coups de main et les raids en territoire occupé par l'adversaire, ne ramenaient jamais aucun prisonnier. On avait dû se rendre à l'évidence : ils n'en faisaient pas. Les malheureux qui tombaient entre leurs mains étaient tout simplement liquidés après avoir été détroussés. Leurs possessions passaient comme butin de guerre. La seule façon de modifier ces moeurs barbares, en un sens susceptible de concilier le côté humain des choses avec l'obtention des renseignements indispensables, c'était de donner une prime. A ce tarif, les prisonniers allemands et italiens commencèrent à arriver. On les livrait sans chaussures et souvent tels que la nature les avaient créés. C'est terrorisés qu'ils passaient aux mains des soldats français, légionnaires ou autres. Et on constatait aussi que, le plus souvent, le même prisonnier avait passé par plusieurs postes de réception où chaque fois, il y avait paiement supplémentaire de la dite prime. On fermait les yeux sur ces irrégularités, car ces malheureux, parfois les pieds en sang, les yeux exorbités de terreur, se révélaient tout disposés à révéler ce qu'ils pouvaient savoir, et même davantage. Cette situation imprévue créait des problèmes d'habillement et de nourriture. Après interrogatoire serré, on expédiait ces invités indésirables vers l'arrière où on les gavait tout bonnement de topinambours. LE COUP DE MAIN, 11 janvier 1943 (1) (1) Voir à la fin de l'épisode, le récit de cette attaque par le général Jean Compagnon, extrait de "La Légion étrangère dans la campagne de Tunisie 1942-1943" Paru dans la Revue Historique des Armées, numéro 1-1981 - spécial. Les ordres sont là : on attaque ce matin. Il paraît que ce sont des Positions occupées par des Italiens. On progresse depuis trois heures du matin, dans le plus grand silence possible, au milieu de la rocaille calcaire et des chardons hargneux et poussiéreux. On en a plein les mains et les molletières car cette saloperie s'accroche partout et ne s'élimine que par extirpation manuelle. On fait de son mieux pour démontrer son stoïcisme, mais, de temps autres, un N. de D. défoulant et étouffé attire de droite et de gauche les protestations chuchotées de ceux qui s'attendent à tout moment à recevoir un pruneau dans le buffet. Il fait noir comme un fond de chaudron et les nuits de janvier en Tunisie n'ont rien de réchauffant. De temps en temps, un noctambule fatigué rate un appui rocheux quelconque et réveille les échos des alentours avec le cliquetis de ses impedimenta. Dans le lointain, comme toujours, les chiens chleuhs hurlent à la mort leur détresse et leur famine. L'ambiance est euphorique... Yasreg avance comme tout le monde. Il a repéré à sa droite, Trofimoff, le colosse lithuanien. C'est le petit original qui se lève avant tout le monde pour pratiquer sa gymnastique personnelle. Il s'agit d'un fantaisiste taiseux qui fait parfois le pari de manier le F.M. comme un simple revolver, et qui le gagne. Compte tenu de son gabarit, il est plus visible que les autres. Il avance silencieusement, en souplesse, en pointant devant lui le F.M. du peloton. A sa gauche, Yasreg distingue, un peu en retrait, la silhouette plus chétive de Rocher, le poète. Que doivent être les pensées de cette âme tendre ? On peut supposer qu'il revoit la belle de ses rêves, celle à cause de qui il avance vers son destin. Juste devant, l'adjudant J..., dit Touf-Touf, fait ce qu'il peut, comme tout le monde. Chez lui le cheminement de la pensée doit être différent de celui du poète, car il faudra nager entre deux eaux en pleine montagne si on veut avoir une chance de ramener sa peau. Une lueur vague apparaît derrière les deux pitons rocheux qu'il va falloir prendre tout à l'heure. Il parait que c'est une position stratégique importante car elle commande la piste de Kairouan. Insensiblement, on voit plus clair; puis un ordre circule de bouche à oreille : "Halte : Arrêt sur place, ne plus bouger". On s'arrête, on halète, on étend ses membres las le mieux possible. Les minutes passent, silencieuses et empreintes d'appréhension. Pour les légionnaires présents, ce sera, pour la plupart, le baptême du feu dans quelques instants. Sournoisement, Yasreg ouvre sa boîte de singe et en avale le contenu. Autant l'avoir dans le ventre que le laisser dans la besace d'un