Tome V - Fascicule 8 - octobre-décembre 1993
Jean HARLEPIN
La casemate Mougin avait un débattement latéral limité et ne pouvait tirer que dans une seule direction. Mougin étudia alors un autre système, à rotation totale, pour couvrir tous les azimuts. Ce sera la coupole cuirassée qui date de 1874-1875.
1) Construction de la maçonnerie
On dispose d'une chambre cylindrique sous la coupole (chambre voûtée). Les murs ont deux mètres d'épaisseur. Sur le dessus, une plaque de béton sert de base et contient le pivot central.
On dispose sur le coté d'une petite chambre de manoeuvre, où se trouve le treuil, qui, par un système à grosse chaîne permet la rotation de la tourelle. Une cage d'escalier latérale donne accès à la chambre à canon.
La chambre cylindrique descend jusque dans les fondations ; il faut en effet un solide maçonnerie pour supporter le poids de la tourelle.
2) Tourelle
Une charpente formée de poutres rayonnant à partir du centre forme une plateforme. Le centre pivote autour d'un axe noyé dans le béton de la dalle précitée.
Sur une couronne annulaire, sont disposés 14 montants d'une hauteur de 2 m, en fers I, reliés par des tôles.
Sur le dessus, une couronne est placée pour supporter les voussoirs.
Il y a deux portes coulissantes (service des canons). Sous la couronne inférieure, il y a un jeu de 16 galets coniques, rattachés au pivot central par des axes. Sous les galets, une circulaire de roulement est placée sur le sol.
Le poids de la charpente est de 40 tonnes.
3) Cuirasse
La charpente ci-dessus affleure le niveau extérieur du terrain ; on y a superposé un dôme, constitué de 5 voussoirs et d'une calotte. Ils sont en fonte dure et peuvent résister aux canons de l'époque. La base a un diamètre de 6 m et la flèche est de 1,30 m.
Les 5 voussoirs sont posés jointifs, et les joints sont en plomb matté. La clef centrale est de forme sphérique.
Le poids des voussoirs est de 21 tonnes par voussoir. La clef fait 11 tonnes.
Un des voussoirs comporte deux embrasures pour les deux canons.
La tourelle MOUGIN en fonte (schéma selon ROCOLLE)
4) Avant-cuirasse
Il s'agit d'une couronne annulaire en 4 segments en fonte dure (de 21 tonnes chacune), encastrée dans une collerette en béton. Son but est de protéger la base de la tourelle.
5) Manoeuvre
Le pivot fait office de piston de presse hydraulique ; une petite pompe permet d'exercer une pression sur le piston et soulève quelque peu la coupole en son centre. La pression est de 220 atm, et il reste 1/10e du poids de la coupole sur les galets.
Un treuil agit sur une chaîne métallique sans fin, qui entoure la tourelle et passe dans le treuil. Celui-ci peut être actionné par 4 ou 6 hommes ou, dans certains cas, à l'aide d'une machine à vapeur.
6) Pointage
Le tir est indirect ; les données viennent d'un observatoire séparé de la tourelle.
Le tir en azimut se fait naturellement en tournant la coupole à l'aide du treuil. Le positionnement se fait en utilisant une circulaire graduée fixe ; mais la masse de la coupole rend difficile un arrêt précis. Alors le tireur positionne une came sur la direction du tir (sur la circulaire graduée). Sur la tourelle, au droit des canons se trouve un contact électrique, lequel déclenche le tir au passage du point choisi.
Le tir en site se fait en inclinant le tube de la même façon que les canons de la casemate Mougin décrite au paragraphe précédent.
Commentaires sur les photos du plan 15 (voir Bulletin précédent)
On y voit des affûts et tubes des canons situés dans la tourelle Mougin. On distingue clairement les bras de levier du système à parallélogramme qui permet de faire osciller le tube pour réglage en hauteur. C'est pratiquement la même pièce utilisée dans les casemates et dans les tourelles (155 L De Bange).
Où y a-t-il des tourelles Mougin ?
