Tome III - Fascicule 9 - janvier-mars 1988
André ALEXANDRE
"Es sind keine Menschen, sondern schwarze Teufels" ("Ce ne sont pas des hommes, mais des diables noirs")
Les Allemands, lors de l'attaque de Haelen, en 1914
En 1890, le Ministre de la Guerre prit la décision de créer une section de cyclistes à l'école régimentaire de carabiniers de Wavre. Initialement, le rôle des cyclistes se bornait à un service d'estafettes.
En 1896, lors de manoeuvres dans la région de Huy, on se rendit compte que le vélo était un moyen de transport idéal pour transférer rapidement des troupes d'infanterie d'un endroit à un autre.
Aussi, deux ans plus tard, le département de la guerre décida que la quatrième compagnie de chaque bataillon serait dotée d'une section de cyclistes et ce, afin de pouvoir former des unités plus importantes au cas où il s'avérerait que ces cyclistes pourraient être utilisés comme éléments tactiques.
Le rôle des cyclistes fut donc spécifié de la façon suivante :
Quoi qu'il en soit, les autorités militaires accordèrent de plus en plus d'importance aux soldats équipés de vélos "Belgica", capables de parcourir 50 à 100 km par jour sans fatiguer leur "monture". De plus, ces vélos étaient repliables et se portaient sur le dos comme un simple havresac.
En 1911, sont créées les compagnies cyclistes. Elles sont groupées en un cinquième bataillon du régiment de Carabiniers.
Deux ans plus tard, le 15 décembre 1913, le bataillon devient autonome et se dénomme "1er bataillon de Carabiniers Cyclistes". En outre, il est rattaché à la division de cavalerie. C'est ce bataillon qui se distingua le 12 août 1914 à Haelen. La cavalerie allemande lui donna dès lors le nom de "Schwarze Teufels", ou les "Diables noirs", car les cyclistes avaient à cette époque des vêtements de combat foncés.
Un second bataillon de carabiniers cyclistes est constitué le 28 janvier 1915 et adjoint à la 2e division de cavalerie.
Une réorganisation de l'armée entraîne la dissolution des deux bataillons de "Diables Noirs" au début de 1924. En 1923, avait été formé le régiment de Chasseurs Cyclistes, issu des régiments de cavalerie dissous à ce moment.
Cette unité fut supprimée à son tour en 1926 mais donna naissance à quatre régiments de cyclistes. Le 3e et le 4e régiments Cy seront déjà dissous en 1927.
Un arrêté royal en date du 10 septembre 1930 donna aux autres le nom de "régiments de Carabiniers Cyclistes". Le 1er s'établit à Tervueren (état-major et 1er bataillon, d'expression néerlandaise) et à Laeken (2e bataillon, d'expression française). Le 2e bataillon stationne d'abord à Namur, puis va occuper les garnisons d'Eupen (état-major et 2e bataillon, d'expression allemande) et Malmédy (1er bataillon).
Les 3e et 4e régiments seront reformés en 1939 par dédoublement des deux premiers et iront occuper différents cantonnements au gré de la mobilisation.
Le 5e Carabiniers Cyclistes sera formé en 1940 en qualité de C.R.I. (centre de renfort et d'instruction) avec les recrues de 1940.
Les 1er, 2e et 3e Carabiniers Cyclistes sont reformés en mars 1951 comme bataillons d'infanterie blindée de la 16e DB.
Le 4e Cyclistes verra le jour en janvier 1952. Ces quatre unités seront stationnées en Allemagne.
Le 3 Cy revient en Belgique pour devenir unité de défense territoriale avant d'être dissous en 1970.
Atteint lui aussi par la restructuration de l'armée, le 4 Cy est dissous à Düren en 1970.
Toujours attachés aux divisions de cavalerie, puis à la division blindée, les Carabiniers Cyclistes ont conquis le droit de porter le béret noir traditionnellement réservé à la cavalerie blindée. Ils sont les seuls fantassins à l'arborer.
1. Un état-major, plus une compagnie école, plus une compagnie de canons 4,7 antichars.
Deux bataillons à deux compagnies de fusiliers cyclistes, plus une compagnie de mitrailleurs, plus une compagnie de canons 4,7 antichars tractés. Trois pelotons, plus un peloton hors rang.
2. Un peloton comprend 9 groupes de combat, plus une équipe FM, plus une équipe de fusiliers grenadiers (équipe DBT et AA).
L'armement est composé de mitrailleuses Hotchkiss 8 mm ou 13,2 mm, de fusils modèle 1935 ou 1936, de carabines 1889, de fusils-mitrailleurs modèle 1930, de pistolets GP 1935 9 mm FN ou Browning modèle 1922, 7,65 mm, de lance-grenades DBT.
La capote est très courte et arrive à mi-cuisses ; elle ressemble plus ou moins à un caban de marin.
Insigne de coiffure : une roue de vélo portée au bonnet de police et sur le bandeau de la casquette. Sur les épaules : une couronne et un chiffre régimentaire. Sur la manche, les insignes de spécialisation.
Les couleurs du col sont : écusson vert-sapin avec passepoil jonquille timbré d'une roue de vélo, bronzée pour la troupe, argentée pour les sous-officiers, dorée pour les officiers.