homme mort ! Mais Rocher lui conseille tout bas de garder sa boîte : "Tu en auras besoin plus tard, moi je conserve la mienne", dit-il. Pauvre Rocher, plein d'espoir, et qui n'avait plus que quelques minutes à vivre... Touf-Touf a vu Yasreg ingurgiter ses protéines. Mais il ne dit rien, il fait comme s'il n'avait rien vu. La raison de cette discrétion peu habituelle se devine facilement : dans ces circonstances, un accident est vite arrivé. On se sent moins porté au verbiage malsonnant quand l'interlocuteur est à même de répliquer manu militari. Mais laissons là ces pensées dénuées de charité. Il est évident que, comme tout le monde, Touf-Touf a la trouille. On distingue mieux les positions italiennes : une suite de mamelons convergent vers une sorte de plateau; des tranchées matelassées de sacs de terre abritent les troupes ennemies. Savent-ils qu'ils vont être attaqués ? Impossible de le savoir, mais de toute façon, l'effet de surprise est raté : plusieurs avions ont piqué sur leurs positions et les ont bombardées. Il est logique de penser que plus personne ne roupille chez eux en ce moment. A en juger par les explosions et la fumée, ils ont pris quelque chose comme petit déjeuner ! L'ordre d'attaquer est donné. Il fait tout juste jour. On prendra les pitons à la baïonnette et à la grenade puisqu'on n'a rien d'autre. On progresse par bonds. D'abord rien ne se passe. Ils attendent évidemment d'avoir les cibles dans le collimateur et à bonne distance. Les deux Espagnols Lopez et Perez, revenants des Brigades Républicaines d'Espagne sont à l'aise ou du moins, semblent l'être. Rejetant leur casque, ils arborent leur képi blanc. Ils transportent à deux leur Hotchkiss toute montée et prête à l'emploi selon une méthode inédite, sans doute de leur invention. Derrière eux, par bonds de quelques mètres à la fois, les pourvoyeurs les suivent avec les caisses de chargeurs. Yasreg suppose que, pour les légionnaires actuels, la Hotchkiss est une antiquité. En 1943, c'est une arme vieillie mais qui reste redoutable par sa précision et son endurance. Elle ne s'enraye pratiquement jamais. Le sable et les corps étrangers qui bloqueraient le mécanisme d'une arme plus sophistiquée se transforment en une sorte de cambouis noirâtre qui s'élimine suffisamment par les joints, pour que l'arme tire quand même. Un inconvénient majeur, pourtant, c'est que le canon est refroidi par air et qu'en cas de tir trop prolongé, on ne peut changer le tube qu'en utilisant des gants spéciaux. Yasreg ignore si ces gants étaient disponibles en l'occurrence. Telles des fourmis, la Légion s'accroche aux pentes douces qui mènent au sommet du dispositif défensif qu'il faut neutraliser. On s'approche de plus en plus, en rampant et par bonds. Les mitrailleuses italiennes ouvrent le feu, trop haut heureusement. On se planque; il y a des blessés. Les balles sifflent aux oreilles. Puis nos mortiers de 60 leur tirent dessus. Sous leur feu, l'ennemi abandonne les premières positions pour se replier vers le sommet. Le parapet de sacs de terre, là devant, est en apparence abandonné, par une échancrure dans le matelassage, un tube de mitrailleuse sort. En rampant, il faut s'approcher à bonne distance et balancer quelques grenades. Yasreg, collé au sol, distingue en avant de lui, à trois mètres, les grosses godasses hérissées de clous de Trofimoff, l'homme au fusil mitrailleur. A sa gauche, à peu près à la même hauteur que lui, se situe le poète Rocher. Ce dernier, comme Yasreg, s'est allongé sur le côté gauche, et braque son mousqueton vers le tube de l'arme automatique qui, pour le moment, ne tire pas. Au fond du décor, l'attaque progresse par la gauche; la Hotchkiss tire. Les mortiers sont en action aussi, plus haut vers le sommet à atteindre. Soudain, Trofimoff se ramasse sur lui-même comme un chat. En trois enjambées il atteint le parapet italien et s'apprête à éliminer tout ce qui se trouve derrière. Mais il n'a pas le temps de tirer, car un coup de feu part du côté italien et l'atteint en pleine figure, le tuant sur le coup. Trofimoff tournoie sur lui-même et bascule de toute sa hauteur sur la mitrailleuse qui menaçait le peloton. Les deux servants de cette arme, terrorisés, lâchent les commandes. La position est prise. On voit, pour la première fois, l'ennemi