Nous n'avons pas pu en établir une liste complète. Dans les documents, nous avons pu repérer ce qui suit :
Barbonnet ou fort Suchet à Sospel : 2 tourelles
Maubeuge : forts de Cerfontaine et de Boussois : 2 x 1 tourelle
Villey-le-Sec : 1 tourelle
Manonvillers : 2 tourelles
Frouard : 1 tourelle
Batterie de l'Éperon : 1 tourelle
NDLR : Il semble bien que nous donnions ici un renseignement erroné. Quand l'occasion se présentera, nous vérifierons sur place, mais il n'y a pas lieu de douter de nos correspondants.
Monsieur Alain Mariotte nous écrit le 8 juin 2004 : "...Néanmoins j'ai constaté une petite erreur au sujet de la batterie de l'Éperon. En effet la batterie possède bien une tourelle mais du type Galopin et non Mougin comme vous l'indiquez."
Monsieur Toussaint nous écrit le 26 août 2004 : "Dans la page consacrée à la tourelle Mougin vous indiquez qu'un exemplaire se trouve à la batterie de l'Éperon à Frouard c'est inexact c'est une tourelle à éclipse Galopin pour deux 155 longs. Par contre la place de Toul en possédait 2 autres exemplaires, un à Lucey et un à Pont-Saint-Vincent. J'en connais deux autres au fort de Longchamp à Épinal , une à Liouville (côtes de Meuse) et une à Pagny la blanche côte".
Merci à ces deux lecteurs attentifs qui témoignent de leur intérêt pour nos textes et qui ont pris la peine de nous corriger.
Hirson : 1 tourelle
Au total, il y en eut 25 exemplaires.
L'idée de la tourelle de Mougin qui, rappelons-le, datait d'avant 1885 (obus-torpille), fit son chemin.
L'idée de l'embrasure minima, née de la précision accrue de l'artillerie, fut vite dépassée, et on rechercha à soustraire cette embrasure au tir adverse.
Ce fut fait par le biais de la tourelle escamotable ou à éclipse.
Lorsque les forts furent, en partie, bétonnés, on leur adjoignit un nouvel équipement en artillerie : la tourelle escamotable. On en rencontre trois types :
1. La tourelle à éclipse système Galopin
Il s'agit d'une tourelle équipée de deux canons de 155 mm, dérivés du canon De Bange, toujours à l'honneur.
La chambre à canons est montée sur un châssis cylindrique, pouvant monter et descendre (éclipse). L'ensemble repose sur un système à balanciers avec contrepoids (double).
2. La tourelle à éclipse de 75 mm
Le principe est le même que pour la tourelle de 155, sauf qu'il n'y a qu'un seul bras de levier et un seul contrepoids. Un système à crémaillère fait basculer le bras pour provoquer la mise en batterie ou l'éclipse.
Le canon utilisé est le 75 mm (le célèbre "soixante-quinze") qui vient de voir le jour (modèle 1897).
3. La tourelle de mitrailleuse
C'est une tourelle équipée de deux mitrailleuses, et qui peut couvrir, comme les précédentes, 360°. Elle est éclipsable.
4. Les observatoires cuirassés
Citons encore les cuirassements des PO (postes d'observation). Ce sont des cloches en fonte, ou déjà en acier, montées fixes et enchâssées dans le béton.
Ce type de cloches va se développer et donner naissance à divers types selon les missions : cloches Diguoin, cloches Pamard (et GFM dans la ligne Maginot).
Tous ces cuirassements auront leur prolongement jusque dans les fortifications de 1940.
Rappelons, pour comparaison, que l'artillerie principale des forts de Meuse (Brialmont) était sous tourelles non éclipsables, avec embrasures affleurantes (Belgique).
On voit un paradoxe : les forts de Meuse sont déjà en béton, alors que les forts Séré de Rivières sont encore en maçonnerie. Par contre, l'armement final de ces derniers forts Séré refondus comporte des tourelles à éclipse plus modernes.
Il s'agit essentiellement de la défense des fossés par tir d'enfilade, à partir des caponnières.
Il y a deux choses à prévoir :
a) attaque d'infanterie avec présence de fantassins ennemis dans les fossés.
b) attaque à l'aide de moyens de franchissement (échelles, passerelles, etc.).
