Tome I - Fascicule 11 - juillet-septembre 1982
Pierre ROCOUR
"Homo homini lupus", l'homme, que sa nature pousse à vivre en société, peut être considéré comme l'animal le plus dangereux pour ses semblables.
En effet, aux nombreux antagonismes nés de la recherche égoïste du profit se superpose un besoin atavique de puissance des individus et des groupes. La loi des plus forts en résulte ou en était-elle à l'origine ?
Dès que le groupe humain a pu assurer sa survie, il s'est divisé en producteurs et non producteurs. Ces derniers, pris en charge par la collectivité, fournirent prêtres et guerriers. Les prêtres devinrent la mémoire et la conscience du groupe, les guerriers son bouclier.
Qu'il soit chasseur, pasteur ou agriculteur, l'homme s'est adapté à son environnement dont il a tracé les limites. Il en a été des territoires comme des hommes, car la liberté des uns ne s'est pas toujours arrêtée là où commençait celle des autres... Et pendant que s'exerçait la loi du plus fort, l'emprise de l'homme sur la terre s'est marquée par un signe, une fortification. Les cicatrices de l'écorce terrestre témoignent encore de l'agressivité des hommes durant leur histoire. Faire le relevé de ces cicatrices, de ces traces, nous permet de mieux comprendre certains objectifs des sociétés antérieures à la nôtre.
Que peut dès lors apporter l'étude de l'histoire et de l'archéologie militaires, dans ce domaine ? En mettant en mémoire l'ensemble des vestiges militaires d'une époque, on assure non seulement la protection d'un patrimoine collectif mais on corrige aussi une vision de l'histoire où la composante militaire de la société n'occupe pas toujours une juste place. Le domaine le plus aisé à cerner se rapporte à la fortification.
L'armée et ses structures sont à l'image du groupe social dominant. Devenue l'instrument politique d'une société, l'armée reflète un caractère offensif ou défensif et possède sa place au sein du groupe social. Cette place varie du pouvoir absolu où l'armée se confond avec les pouvoirs civils, voire religieux, au rejet dans la périphérie, où elle est considérée comme une charge intolérable mais nécessaire à la survie du groupe. L'ostracisme est parfois tel qu'il provoque un renversement de situation. À la faiblesse succède la fermeté mais aussi, parfois, la tyrannie. D'anciennes lois inappliquées, car impopulaires, sont adaptées sinon imposées. Elles peuvent se traduire, sur le terrain, par une restauration des constructions militaires.
Dès le début du VIIe millénaire avant notre ère, une muraille entoure les trois hectares sur lesquels est érigée la ville de Jéricho ! De cette ville reconstruite plus de vingt fois, subsiste une tour large de 0,50 m encore haute de 6,50 m.
Sans négliger pour autant les nombreuses forteresses qui marquent l'histoire de l'humanité, on ne peut passer sous silence celles de Mersin et de Troie en Anatolie. Cette région constitue le trait d'union entre l'Asie et l'Europe. Au gré de l'histoire, les villes naissent et se ceinturent de murailles. D'abord en Crête puis en Grèce où se manifeste la haute maîtrise des Grecs dans le choix des emplacements et l'amélioration des techniques. On doit à Jean Pierre Adam une étude approfondie de l'architecture militaire grecque, basée sur les imposants vestiges de la forteresse de Kydna en Lydie.
Au gigantisme et à l'impression de puissance observable dans les fortifications de Mycènes et de Tirynthe succède, au Ve siècle une technique plus fonctionnelle. Par souci d'efficacité, les tours carrées traditionnelles sont évidées. La tour ronde, déjà en usage à Jéricho, ou demi-circulaire se multiplie car elle répond le mieux aux nécessités de la surveillance. La ligne brisée est adoptée dans le tracé des murailles car cette disposition de l'enceinte est particulièrement avantageuse pour contrer l'action de l'ennemi. Des accès secondaires ou poternes sont astucieusement aménagés pour surprendre les assiégeants, par des sorties imprévisibles. Fenêtres et meurtrières sont percées de façon à obtenir le meilleur emploi des armes balistiques tout en protégeant leur servants.
