Histoire de l'Aie 1/4

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REGARD SUR L'HISTOIRE DE L'ARTILLERIE 1/4

Joseph THONUS

PREFACE

"Quelle belle chose que la guerre ! Comme on aime son camarade d'armes ! Lorsqu'on sent que l'on sert une juste querelle et que l'on est en forme au combat, les larmes nous en viennent aux yeux ... De tout cela naît une délectation telle que ceux qui n'y ont pas goûté ne peuvent s'en faire une idée." "Vous croyez sans doute qu'un homme y craint la mort. Il n'en est rien. Il se sent si fort, si exalté qu'il ne sait plus où il est. En vérité, il n'a peur de rien."

Ainsi s'exprimait "JEAN de BUEIL" qui servit sous les ordres de JEANNE d'ARC au XVe siècle.

Voilà certes une citation qui souligne sans ambages la leçon que nous a donné jusqu'à présent l'art majeur de la guerre qu'est l'armement. Ce fait, qui de nos jours, suscite un sentiment si désagréable, était cependant autrefois ouvertement accepté.

Depuis la massue de l'homme des cavernes, en passant par le feu grégeois, jusqu'aux fusées balistiques intercontinentales, fasciné par le pouvoir, l'homme a toujours chéri la guerre et les armes, si fort qu'il y a mis le meilleur de lui-même.

On a dépensé de telles sommes de science pour le développement et le raffinement des armes, qu'on se trouve aujourd'hui devant un danger sans précédent. Notre pouvoir actuel de destruction est si grand que nous n'osons nous en servir; aussi nos hommes d'Etat et nos stratèges ne peuvent-ils maintenant penser qu'en termes de guerres "limitées".

Aussi, si durant la guerre civile américaine, le Général SHERMAN pouvait dire : "Le but qui légitime la guerre est d'atteindre à une paix plus parfaite", fasse le ciel que dans l'avenir une "nouvelle quête de paix plus absolue" n'entraîne un jour les sombres pouvoirs de la destruction libérés par la science, et n'engloutissent toute l'humanité dans une ruine voulue ou accidentelle.

LE POUVOIR DES ARMES

En principe, l'histoire de l'armement va de pair avec l'histoire de la guerre, car, à travers les âges, les armes ont été d'abord à son service et ont toujours fasciné le genre humain.

En retracer l'historique serait aussi en parcourir le palpitant récit de l'ascension et de la chute des empires et de la vie de ces hommes inoubliables que furent Alexandre le Grand, Jules César, Napoléon ...

C'est l'histoire des grandes forces de l'Histoire, et aussi des pressions économiques, des ambitions pour conquérir le pouvoir et s'en emparer, les transformations des structures sociales, les révolutions dans la technique. En synthèse, un vaste, un bouleversant panorama des activités humaines, de ses inventions, ses ambitions, l'aventure, les hauts-faits. L'influence de l'armement sur l'histoire du monde fut primordiale.

Rome a conquis son empire par la gloire et l'a perdu par la faute d'archers montés. Les Chevaliers ont dominé l'Europe féodale en lui imposant leurs propres conceptions de la vie et de l'art de la guerre, jusqu'à ce que ces conceptions soient démodées et anéanties par les archers anglais, et par l'invention des armes à feu et de l'artillerie.

AVANT LES ARMES A FEU

Science neuve fournissant des armes susceptibles d'organiser la guerre, l'art de travailler le métal fut le bond dans la technique qui assura l'essor de la civilisation.

L'épée, l'arc, la hache, la lance furent les principales armes de guerre pendant des milliers d'années.

Au Moyen Age, l'Europe était fragmentée en d'innombrables petits fiefs, tous liés les uns aux autres par la politique féodale d'un prêté pour un rendu et formant de menus royaumes. Nulle terre sans seigneur, nul seigneur sans terre, tel était le principe même de la féodalité.