Pour le premier cas, on utilise le canon revolver Hotchkiss modèle 1879. Il est dérivé de la mitrailleuse américaine Gattling. Il est composé de 5 tubes en acier, tournant autour d'un axe central. L'affût est dérivé de l'affût de 7 cm de Reffye.
Par la suite, le canon revolver (arme périmée) sera remplacé par la mitrailleuse bien connue Hotchkiss.
Pour le deuxième cas, on utilise le canon de 12 culasse. Il s'agit d'une pièce d'un ancien type, en bronze, de récupération (pièce de 12 livres), modèle 1858. On l'a dotée d'un chargement par la culasse, système Lahitolle.
Ces armes étaient montées fixes et réglées pour couvrir les différents coins des fossés sans devoir viser au préalable. Le tir était ainsi rapide pour des armes chargées au préalable.
On ne peut, dans le cadre de cette étude sur les forts Séré de Rivières, omettre de mentionner un élément important dans les camps retranchés. Il s'agit de la voie de 0,60 m, connue aussi sous le nom de Decauville.
Beaucoup de camps retranchés disposaient d'un véritable réseau de chemin de fer à voie étroite, équipé de :
- locomotives à vapeur
- wagons à 2 essieux ou 2 bogies
- points d'eau
- points d'arrêt (petites gares)
Ces trains desservaient les divers forts de l'enceinte et les divers dépôts du camp retranché.
Ils transportaient les approvisionnements et même les canons, les munitions, etc.
On peut encore voir au fort de Villey-le-Sec (dans le réduit), des éléments de voie pénétrant dans les fossés. Il y a une grosse casemate équipée en dépôt de locomotives Diesel. Le fort était un terminus.
L'avantage de ce système, était qu'il comportait des éléments standards de voie étroite (60 cm), qu'il suffisait d'assembler sur un sol suffisamment affermi.
Le tracé de la voie était étudié de façon à se trouver au maximum derrière des talus pour abriter les convois des tirs ennemis.
La capacité de transport était assez importante et on retrouvera ce système de voie sur tout le front en 1914. La voie étroite rendra d'énormes services à l'arrière du front pour les transports les plus divers : hommes, approvisionnements, matériels, etc. Des canons et des mortiers étaient déplacés par ce système.
On retrouvera ce type de petit train dans les gros ouvrages de la ligne Maginot.
L'imposant travail réalisé par la France pour se doter d'une défense qu'elle croyait efficace, mérite que l'on garde en mémoire les noms de ces forts, d'autant plus que certains sont entrés dans l'Histoire.
Certains sont modestes et oubliés aujourd'hui.
Nous avons jugé utile de rassembler les noms d'un maximum de ces ouvrages, que l'on rencontre parfois au cours de périples vacanciers. Certaines associations, s'intéressant à l'archéologie militaire, tentent d'en reprendre en mains quelques-uns en vue de conservation.
Il n'y a que deux forts de cette époque, à savoir :
Fort des Dunes
Fort de la Petite Synthe
Bondues
Croix de Vallers
Duhoux
Enhemont
Enclos
Entrepôt
Épinay
Flers
Hallènes
Houplin
Jonchère
Lompret
Mons-en-Bareuil
Noyelles
Sart
Senarmont
Sainghin
Seclin
Vandeville
Vert Galant
Wambrechies
Sous forme de rideau défensif, nous avons les forts de Curgies, Flines et Maulde.
Vient ensuite le camp retranché de Maubeuge :
Asseyent
Bersillies
Bourdiau
Boussois
Cerfontaine
Fagne
Feignies
Ferrière
Grevaux
Haumont
Héronfontaine
La Salmagne
Les Sarts
Leveau
Rocq
Batterie des Ayvelles
Fort des Ayvelles
Fort d'Hirson
a) La Fère avec Vendeuil, Mayot et Liez
b) Laon avec :
Bruyère
Condé-sur-Aisne
Laniscourt
La Malmaison
Montberaut
c) Reims :
Beru
Brimont
Chenay (batterie)
Cran (batterie)
Fresnes
La Pompelle
Loivre (batterie)
Montbre
Nogent-l'Abbesse
Saint-Thierry
Witry-les-Reims
On pourrait aussi parler de la position de Paris, mais cela vaudrait une étude particulière.