L'architecture militaire grecque avait atteint une telle perfection qu'elle ne pourra être égalée en Occident avant la fin du Moyen-Âge. Qu'en est-il dans nos régions au moment où l'aube de la civilisation s'est levée en Orient ?
Il y a un peu plus de cinq mille ans, le pays est occupé par des gens originaires du Rhin moyen. Des représentants de la culture de Michelsberg exploitent le silex d'une façon industrielle. Spiennes, la rive gauche de la Mehaigne, la région au nord de Visé, en sont les hauts lieux. Par ailleurs, l'usage de fortifications est attesté dans le Brabant et le Hainaut où sont aménagés divers promontoires naturels. La partie la plus vulnérable des sites tels que Boisfort, Chaumont-Gistoux, Ottembourg, Spiennes et Thieusies est protégée par un ensemble de fossés et de levées de terre.
Vers 650 avant Jésus-Christ, les premières vagues celtiques atteignent notre pays. Issus de la région bavaroise, les tenants de la culture de Hallstatt connaissent l'usage du fer et s'établissent en maîtres.
À l'instar du restant de l'Europe, le sol belge est fortifié entre 550 et 350 avant Jésus-Christ. Il est tiré parti des hauteurs comme au Mont Kemmel ou au plateau d'Hastedon, près de Namur.
Il est fait usage de pierres et de poutres en bois pour ériger des remparts dont la construction est ainsi renforcée. Occupés en cas de danger, ces "oppida" développent une surface d'un à treize hectares.
Durant le troisième siècle avant notre ère, l'expansion celtique est telle que la vague issue du massif alpin recouvre presque toute l'Europe et l'Asie Mineure.
Vers le Nord, elle borde la plaine Baltique tandis que la vallée du Pô la bride vers le Sud. À l'époque de Hallstatt a succédé celle de La Tène et le nombre d'oppida s'est multiplié. Une technique nouvelle est aussi apparue, celle du "murus gallicus" décrite par César.
Les fortifications pendant la période de Helletett (± 650 à ± 450 av. J.-C.)
Venant de la région de Salzbourg et de la Bavière, des prato-Celtes envahissent le pays. Le conquérant connait l'usage du fer, il appartient à la culture de Hellstatt. Le pays est pénétré par l'est et le sud.
En Belgique, une trentaine de fortifications ont été rattachées à cette époque. Elles sont, pour la plupart, situées dans la partie sud du pays ou dans le sillon Sambre et Meuse. Peu d'entre elles ont été étudiées et d'autres restent encore à découvrir car, dans le seul Grand-Duché de Luxembourg, plus de 160 sites ont déjà été recensés...
Lors de ses campagnes menées dans notre pays, César cite divers oppida et castella (ou petits oppida). Aucune structure urbaine n'est signalée.
On note toutefois une place remarquablement fortifiée par la nature dans laquelle les Aduatiques réunissent tous leurs biens après avoir abandonné leurs oppida et castella. Deux structures paraissent comparables aux grands oppida de la Gaule. L'une couvre 200 à 300 hectares au mont Champeau à Namur et l'autre entre 100 et 120 au mont Falhise près de Huy. L'une des deux semblerait avoir été l'ultime retranchement des Aduatiques.
Sont également signalés les oppida laissés à la disposition des Nerviens et le castellum appelé "Atuatuca", situé presque au milieu du pays des Éburons dans lequel César rassemble tous ses bagages. S'agit-il de Tongres ?
Cette conquête de l'ouest européen présente, toutes proportions gardées, bien des similitudes avec d'autres opérations militaires. La quête d'un eldorado est justifiée par la pacification des autochtones que l'on a, au préalable, bien souvent opposé entre eux. Cette situation va de pair avec la mise en place de fortifications provisoires, afin d'assurer la défense des conquérants. La mainmise sur le pays est complétée par la construction de voies de communication.
Bordées d'installations militaires permanentes, des routes de plus en plus hardies quadrillent un pays vidé de ses richesses jusqu'au moment où se sera atténué le choc des cultures...
Le territoire belge doit, ainsi et assez paradoxalement, sa germanisation progressive aux Romains ! Depuis le génocide des Éburons dont César se rend coupable et dans le territoire desquels sera installée la tribu germanique des Tongres, jusqu'à la capitulation devant les Francs Saliens en route vers Paris, l'empreinte de Rome reste néanmoins profondément marquée dans le sol occidental sur lequel a été bâtie, à grands frais, une ceinture de remparts.