Description du bonnet de police : gland vert et passepoil jonquille pour la troupe ; gland argenté et passepoil jonquille pour les sous-officiers ; gland doré et large bande verte plus passepoil jonquille pour les officiers subalternes ; gland doré et double bande verte et toujours passepoil jonquille pour les officiers supérieurs.
Coiffure et veste
Hormis les casques modèles 1915 et 1930, deux autres types de casques sont portés. Les motocyclistes portent depuis 1938 un casque spécial dont la bombe est en liège avec visière et couvre-nuque assez verticaux.
La couleur en est kaki-brun. L'insigne frontal est du modèle 31. La coiffe intérieure est en cuir brun avec protège-nuque qui garantit aussi les oreilles. La jugulaire est en cuir noir.
Le poids du casque est de 600 grammes.
Ce casque était porté par une partie des équipages de T13 et T15, qui disposaient d'abord du casque modèle 20, du corps des chars de combat.
Ce personnel portait également une veste de cuir. Le premier modèle était noir et portait des boutons civils ; le second modèle était de couleur kaki-moutarde. Les pattes d'épaules étaient maintenues par de petites chevilles de bois et avaient des boutons portant le lion Belgique.
N.B. Ce modèle en version modernisée sera porté après la guerre par les MP et les ATK.
Équipement individuel
D'une manière générale, l'équipement était semblable à celui de l'infanterie.
L'exception principale était constituée par le système de cartouchières : un ceinturon Mills modèle 1908 modifié 1930, sur lequel étaient passées 4 pochettes de cartouches maintenues par des bretelles très larges et des boucles d'attache de style anglais.
La pelle était portée dans un étui de toile sur lequel la baïonnette et la gourde étaient maintenues par un jeu de pressions et de mousquetons. Lorsque le cycliste combattait sans son vélo, les sacoches étaient portées soit en musette (en sautoir), soit en havresac.
En musette : celle-ci était maintenue par des mousquetons qui se trouvaient sur le ceinturon. En havresac : grâce à une lanière dont les extrémités avaient des mousquetons et un anneau en cuivre au milieu.
En 1940, les régiments de carabiniers cyclistes disposaient d'une gamme très variée de véhicules.
1. La troupe disposait de vélos de type Bury, prévus spécialement pour l'armée belge.
Ces vélos étaient les mêmes que pour les Chasseurs ardennais et les unités de Cyclistes Frontières. Ils pèsent 17 kilos et ont un développement de 4,20 mètres. Les pneus sont de type ballon et sont prévus pour rouler aussi bien sur des routes macadamisées que sur des chemins de terre.
Les garde-boue sont très larges et enveloppent très bien les roues.
Le guidon est droit et muni de poignées en caoutchouc et d'une sonnette.
Les freins sont à tringle, de type anglais. Sur la fourche, se trouve un support qui permet de fixer une lampe à acétylène. Certains vélos sont munis d'une douille pour placer un fanion ; d'autres vélos sont munis d'un porte-bagages à l'avant, pour y placer une bobine de fil téléphonique.
À l'avant du cadre, une plaque de cuir rectangulaire percée par deux rivets qui y fixent une lanière de cuir permet d'attacher le fusil. Sur la partie arrière du cadre, à gauche, une boîte de bois ou de tôle permet de loger la crosse du fusil.
La selle possède de gros ressorts, qui assurent la suspension en terrain très accidenté.
Le porte-bagages est très large et possède des moulures sur sa surface, afin d'éviter que l'équipement ne glisse sur les côtés, des encoches permettent de passer les sangles de maintien.
Sur le garde-boue arrière sont inscrits le numéro de la compagnie et les renseignements tactiques.
L'état-major disposait de voitures Ford 1938 V8.
2. Des camions Chevrolet et Ford et des camions réquisitionnés.
Les camions requis pour le transport des mitrailleuses étaient appelés "AC MI" (auto-camion mitrailleuse). Des tracteurs Utility servaient pour tracter les pièces de 4,7.
3. Différentes motos FN et Saroléa, avec et sans side-cars.
4. Des véhicules chenillés Vickers Carden Lloyd T15 armés d'une mitrailleuse Hotchkiss 13,2 mm. Des Vickers Carden Lloyd T13 armés d'un canon de 4,7 ATK FRC (Fonderie Royale de Canons), tirant des obus de rupture ou explosifs et d'un F.M. 30, calibre 7,65.
Jacques P. Champagne (Infanterie, traditions).
Nos Forces.
L'armée belge entre les deux guerres, du Lt Gen e.r. A. Crahay.
MM. Collette, Jacob, Noël, Meunier (anciens carabiniers cyclistes).
Une petite remarque s'impose au sujet du 2 Cy. Celui-ci partagea les casernes de Malmédy et d'Eupen avec une compagnie d'unités cyclistes frontières, plus communément nommées "gardes-frontières" (UCYF)
Ces unités étaient des troupes spéciales prévues pour la destruction des ouvrages d'art proches de la frontière. Ces unités étaient indépendantes, mais étaient rattachées administrativement au 2e Carabiniers Cyclistes jusqu'à leur formation en régiment en 1937.
Le 1 Cy et le 3 Cy feront partie de la 1ère DC.
Le 2 Cy et le 4 Cy feront partie de la 2e DC.
Date de mise à jour : Mardi 3 Novembre 2015
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