Le seigneur d'un lieu assurait la sécurité de ses habitants, lui-même confiant le soin de sa propre sécurité à un duc ou à un comte, qui, en contrepartie de prestations de nature militaire, lui laissait la suzeraineté de ses terres ou de son fief.

L'Eglise dont les biens devenaient des citadelles aussi bien temporelles que spirituelles, jouait sa part active, et, à la fin du Xe siècle, possédait un cinquième des terres de France et d'Angleterre, près d'un tiers de celles de l'Allemagne. Le Roi, quant à lui, ne jouissait que de la seule prérogative de se trouver au sommet de la pyramide.

Après avoir brisé la dernière résistance de l'infanterie, la chevalerie domine pendant plus de trois cents ans la guerre occidentale, Méprisant le fantassin, et tout armement qui n'était pas le sien, le Chevalier regardant la vie du haut de sa monture, avait une superbe redoutable.

Ce devait être un spectacle magnifique que de voir ce fier combattant bardé de 50 à 80 livres d'acier, montant son puissant et massif destrier, son imposante et redoutable lance au repos, son épée à deux mains pendant à son côté, ses écuyers à sa suite !

Etre Chevalier était synonyme de richesse car l'équipement représentait à l'époque une petite fortune; aussi, seul un gros propriétaire terrien pouvait-il s'offrir le luxe de se vêtir d'acier de la tête aux pieds, et d'entretenir une telle monture et une armée de vassaux. Et cependant, s'il était un farouche combattant, le Chevalier était un piètre soldat et l'impression de puissance qu'il inspirait était sans proportion avec sa valeur "militaire".

De plus, la hiérarchie de commandement de l'armée médiévale était directement liée au rang social et non à la compétence. Aucune notion de stratégie ou de tactique n'existait.

Attaquant en groupes épars, les chevaliers provoquaient ensuite l'adversaire en combat singulier, dans l'espoir de le faire prisonnier et d'en réclamer une rançon.

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Après avoir vu son épanouissement, les faiblesses de l'armée féodale d'Europe furent mises en évidence pendant les Croisades, bien qu'à ce moment ils disposèrent de la seule invention militaire réellement valable, l'arbalète, arme d'une efficacité telle qu'elle fut interdite par l'Eglise, sauf contre les "Infidèles".

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Arbalète à cric (± 60 cm)

Arbalète à tour. A trois roues et un point fixe (pivot)

Et pourtant, la Chevalerie, ayant survécu à la pique et à l'arc, opposa une résistance obstinée à une nouvelle menace, la plus dangereuse jusqu'alors, celle des armes à feu.

L'APPARITION DES ARMES A FEU

Face à ce nouveau danger, au XVe siècle, le Chevalier abandonna la cotte de maille pour l'armure à plates.

L'on vit apparaître les meilleures et les plus belles armures, qui furent exportées dans toute l'Europe. Mais si les armuriers poussèrent le raffinement à l'extrême au début du XVIe siècle, le déclin s'ensuivit rapidement car les chevaliers ne pouvaient tenir indéfiniment.

Leurs places fortes étant déjà tombées, ils étaient plus ou moins sans défense devant le Roi, disposant d'une artillerie et de troupes professionnelles.

Au Moyen Age, le château fort avec ses donjons, ses herses, ses mâchicoulis, ses réduits, était devenu très puissant. Il était difficile de le prendre, malgré des sièges prolongés.

Après l'investissement, il fallait passer à l'attaque des remparts : bombardement avec des mangonneaux, des balistes, des trébuchets, utilisation de tourelles mobiles, de béliers, pour forcer et escalader les remparts. Ensuite les combats se poursuivaient de donjon à donjon.

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Quelques engins pour l'attaque des remparts

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Le scorpion (reproduction d'un cuivre de 1583).

Capable de lancer des boulets ronds, incendiaires, et des traits lourds de toutes sortes.