Vers l'est, pour se prémunir contre les Germains, le Rhin est doublé depuis son embouchure jusqu'à hauteur de Coblence par une ligne de défense. Cette ligne se greffe, à cet endroit, sur celle unissant le Rhin au Danube.
Nimègue, Xanten, Cologne et Bonn en sont les points forts. Camps et tours de guet se succèdent sur les hauteurs de la rive gauche du fleuve.
Très vulnérables, des troupes de couverture n'ont pu assurer leur mission au delà du Rhin. La forêt de Teutobourg, dans la région de Paderborn, dans laquelle Arminius attira les légions romaines pour mieux les anéantir, va devenir le symbole du nationalisme allemand.
Au début du troisième siècle, craquant de toutes parts, l'Empire romain s'est refermé sur lui-même. Ayant perdu la maîtrise de la situation, Rome recrute le cadre de ses légions dans les populations locales. S'ensuit une réorganisation de la défense d'un territoire menacé par la convoitise des uns ou soumis à l'ambition des autres.
Se succèdent ainsi troubles, guerres internes, prises de pouvoir et invasions.
Dans le nord du pays, un élément géographique ajoute encore au désarroi car la mer a envahi les terres... pour s'y maintenir durant plusieurs siècles, au cours desquels Bruges deviendra port de mer.
En 275, Francs et Vandales forcent le passage du Rhin, atteignant, en quelques jours, Paris et les Pyrénées non sans avoir mis le pays à feu et à sang.
Installées dans une région complètement ruinée, des tribus germaniques, aux moeurs des plus frustes, participent maintenant à la défense de l'héritage romain.
En conséquence, au système défensif linéaire s'est substitué un plan défensif en profondeur. Face à l'est, la partie nord du secteur occidental est axée sur la route unissant Boulogne à Cologne, défendue par une redoutable tête de pont.
Fortifications et relais assurent la sécurité de cette artère vitale. Le passage de la Meuse à Maastricht est commandé par un fortin. Tongres, dont l'enceinte a été ramenée de 4.544 à 2.680 mètres, assure l'appui logistique de base. Tournai, accrochée à l'Escaut, fabrique les uniformes tandis que le ravitaillement en blé est à présent assuré à partir de l'Angleterre. Bavay, une ancienne ville ouverte, est aménagée en place forte où sont concentrés divers services administratifs.
À la désaffectation des sites constatée au nord de la Meuse, se combine une reprise de vigueur des localités bordant le fleuve. Herstal, Amay, Huy, Namur se développent, tandis que dans le sud du pays se fait sentir le rayonnement de Trèves, devenue capital des Gaules. Le castellum d'Arlon est à remarquer.
Dans le Nord, la protection est assurée par une série de défenses côtières situées, les unes sur le continent entre Boulogne et Oudenburg, les autres en Angleterre en bordure du Norfolk, du Suffolk et du Kent. La fortification de Porchester reste encore particulièrement éloquente.
Il en est de même du rempart d'Hadrien, construit vers 130 pour doubler la muraille, érigée plus au nord, reliant le "Firth of Clyde" au "Firth of Forth". Cet ouvrage titanesque ne résistera toutefois pas aux assauts répétés des barbares.
En Angleterre comme sur le continent, la domination romaine cesse dès le début du cinquième siècle.
L'archéologie et, dans une moindre mesure, l'histoire deviennent maintenant muettes. Un voile, à peine entrouvert sous le règne de Charlemagne, recouvre en effet près de cinq siècles de l'histoire des hommes en Occident.
Dans un monde divisé, l'autodéfense est devenue la règle ; mais que survienne un péril commun et aussitôt se nouent les alliances pour le conjurer.
Qu'en est-il des structures défensives établies pour contrer les incursions répétées des Normands, dans le cours du IXe siècle ?
Tours et enceintes sont apparues d'abord pour dissuader... ensuite pour dominer. En aménageant une élévation naturelle du terrain, on impose à l'ennemi potentiel une contrainte supplémentaire tout en améliorant sa vision du pays par rapport au commun. Ce souci de s'élever est passé du plan physique au plan psychologique. La tour, la "haulteur" devient le symbole de la puissance et de l'autorité et participe à la gloire de l'individu ou de son groupe. Réduite à l'échelle d'un monument, d'une colonne, la tour devient la marque de la liberté et de l'indépendance.