On distingue :
1ère partie de Mézières et Longwy jusqu'au sud de Toul
2ème partie depuis le sud de Toul jusque Giromagny
3ème partie de Giromagny au Mont Lomont
A. Verdun : possède une citadelle et une enceinte bastionnée.
Belle Épine
Belleville
Belrupt
Bezonvaux
Bois Bourru
Chana
Charny
Choisel
De la Chaume
Derame
Dugny
Froideterre (Douaumont)
Génicourt
Hardaumont
Houdainville
La chaume
La Falouse
Landrecourt
Les Sartelles
Marre
Mont-Saint-Michel
Moulinville
Ouvrage de Thiaumont
Ouvrage de la Laufée
Regret
Rozelier
Saint-Symphorien
Souville
Tavannes
Vacherauville
Vaux
B. Entre Verdun et Toul
Camp des Romains (batteries)
Génicourt
Gironville
Jouy-sous-les-Côtes
Liouville
Paroces
Troyon
C. Toul
Blenod-lez-Toul
Brûley
Dommartin
Dongermain
Écrouves
Gondreville
Le Chanot
Lucey (+ batterie de Trondes)
Mont-Saint-Michel
Redoute de Blenot
Redoute de Chaudeney
Redoute de la Justice
Redoute de Tillot
Vieux canton
Villey-le-Sec (avec batteries)
Au sud de Toul : Bourlémont, Neufchâteau, Pagny-la-Blanche-Côte
Entre Toul et Nancy : Pont-Saint-Vincent
Nancy est une ville ouverte mais au nord, on trouve :
le fort Frouard et les batteries et redoutes d'Amance et de Malzeville.
Entre Lunéville et Blamont, on a Manonvillers (trouée de Charmes).
La deuxième région commence au fort de Dogneville qui est le plus au nord d'Épinal.
D. Épinal
Ballon de Servance
Bambois
Bois l'Abbé
Boulon (batterie)
Deyvillers
Batterie des Flèches
Girancourt (batterie)
Grande Batterie de la Haie
Fort des Monts Faucilles
La Grande Haie
La Mouche
Le Roulon
Les Adelphes
Les Arches
Les Friches
Longchamps (deux forts entourés de batteries)
Razimont
Remiremont
Sauchez
Ticha
Fortin de la Voivre
Uxegney (nord)
Entre Épinal et Belfort :
Château Lambert
Fort de Servance (dans le bas)
Parmont
Rupt (+ batteries annexes)
Enfin le fort de Giromagny (ou fort de la Tête du Milieu).
La troisième partie va de Giromagny à la frontière suisse.
E. Belfort (centre)
Belfort est une ancienne ville fortifiée depuis longtemps.
Les forts repris ci après sont toujours en service, mais sont de construction antérieure à notre période.
Nous disposons de :
Fort de la Justice
Fort Hatry
La Miotte
Fort des Basses Perches
Fort des Hautes Perches
Ces forts sont du type bastionné.
Citons encore :
Fort du Mont Bard (hauteurs de Brevilliers)
La Chaux
Mont Vaudois (Héricourt)
Roppe (+ batterie)
Rosemont ( + 2 batteries)
Salberg (N.O.) entouré de redoutes
Vezebois (ou Vezelas ?) + 3 grandes batteries au sud
À 28 km de Belfort, on trouve les hautes montagnes du mont Lomont. On y a installé un système défensif avec :
Fort du Mont Lomont
Deux grandes batteries des Roches
Deux redoutes
Cela est orienté vers la Suisse, au sud de Belfort.
F. Belfort (environs)
Nous disposons ici d'une série de noms que nous n'avons pu situer ni confirmer. Ce sont :
Bas-Bois
Bessoncourt
Bois d'Oye
Côte d'Essert
Étang Neuf
Fongerais
Grand Bois
Haut du Bois
Méricourt
Meroux
Mont Denney
Mont Rudolphe
Rondot
G. Deuxième ligne
Camp retranché de Langres
Boncille
Buzon
Cognelot
Dampierre
Diamant
de la Marnotte
de la Pointe
Montlandon
Pergny
Plesnoy
Saint-Mangel
Camp retranché de Besançon
Buizille
Chailiu
Charmont
Châtillon
Chaudanne
Fontair
Fort est de Buis
Fort ouest de Buis
Fort Neuf
Larmont
Monts Boucous
Roliand
Rosemont
Vieux Fort
Il faut encore signaler au sud de Besançon, Salins avec deux forts : Belin et Saint-André.