Ce monstre était destiné à envoyer sur la ville assiégée des boulets incendiaires comme de lourdes pierres.

Bien que l'artillerie eût beaucoup progressé dès le XVIe siècle, on construisait encore des engins aussi primitifs que celui-là.

Deux engins de siège

L'apparition de l'artillerie bouleversa tout cela. Alors qu'auparavant, un siège d'environ un an s'avérait nécessaire pour prendre une seule place forte, en 1449, CHARLES VIII en prit soixante aux Anglais en Normandie.

Jeanne d'Arc a dressé le siège d'ORLEANS avec l'appui de l'artillerie. Le siège de CONSTANTINOPLE, en 1453, vit le premier bombardement organisé de l'histoire. Pendant quarante jours, une douzaine d'énormes canons auxquels s'ajoutèrent cinquante-six autres plus petits, lancèrent des pierres dont les plus grosses pesaient des centaines de livres.

Enfin, ce fut en 1492, qu'à GRENADE, le dernier bastion musulman en Espagne se rendit à l'artillerie de la Reine ISABELLE.

Acculé par ces progrès, le Chevalier se retirait dans un monde chimérique de haute courtoisie et de tournois. Après avoir vu son épanouissement, la chevalerie dégénère en frivolités; c'est le moment de l'amour courtois et des fades romances. Agonisant dans la réalité, la chevalerie s'exalte artificiellement.

Un aspect de la vie chevaleresque était représenté par le tournoi, qui, bien qu'un jeu brutal et sanglant à l'origine, était devenu un spectacle rituel et raffiné se déroulant dans des arènes pavoisées, sous l'oeil admirateur des dames. Il se prolongea jusqu'au XVIe siècle et contribua à donner au Chevalier le sentiment de son importance;

Tandis que les chevaliers s'adonnaient à leurs jeux, les guerres étaient de plus en plus livrées par des soldats professionnels, non seulement par les piquiers mercenaires suisses, mais aussi par les lansquenets et les condottieri italiens.

La philosophie militaire change : si la fraude est odieuse en toute affaire, elle devient digne d'éloges et glorieuse dans les opérations guerrières. En raison de l'usage de plus en plus fréquent de la poudre, la guerre avait perdu tout vestige d'idéalisme et de chevalerie, et devenait une science.

Les guerres d'Italie, qui, de 1494 à 1525, opposèrent les Français aux HABSBOURG, furent de véritables terrains d'essai où se mêlaient ancienne et nouvelle techniques. RAVENNE fut le premier succès concluant de l'artillerie (1512).

A MARIGNAN, en 1515, l'artillerie de FRANCOIS Ier ouvrit des brèches dans les phalanges suisses, mais seulement afin d'y faire pénétrer les charges de sa cavalerie médiévale. Quoique la pique ait survécu bien des années encore, les formations suisses eurent beaucoup à souffrir de l'artillerie qui mit fin au mythe de leur invincibilité.

Toutefois le changement le plus important résidait dans l'emploi de soldats professionnels et d'armes à feu. Le chevalier avait pratiquement disparu de la scène.

L'artillerie avait réduit tant de places fortes qu'il fallut en venir à un nouveau type de fortification susceptible de résister à l'assaut du canon. Ainsi apparurent les douves, les terrassements et les créneaux, munis à leur tour de canons. Enfin le mousquet, arquebuse améliorée, fit de grands dégâts parmi les Suisses.

De plusieurs manières, les guerres d'Italie, comme la Renaissance, marquent la fin du Moyen Age et l'aube d'une ère nouvelle.

Désormais l'histoire de l'armement sera celle des armes à feu.

Cette "nouveauté", offrant une possibilité de destruction quasi systématisée, l'homme d'Occident déplore très vite le pouvoir de la poudre, cette "invention maudite !", "ignoble instrument de mort !", s'écriait l'ARIOSTE. "Quant à l'arquebuse, c'est l'invention du démon pour nous livrer au meurtre".