La tour se mue aussi en château et, transposée dans le monde contemporain, elle devient le produit du subconscient, du rêve... sinon celui de la mégalomanie humaine.
Revenons aux origines ! Vraisemblablement aux invasions normandes consécutives au démantèlement de l'empire carolingien. Transplantée de Pologne et d'Allemagne, une élévation artificielle, la "motte" constitue le reflet de la structure féodale. Il s'agit d'un cône élevé au moyen des terres provenant du fossé qui l'entoure. Au sommet, qui est aplani, est élevée une enceinte en bois ou en pierre. La plus ancienne représentation de cette construction figure sur la célèbre tapisserie de Bayeux, confectionnée par la reine Mathilde après la non moins célèbre bataille de Hastings. La motte, surmontée d'une palissade, figure sous le mot CEASTRA.
Devenue castrum ou castellum, la motte sert de résidence au seigneur et de refuge à la population. Font ainsi leur apparition les notions de burg, donjon ou de vorburg, basse-cour. Cette évolution apparaît bien clairement dans un site de Rhénanie, le "Husterknopp" près de Grevenbroich.
Le donjon le plus ancien semble être celui de Langeais, bâti sur un plan rectangulaire. Tout comme en Grèce, le rez-de-chaussée est aveugle et l'accès se fait par l'étage au moyen d'une échelle amovible.
Apparaît ensuite la chemise ou enceinte que l'on constitue parfois en remployant les blocs de pierre de l'époque romaine.
Offrant moins de prise au bélier et aux boulets, le donjon circulaire est redécouvert. Les traités de Vitruve et de Végèce, datant des premier et quatrième siècles, sont remis en honneur, ce qui vaut l'apparition des donjons flanqués de tourelles. Il est innové en 1160 quand sont pratiqués des créneaux verticaux ou mâchicoulis. Ces ouvertures permettent de surveiller et de battre le pied des murailles. Gisors et Château Gaillard constituent au XIIe siècle, l'aboutissement des efforts entrepris par l'étude des classiques latins.
Il est innové en adoptant le plan octogonal dans la construction du donjon et en insérant des poutres de bois dans le blocage. Par ailleurs, le dispositif à l'entrée est tel qu'il rend impossible une entrée en masse.
Les XIIIe et XIVe siècles sont marqués par l'amélioration de l'habitat du seigneur. Ce sont ces constructions qui serviront de modèle au style "troubadour", si prisé avant la Première Guerre mondiale. L'amour du gothique a, en effet, poussé à toutes les extravagances. C'est l'époque où sont construits et restaurés Neuschwanstein imaginé par Louis II de Bavière, le Haut-Koenigsbourg voulu par Guillaume II, Pierrefonds étudié pour Napoléon III et combien d'autres réalisations...
Le XIe siècle marque aussi l'apparition des enceintes urbaines. La forme circulaire semble d'abord adoptée pendant trois siècles. Il y a cependant une résurgence du passé romain, lorsque le quadrillage des rues impose un plan orthogonal. Les autres hypothèses ne sont guère satisfaisantes, car la croissance de la ville se fait en fonction des terrains disponibles, souvent bien malaisés à fortifier. D'autres problèmes restent à résoudre quand se greffent les unes sur les autres les enceintes urbaines et castrales.
Certaines agglomérations se développent à partir d'établissements castraux ou religieux, déjà fortifiés. Il en résulte une économie pour la communauté urbaine, si ces bâtiments font partie de l'enceinte.
La sécurité dés habitants est assurée en contrôlant les accès de la ville. Lépreux, estropiés sont indésirables... Les portes permettent un contrôle mais aussi la perception de taxes. Favorisée par le commerce et devenue un point de convergence des forces vives de la région, la ville se développe sans que puisse être toujours résolu le problème de sa défense.