face à face. Ce sont de tout jeunes soldats, 18 ans tout au plus. Ils portent l'uniforme gris des formations fascistes. Certains en portent le poignard à la ceinture. Celui qui a tué Trofimoff est blanc comme un linge. Secoué par une crise de nerfs, il tremble de tous ses membres. Il est couvert du sang de sa victime. Ici se situe un fait qu'il vaudrait peut-être mieux passer sous silence. Pourtant, après tant d'années, il n'a plus que valeur de souvenir. Yasreg s'efforce d'être objectif et sincère. Le brigadier P ... et le chef de peloton, le maréchal des logis S... décident à voix basse de venger Trofimoff. Ils vont entraîner le jeune Italien dans un endroit isolé et l'abattre. Yasreg réagit immédiatement. Prié par le sous-officier de se mêler de ce qui le regarde, il annonce qu'il va raconter la chose au capitaine Ville. Les choses en restent là et l'Italien ira manger ses topinambours à l'arrière en digérant ses remords. Il est un fait évident : si cet homme n'avait pas abattu Trofimoff, ce dernier aurait éliminé tout ce qui se trouvait derrière le parapet. Abattre un soldat qui s'est rendu équivaut à un acte inqualifiable dans sa bassesse et sa lâcheté. Pourtant, il convient de manifester beaucoup de compréhension avant de porter un jugement. Le brigadier P... avait combattu les Italiens dans son propre pays. Sa famille avait été massacrée et ses soeurs avaient subi la soldatesque de Franco. Cela peut sans doute expliquer son attitude. Ce qui précède s'est passé en quelques minutes. Traumatisés par cette scène terrible, nous n'avions pas tout de suite remarqué que le légionnaire Rocher, le poète, était resté allongé, son mousqueton en mains. Frappé d'une balle au coeur, il n'avait pas souffert. La progression continue partout. Il s'agit de parvenir aux deux pitons sans y laisser sa peau. Les balles sifflent toujours. Pourtant le secteur droit du dispositif d'attaque ne semble pas particulièrement visé par l'adversaire. Après l'arrosage au mortier, i1 n'y a peut-être plus grand monde pour s'opposer à la progression. Derrière les parapets de sacs de sable étayés par des blocs de rocher, le canon d'une mitrailleuse est visible, pointée vers le ciel. Rien ne bouge. On peut voir par l'état des lieux que les mortiers ont fait du bon travail ici. En rampant, Yasreg s'approche et s'accote contre la rangée de sacs, haletant, épuisé. Mais ce n'est pas le moment de s'endormir sur place. Que faire maintenant ? Selon les règles, il est impératif de s'assurer qu'il n'y a aucun danger avant de s'aventurer davantage. Le seul moyen recommandé et disponible, c'est de balancer une ou deux grenades derrière le parapet et d'attendre de voir ce qui se passe. Mais Yasreg est un petit fignoleur : jeter deux grenades dans un lieu vide d'occupants ou rempli de cadavres lui semble stupide. En même temps lui apparaît la nécessité de s'assurer qu'il n'y a plus de danger pour lui et ceux qui le suivent et vont être là ses côtés dans quelques minutes. En attendant, rien ne bouge, aucun bruit; c'est le silence total derrière cette arme automatique. Adossé au parapet, notre homme se déplace latéralement en se faisant le plus petit possible. En effet, si un macaroni décide de balancer une grenade vers l'extérieur, la situation sera critique pour ce légionnaire scrupuleux et poil-de-cuteur. Yasreg dépasse finalement le tube de la mitrailleuse qui vise toujours l'étoile polaire et, prêt à, tirer, ce candidat héros jette un coup d'oeil à l'intérieur de la position. Par terre, cinq Italiens écroulés ne donnent aucun signe de vie. Sont-ils morts ? Il va falloir s'en assurer... Ils en ont l'air, il y a du sang partout. Yasreg a le choix entre deux possibilités. La première consiste à dépasser purement et simplement l'endroit et à continuer. En ce cas, il risque de se faire tirer comme un lapin par derrière et il met en danger ses camarades qui se rapprochent et vont le dépasser. La deuxième, qu'il choisit, est de faire signe à d'autres légionnaires de venir l'aider. Il se met debout et appelle par geste le compagnon le plus proche. Les Italiens ne bougent pas. Les légionnaires se concertent par geste. Le mousqueton prêt à tirer, Yasreg envoie un coup de pied dans le casque d'un des prétendus macchabées. Mais ce n'en n'est pas un car le voilà