Ici encore, il semble y avoir "contestation". Monsieur André Guillot nous écrit le 18 février 2005 : "Passionné d'Histoire, je suis président d'une association qui travaille à la sauvegarde d'un château médiéval du Xe siècle, une ruine attachante qui demande beaucoup de soins. Mais beaucoup de choses m'intéressent dont votre sujet. Dans la partie qui me concerne plus directement j'ai trouvé d'infimes erreurs que vous pouvez aisément corriger. Je ne pense pas que le camp retranché de Besançon était en deuxième ligne, car il gardait la partie suisse de notre frontière, nous en sommes à 80 km seulement. Bref, cela ne change rien à votre exposé très complet.
Camp retranché de Besançon (vérifier l'orthographe des noms en gras) :
Bregille
Chailluz (ou de la Dame Blanche)
Charmont
Châtillon-le-Duc
Chaudanne
Fontain
Fort est des Buis
Fort ouest des Buis
Fort Neuf (de Montfaucon)
Larmont (ne fait pas partie du camp retranché de Besançon)
Montsboucons
Rolland (batterie)
Rosemont
Vieux Fort (de Montfaucon, à retirer de la liste)
À rajouter à votre liste :
Benoit
Planoise
Calvaire (batterie)
Ferme de l'Hôpital (batterie)
Pugey (batterie enterrée, en excellent état)
Pouolley-les-Vignes
Remarques sur Montfaucon que j'habite :
Le Vieux Fort est une redoute réaménagée en 1870 et qui fut rapidement dépassée par ce que l'on appelle le Fort Neuf.
Ce dernier grand classique Séré de Rivières (construit du 27 septembre 1874 à octobre 1878, pour un coût de 2.099.583 fr, y compris l'acquisition des terrains) est toujours en activité puisque l'armée y est installée avec un poste de transmission hertzien.
De plus Montfaucon possède deux batteries : Les Rattes et les Épesses ; une casemate servant de relais entre le fort et la batterie des Épesses ; des magasins à poudre sous roche.
Le fort n'a pas servi pendant les deux guerres car il a été désarmé à la suite d'une explosion survenue le 16 septembre 1906. La poudrière du fort a explosé suite à un orage violent : 9 morts, tous civils. Seuls deux étaient dans le fort (la femme et la fille de l'adjudant commandant le fort), les autres ont été tués par des projectiles.
Le fort possédait une tourelle cuirassée Mougin qui a été enlevée dès l'accident.
Nous allons commémorer le centenaire de l'explosion en 2006, et à ce titre nous préparons l'événement. Nous pensons éditer une petite plaquette pour présenter le fort et sa spécificité Séré de Rivières. Comme il est en relatif bon état (l'armée ne l'occupe que partiellement, mais interdit d'y pénétrer), seules les dégradations dues au temps sont à déplorer. Par contre il répond parfaitement à la définition du fort Séré de Rivières et on y trouve tous les ingrédients.
Pourrai-je m'inspirer de votre site pour préparer la plaquette ?"
Merci à M. Guillot qui témoigne lui aussi de son intérêt pour nos textes et qui prend la peine de nous aider à affiner nos connaissances. Puissent MM. Mariotte, Toussaint et Guillot inciter d'autres érudits de faire de même.