Aux guerres dues à la rivalité des seigneurs, telle celle illustrée par la tapisserie de Bayeux s'ajoutent maintenant les conflits engageant des villes. Aux affrontements en plaine se substituent le plus souvent des guerres de siège. La bataille de Rosebeke, en 1382, illustre un conflit entre les villes et le prince. Un demi siècle plus tard, Paris, assiégé ne peut être conquis par Jeanne pour son Roi. L'introduction de l'artillerie modifie bientôt la conception des guerres, car de plus en plus inefficaces, les murailles tombent les unes après les autres.
La guerre est devenue affaire de Roi. À défaut de solution diplomatique, l'unification d'un pays se réalise maintenant au son du canon. Isolés, certains lieux continuent à se fortifier. Fermes et châteaux tendent à se soustraire aux vues en s'établissant à l'écart des routes et des plis du terrain afin d'échapper aux excès des armées en mouvement. Certaines réalisations des siècles passés gardent toute leur valeur. Il en est ainsi de l'église fortifiée d'Hunawihr en Alsace.
L'église fait office de donjon et le mur du cimetière tient lieu de rempart. L'enceinte est non seulement flanquée par six bastions mais son entrée est défendue par une tour.
Sous Louis XIV, la guerre est devenue une science mais aussi un art. S'il y a une poliorcétique ou manière de s'emparer des places, il y a aussi une façon de les défendre : art dans lequel excellera Vauban.
La stratégie du XVIIe siècle est dominée par la personnalité du commissaire général aux fortifications du roi de France. Organisant la frontière, il fit exécuter des plans qu'il avait conçus pour près de trois cents places. Berghes est l'une d'elles. Des villes telles que Charleroi, Philippeville et Mariembourg se développent alors de l'autre côté de la frontière. Ailleurs subsistent toutefois les enceintes antérieures, mais elles sont doublées de vastes surfaces où sont assemblés bastions, courtines et autres dispositions permettant le flanquement. La profondeur du système défensif est étudiée de telle sorte que le centre urbain échappe à la portée de l'artillerie ennemie. La guerre est devenue affaire de technique.
À l'âge des places succède celui des forts, que les puissances imposent après la bataille de Waterloo.
Nieuport, Ypres, Menin, Tournai, Ath, Mons, Charleroi, Namur, Dinant, Huy, Liège et Maastricht constituent une première ligne dressée contre la France. Mariembourg et Philippeville en sont les postes avancés, la forteresse de Luxembourg, réputée imprenable, barre les accès dans le sud. Tendue entre Ostende, Gand et Anvers, une deuxième ligne doit se poursuivre vers la Meuse. Diest est fortifié.
Un dernier cordon de places fortes est aménagé en Hollande. Élevée à grands frais, cette triple barrière n'aura jamais servi.
S'ensuit une période où arme à feu et bouclier sont en compétition. Le canon rayé a remplacé le canon lisse, ce qui augmente la portée et la précision des armes. À la fortification continue se substitue un dispositif en profondeur et discontinu, obligeant l'ennemi à s'écarter des zones protégées. L'ampleur des guerres devient toutefois telle que l'âge des forts est devenu celui des positions, tandis que s'enterrent hommes et matériels. Ligne Maginot, ligne Siegfried, mur de l'Atlantique sont les résurgences d'un passé où l'homme a essayé en vain de se protéger contre ses semblables.
Jusqu'il y a peu, la voie des invasions avait été celle où l'homme, juché sur son cheval, voyait s'ouvrir devant lui de riches terres à blé et de verts pâturages. Devant l'agressivité de l'envahisseur, les verrous placés aux accès sautèrent presque tous.
Malgré les contraintes techniques, la liberté de mouvement s'est accrue avec le cheval vapeur et la plupart des barrages furent forcés par le conquérant, grâce à son esprit de décision.
En effet, tout système défensif est illusoire s'il n'est pas doublé par la volonté de résister et celle de vaincre.
À présent, sur un plan très général, la guerre de mouvement a fait place à une guerre presque statique où se confrontent des idées. À la conquête d'un territoire s'est substituée celle des esprits. Peut-on espérer que la barrière spatiale actuelle derrière laquelle se retranche l'Occident, ne soit que le complément d'une ligne plus ferme et infranchissable, née de la rencontre du droit et de la justice. L'avenir de nos enfants en est le prix.
Date de mise à jour : Samedi 19 Décembre 2015
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