qui, terrorisé, claquant des dents et hagard, lève des yeux exorbités sur Yasreg, qui manque de s'excuser. Il fait peine à voir. Sa main gauche, charcutée par un éclat, laisse pendre le pouce qui ne tient plus que par quelques ligaments. Le malheureux perd son sang en un mince filet qui s'écoule au pied de la mitrailleuse. La position a reçu un coup direct, ou très proche. Aucun de ces Italiens n'est mort. Trois d'entre eux sont indemnes. Couverts de sang, ils sont incapables d'une réaction cohérente. Il est visible qu'ils s'attendent à être abattus sur place. Ils sont traumatisés par la propagande qu'ils ont reçue et qui les a convaincus que la Légion est constituée de gens sans aveu qui ne font pas de prisonniers. En attendant, il est urgent de soigner le type qui, tout doucement, se vide de son sang. Les bons à rien de la Légion vont quand même lui sauver la peau. Soutenu par ses compagnons de captivité, le blessé est escorté vers l'arrière. Yasreg a économisé ses deux grenades, mais il n'a plus rien pour se soigner lui-même, s'il se fait descendre. Il était le seul à posséder encore son sachet de pansement individuel. La position est emportée. Un poste chirurgical complet, avec tentes, installations et annexes, ainsi qu'un compresseur, tombe aux mains du Groupe Autonome. Dans une tente, sans doute destinée à héberger des blessés, Yasreg découvre un officier italien exsangue étendu sur un lit de campagne. La scène est à faire dresser les cheveux sur la tête mais Yasreg ne perd quand même pas le Nord. Il a repéré le pistolet Beretta du macchabée et en connait la valeur en dollars chez les Américains. L'arme n'est pas à prendre avec des pincettes, mais Yasreg en est arrivé au point où les rudiments de civilisation qui lui restent encore s'éclipsent pour faire place à l'indifférence. On nettoiera l'engin, on le passera dans son ceinturon et il fera partie de la panoplie ambulante, jusqu'à son échange contre des dollars. Et puis, cela fait bien, devant la cantonade béate... Un autre officier italien qui a eu bonne mine, c'est celui qui s'est vu gratifier par le capitaine Ville d'un solide coup de pied au cul devant tout le monde. La scène, bien visible, s'est cependant passée trop loin pour connaître ce qui s'est passé. Le macaroni doré sur tranches se prenait sans doute pour autre chose qu'il n'était : un officier prisonnier. Le "vieux" ne supportait ni la suffisance, ni la grossièreté. Ces sacrés Italiens étaient des petits gâtés par leur intendance. Leur cantine, tombée entre les mains du G.A., regorgeait de bonnes choses; celles dont Yasreg et la Légion en général avaient perdu le goût et même le souvenir. Il y avait des pâtes de fruits de toutes espèces, des cigarettes et des cigares, du tabac pour la pipe. Tout cela sans compter du pinard à gogo et des liqueurs, fantaisies inconnues jusque là. C'était manifestement autre chose que le tabac qu'on recevait gratuitement mais qu'on ne pouvait fumer, faute de papier à cigarettes. Le produit précieux qui le remplaçait, faute de mieux, avait depuis longtemps cessé de figurer sur la liste des nécessités hygiéniques qu'on associe facilement à la civilisation courante. On en était arrivé au point où le veinard qui découvrait un bout de papier journal remerciait Allah et, stupéfait de sa chance, n'en soufflait pas un mot. Et, c'est bien connu, le tabac calme les crampes d'estomac quand celui-ci est vide. Détail accessoire pour le lecteur, mais crucial pour l'auteur de ce pensum, les beaux godillots flambants neufs reçus à Oujda ont cessé d'avoir "bonne mine". Les semelles claquent du bec, de tous leurs clous. Par l'échancrure, les orteils se cachent pudiquement dans les replis odorants d'une paire de "chaussettes russes" Heureusement, les Italiens, après leur dégelée, ont abandonné un peu partout du matériel banal, mais que l'ingéniosité née de la nécessité peut utiliser à des fins imprévisibles à première vue. Précieux pour les mal chaussés, citons le fil électrique isolé qui permet des assemblages tenaces et des fixations à l'épreuve de toutes tractions. En tous cas, si Yasreg ne roule pas encore sur jantes, cela ne va plus tarder. Sur les plans de la tenue, de la propreté individuelle, de l'hygiène corporelle et de tout ce qui constitue l'attrait de se sentir libre des