Camp retranché de Dijon
Asnières
Beauregard
Hauteville
Mont Afrique
de la Motte-Giron
Sainte-Appolinaire
Sennecey
Varois (ou Varais)
Cette zone couvre la frontière italienne, de Genève jusque Nice et Toulon.
a) Lyon :
Bron
Bruissin
de Champvillars
Chapoly
Corbas
Feysin
Genas
Meyzieu
Montcorin
Fort de Mont Verdun
Fort du Paillet
Saint-Génis
Saint-Priest
Vancia
b) Bourg-saint-Maurice :
Batterie de Vulmix
Courbaton
Fort de Truc
Ouvrage de la Flatte
Redoute Ruine
c) Albertville :
Batterie de l'Alpettaz
Blockhaus de Laitelet
Blockhaux des Têtes
Fort de l'Estal
Fort du Mont
Fort de Tamie
Fort de Villars
d) Chamousset - Alton :
Batterie de Plachaux
Batterie de Rochebrune
Blockhaus de Crepa
Fayatier
Fort d'Aiton
Fort de Mont Perché
Montgilbert
Sainte-Lucie
Tête Basse
e) Vallée de la Maurienne :
Fort de Replaton
Fort du Sapey
Fort de Télégraphe
f) Mont-Cenis :
Fort de la Turra de Ronce
Malamot
Patacreuse
Varicelle
g) Grenoble :
Camp de Boissat
du Bourcet
de Comboire
de Montavie
du Mûrier
des Quatre Seigneurs
Saint-Eynard
h) Briançon :
de l'Enlon
de la Lausette
Fort de l'Olive
Forts de Gondran (2)
La Croix de Bretagne
La Grande Maye
L'infernet
Le Janus
i) Ensemble fortifié de la vallée de l'Ubaye :
Batteries du Châtelard (2)
Chaudon
Batterie de Mallemort
Fort de Col Bas
Fortin de Cuguret
Fortin de Viraysse
Ouvrage de Roche Lacroix
j ) Col de Tende :
Central
La Maguerie
Fort de Giaure
Pepin
Pernante
Tabourde
k) Région de Sospel :
La Força, Mille Fourches, Fort Suchet (avec Le Barbonnet et Saint-Roch qui sont des ouvrages de la ligne Maginot)
l) Région de Nice :
Colomars
Fort de la Drète
Fort du Mont Baron
Fort de la Tête du Chien
Mont Chauve d'Aspremont
Mont Chauve de Tourette
La Revère
m) Région de Toulon :
Batteries du Mont Caume (2)
Batterie du Ban Pointu
Batterie de Carquairane
Fort de la Croix Faron
Girardon
De la Colle Noire
Fort des Six Fours
La Gavaresse
Ouvrage du Gros Cerveau
Pipaudon
À titre d'exemple, nous nous proposons de détailler quelques forts Séré de Rivières, soit qu'ils ont fait l'objet d'une visite soit qu'ils soient importants ; de plus, nous disposons d'un plan ne fût-ce qu'approximatif.
Nous considérons les forts de la région de Verdun comme connus.
Situé sur le front est, face à l'Allemagne, au nord de Nancy, il est le premier que rencontrerait un envahisseur. C'est un fort d'arrêt, en forme de carré. Le plan en montre la disposition générale.
On peut constater qu'il s'agit d'un fort typique Séré de Rivières, qui a fait l'objet d'un renforcement bétonné et d'un équipement plus moderne en artillerie.
On reconnaît les traverses abris T qui protégeaient les pièces d'artillerie initiales, lesquelles ont été supprimées (à ciel ouvert).
Il y a deux casernes : une centrale C1 qui comporte un étage, et une autre C2, située le long du fossé de gorge. Ces dernières casernes semblent conçues pour abriter une garnison importante. Les soldats logés dans la caserne C2 ont la possibilité de gagner des positions à l'extérieur du fort par une sortie de ce côté, et une rampe permettant de quitter le fossé (une guérite G surveille cet accès).
Les 4 fossés sont sous le feu de deux caponnières simples et d'une double. Les deux premières sont restées d'origine (rattachées au corps du fort) ; la caponnière double a été rejetée à la contrescarpe.
L'entrée principale, chose étrange, est située côté front (ennemi) probablement à cause de considérations locales.
Le fort possédait, à l'origine, une tourelle Mougin de 155L. Par la suite, le fort reçut des cuirassements complémentaires. À savoir : une tourelle de 2 x 75 et trois tourelles de mitrailleuses (le tout aux angles).
En complément, on ajouta des cloches PO.
À signaler, un certain nombre de guérites (légèrement protégées).
Les poudrières initiales devaient se trouver en P, mais en 1914, ces locaux étaient des citernes d'eau. Il y en avait une autre près de la tourelle Mougin.
Lors du renforcement, on a rempli les 5 casemates du deuxième étage de C1, les plus proches de la tourelle, avec de la pierraille pour assurer une meilleure résistance dans l'environnement de la coupole Mougin.
Une cour entoure complètement la caserne centrale C1. À partir de cette cour, on accède à la plupart des passages et aux galeries.
Ce fort fait partie de l'enceinte du camp retranché de Toul. Il est situé à l'est, du côté d'où viendrait l'ennemi. Cela explique peut-être qu'il est construit comme un fort d'arrêt.
Sa caractéristique propre, c'est que le fort forme avec deux batteries annexes, un ensemble fortifié qui enserre le village lui-même.
Un plan et une vue axonométrique (de Rocolle) montrent la disposition des lieux. Le fort forme réduit et est situé d'un côté du village ; de l'autre, se trouvent deux batteries, nord et sud, reliées par un redan.
Au départ, le tout était équipé de batteries à ciel ouvert, dont il reste des traces dans la batterie nord.
Lors du renforcement, les batteries ont été équipées de deux tourelles de 2 x 75, et d'une tourelle Mi. En plus, on plaça quelques PO. L'armement du réduit ne fut pas changé. Il possédait en son centre une tourelle Mougin de 155. Ses caponnières furent rejetées aux contrescarpes.
Une autre particularité du fort est qu'il formait "gare terminus" du chemin de fer à voie étroite de Toul. À l'arrière du fort, une rampe descend dans les fossés et permet l'accès des trains dans ceux-ci.
Une casemate sert de dépôt aux locomotives.
L'état actuel est celui d'un fort entretenu, car dans les mains d'une association. On le visite avec démonstration du fonctionnement des tourelles, tir, etc.
Ce fort fait partie de la ceinture de la ville de Reims.
C'est un fort classique mais de puissance modeste. Il est rectangulaire et a gardé sa configuration d'origine, car il n'a pas été renforcé.
On trouve sur le plan, la caserne avec ses satellites : cuisines à gauche et poudrière à droite.
Tout autour, on voit la batterie avec ses traverses abris.
Les caponnières sont classiques Séré de Rivières. Une particularité : il y a des coffres de part et d'autre de la courtine (entrée) pour battre les fossés de gorge.
Actuellement, le fort, fort endommagé par les combats de 1914, est devenu un musée et est visitable.
Cet ensemble fortifié, situé dans la région de Nancy, est en fait une batterie, mais tellement importante qu'elle ressemble en fait à un fort. En forme de pentagone irrégulier, elle est entourée partout par un fossé, défendu par une caponnière double de tête, une caponnière simple à gauche et deux coffres à la gorge (A, A', B et C).
La gorge est défendue par une tenaille de style ancien.
Prévue initialement comme batterie à ciel ouvert (voir 4 abris à canon en E), l'ouvrage comportait une caserne et une tourelle Mougin de 155 (F), ainsi que deux casemates Mougin (D et D').
L'ensemble a été par la suite bétonné. On remarque des PO (trois pièces en H). Il y a une poudrière en I.
Noter que la caponnière B est restée attachée au corps du fort. Par contre, la caponnière C (caponnière double située côté ennemi) a été rejetée à la contrescarpe.
Ce fort, situé près de Condé-sur-Aisne, est très caractéristique des forts Séré de Rivières, et est un gros fort. Il n'a pas fait l'objet d'un renforcement et garde donc sa situation originale.
Il est assez bien conservé, sauf quelques locaux détruits par les Allemands lors de leur retraite en 1918. Des galeries sont aussi obstruées.
On voit bien sur le plan, la caserne au centre (9), avec les locaux officiers en 12.
Le tout est entouré des traverses abris formant la ligne de tir de la batterie de canons de rempart ; celle-ci est à ciel ouvert et comporte 18 plates-formes.
Ce fort comporte deux casemates Mougin, situées en 16' et 17', déjà décrites.