parasites de tout genre, la situation laisse, c'est le moins qu'on puisse dire, à désirer. Mais des petits débrouillards qui ne se dégoûtent pas facilement portent des chaussures non réglementaires. Yasreg les soupçonne d'avoir tout simplement déchaussé un Italien, un macchabée sans doute. D'autres arborent des chemises bleues et même noires. Les plus chançards ont trouvé chez ces ennemis bien nantis de quoi se laver. Les Italiens sont tous en possession de tablettes qui rendent l'eau potable. Chez nous ces fioritures n'existent pas. Comme l'eau est imbuvable, il faut bien s'en passer. Mais cette mémorable journée n'est pas encore terminée. Les dernières poches de résistance italiennes tombent les unes après les autres. Ces pauvres gens ne veulent plus se battre; ils se rendent, parfois avec leurs officiers en tête. Des files de prisonniers passent : quelques-uns cherchent à fraterniser, d'autres pleurent. Il y a des blessés. Parmi eux, bon nombre sont venus chercher dans ce coin perdu un handicap physique qui leur durera toute la vie. Pourquoi ?... Les scènes sont atroces, insupportables. Le butin est consistant : des centaines de fusils, des mitrailleuses, des grenades à main et des centaines de caisses de munitions et de matériel divers. Il y a aussi l'ambulance chirurgicale citée plus haut. Les patrouilles françaises se sont aventurées plus loin que les pitons. Partout c'est la même vision d'abandon, c'est la déroute totale. Elles n'y ont trouvé que des cadavres, qu'elles laissent sur place, et des blessés qu'elles ramènent vers l'arrière. (A suivre) LE G. A. (Groupe Autonome) du 1er R.E.C. et l'attaque du Karachoum. (1) (1) Ce texte s'inspire du récit du général Jean Compagnon, ancien du 1er R.E.C, (Tunisie) : "La Légion étrangère dans la campagne de Tunisie", paru dans la Revue Historique des Armées, numéro 1-1981 -spécial, consacré à la Légion Etrangère 1831-1981. Le G.A. a été créé à Guercif, le 5 décembre 1942. Il se composait de deux escadrons, le 1er escadron porté (celui où notre légionnaire Yasreg jouait à l'estafette), et le 2ème escadron d'autos-mitrailleuses. Les autos-mitrailleuses sont des White américaines 1921 remontées en 1941 sur des châssis de cars Chevrolet, matériel mal armé, peu blindé, totalement périmé face aux blindés modernes. Le G,A. quitte le Maroc par voie ferrée le 21 décembre et débarque à Ouled Rahmoun le 24 décembre au soir. Par la route, via Aïn Beida, Tébessa, le Kef, Maktar, Ousseltia, il arrive le 29 décembre au carrefour du Mausolée où l'escadron porté s'organise en point d'appui. A partir du 31 décembre, l'escadron d'autos-mitrailleuses patrouille journellement dans une zone mal tenue et également fréquentée par des fantassins allemands et français. Le 11 janvier, le colonel Lagarde procède à l'attaque du Karachoum et du col du Foum es Gaoufel destinée à prendre pied sur la Petite Dorsale et donner des vues sur le Sahel de Kairouan. Soigneusement préparée par des renseignements recueillis à l'aide de postes d'observation poussés en avant (pour suppléer à l'aviation absente), appuyée par deux canons de 155 mm prêtés par la division d'Alger, et rendus le soir même pour une action analogue plus au sud (image précise de la pénurie des forces françaises), l'opération est un succès. L'escadron porté Ville, disposant d'un peloton à quatre chars du 4ème R.C,A., a pour objectif le col lui-même que le I/3ème R.E.I. déborde largement par le sud pour venir occuper les crêtes du djebel Ouar tandis que, au nord, un groupement de Tabors agit de même. Déclenchée à 6 heures 30, l'attaque coiffe l'objectif à 9 h 30. Au prix de 2 tués et 3 blessés à l'escadron Ville, le bilan de l'action est de 40 tués et 200 prisonniers pour le 91ème R.I. italien (dont 6 officiers) et de 35 Allemands, 4 canons de 47 mm en bon état (qui seront très utiles les jours suivants), 4 mortiers de 81 mm, 6 mitrailleuses, 14 fusils mitrailleurs. Pour les cadres et légionnaires du 3ème R.E.I. et du 1er R.E.C. qui, nombreux, ont pris part aux douloureux combats de juin 40 en France, cette attaque réussie en dépit d'un matériel désuet, a une signification importante. C'est une "première". Retour en haut - Retour à la page des sommaires - Retour au plan du site |
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