Les caponnières sont :
en 3 : une caponnière double d'entrée
en 4 : une caponnière double du saillant 2
en 5 : une caponnière simple au saillant 3
L'entrée ne se fait pas par la caponnière mais par une poterne accessible par un pont franchissant le fossé (2). L'entrée est défendue par une petite redoute en terre A.
Voici quelques repères visibles sur le plan :
1. Fossé de gorge
2. Pont de l'entrée
3. Caponnière de gorge
4. Caponnière double de saillant
5. Caponnière simple de saillant
6 et 7. Cours avec accès aux saillants 1 et 4
8. Rue du rempart : cinq cours
9. Cour de la caserne
10. Galerie d'entrée
11. Escaliers à vis conduisant sur les dessus
12. Locaux officiers détruits
13. Atelier ouvriers du bois
14. Forge
15. Écuries
16. Passage
16'. Casemate Mougin
17. Galerie vers caponnière 3 de gorge
17'. Casemate Mougin
Dans ce fort, une gaine souterraine de circulation relie les diverses traverses, qui sont à étage.
Fort situé près de Dunkerque, pas loin de Bray-Dunes (exactement Leffrinckouke) ; c'est un ouvrage d'origine, non renforcé ; c'est un petit fort.
Le plan a été reconstitué après une visite sur place. Il y a une petite caserne, à étage, avec à droite, la poudrière. Le tout est entouré des classiques traverses abris. Les caponnières sont classiques aussi. Le fossé de gorge est protégé par deux coffres inclus dans le bâtiment de l'entrée. En 1914, il n'a pas combattu (situé à l'arrière du front). En 1940, des bombes de Stuka sont tombées sur l'entrée et sur un des locaux de la caserne, dont elles ont détruit deux casemates superposées.
Il faut associer à ce fort, la batterie annexe de Zuydcoote. Elle est actuellement en ruines car elle a été modifiée plusieurs fois. Au départ c'était une batterie haute, sur la caserne qui existe encore, avec sa poudrière.
Cette batterie fut transformée plusieurs fois :
- en 1940, c'était une batterie à 4 encuvements avec canons de 194 mm de côte français.
- en 1943, elle devint une batterie à 4 canons de 105 mm allemands, sous abri R 671, avec poste de tir.
Il appartient à la ceinture de Maubeuge. Il s'agit d'un petit fort de puissance limitée ; il est fort abîmé suite à l'attaque de Maubeuge en 1914.
Le fort est classique et non renforcé. Un plan approximatif (suite à une visite) montre sur la caserne, cinq traverses en D, et dont la centrale est détruite.
Les caponnières C1 et C2 sont détruites, et celles de gorge, disparues. Il s'agit d'un fort à batterie haute; la banquette de tir d'infanterie longe les fossés.
En A, se trouvent 2 encuvements en terre, et en B, un abri circulaire en béton mince avec embrasures (pour canons) ; il est recouvert d'une dalle en béton mince (?). Derrière cet abri est situé un bunker plus récent, avec deux cloches.
On retrouve de nombreuses traces des coups d'obus de 1914. Une moitié de la caserne en particulier est détruite et les ruines sont masquées par un mur.
Ce fort est donc en ruine, du moins partiellement, mais les éléments typiques de Séré de Rivières sont bien reconnaissables.
Deux autres forts de Maubeuge, Cerfontaine et Boussois, sont plus puissants et possèdent chacun, une tourelle Mougin.
Schéma type d'un fort de la période 1875-1885
Dessin représentatif d'un rempart typique, tel qu'on le voit dans les forts Séré de Rivières. On trouve le parapet avec les embrasures pour les canons, la traverse abri et un pare éclats (contre les tirs d'enfilade). Sous la traverse, la casemate, abri des canons.
- Article de Mr LECOMTE paru dans le Bulletin.
- ROCOLLE.
- Gazette des Armes.
- Matériel d'artillerie (1916).
- Annales historiques Compiègnoises.
- Études touloises, n° 42.
- Les matériels de l'artillerie française (LAVAUZELLE).
- Documentation de l'auteur.
Date de mise à jour : Vendredi 4 Décembre 2015
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