L'origine des armes à feu est obscure. Les Chinois semblent avoir possédé la poudre dès le XIe siècle. Au XIIe siècle, les Arabes l'introduisaient en Occident, avec, semble-t-il, le premier et rudimentaire canon.

Les premiers canons étaient les "POTS DE FEU", baquets de fonte chargés de poudre et de pierres, mis à feu par un trou à la base; ils donnèrent naissance à la forme familière des cylindres de laiton ou de cuivre, puis de fer.

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En 1346, à CRECY, les canons intervinrent au siège de CALAIS.

"Le Seigneur et la douce Vierge Marie en soient loués, ils ne blessèrent ni homme ni femme, ni enfant".

La première génération de canons sema l'épouvante, la deuxième démantela les châteaux forts et remparts, la troisième faucha les files d'infanterie. Cette gradation dans l'efficacité fut parallèle aux modifications de la vie sociale et de l'architecture, les châteaux forts furent abandonnés, les féodaux devinrent les courtisans des rois et des empereurs.

Durant des siècles, le canon fut le dernier argument du pouvoir.

S'il n'en est plus de même de nos jours et si l'artillerie ne tient plus la même place dans l'arsenal des grandes puissances, elle s'est profondément modifiée avec l'évolution des techniques qui elles-mêmes ont sensiblement progressé, grâce aux exigences des artilleurs.

C'est la raison pour laquelle l'histoire de l'artillerie est aussi, par un certain biais, l'histoire de notre civilisation industrielle.

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Pièce d'artillerie de la fin du XVIe siècle avec attelage, pionniers et servants.

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MONUMENTS A LA MEMOIRE DU BATAILLON COREE

Gilbert SPOIDEN

Le 25 juin 1950, les communistes de la COREE du NORD attaquent la COREE du SUD et balayent les forces US du général WALKER.

L'ONU condamne l'agression et elle met une force expéditionnaire internationale à la disposition des défenseurs.

La Belgique crée, en août 1950, un bataillon d'infanterie fort de quelque 1.000 hommes. Quelques volontaires grands ducaux en font partie.

Le Corps de Volontaires pour la COREE (CVC) quitte ANVERS le 18 décembre 1950, à bord du bâtiment KAMINA et débarque à PUSAN le 31 janvier 1951. "Les Bérets bruns belges" sont placés sous la haute autorité du général Douglas MAC ARTHUR, commandant en chef des opérations et affectés à la 3e Div US. Ils sont conduits par le lieutenant-colonel A. CRAHAY (*).

(*) On peut lire, du Lieutenant Général er CRAHAY : "Les Belges en Corée - Historique du bataillon belge dans la guerre de Corée", Ed. La Renaissance du Livre, 1966 (épuisé), ainsi que "Les bérets bruns en Corée", Ed. J.-M. Collet, 1985 (livre de poche).

Dans un premier temps, ils mènent des actions de guérilla dans la région de WAEGWAN, puis, à côté de la 29e brigade britannique, ils participent aux durs combats de l'IMJIN et de l'HANTAN-GANE face à la 63e Armée chinoise, avant de se retirer en bon ordre.

Le major MOREAU de MELEN, qui fut Ministre de la Justice (1948) et Ministre de la Défense Nationale (1950) et dont nous saluons la mémoire car il nous a quitté l'an dernier, victime d'une crise cardiaque au moment même où il rendait hommage en l'église Saint-Jacques à Liège au doyen RENSON nommé chanoine de la cathédrale, s'y illustra particulièrement à la tête d'une petite unité de chars du 7 Rgt US, le 23 avril 1951, et lors du passage de l'IMJIN le 4 août 1951.

L'armistice ne fut signé que le 27 juillet 1953 à PAN MUN JOM. Jusqu'à cette date, les combats furent intenses.

Le CVC, se conduisit vaillamment à "BROKEN ARROW" en octobre 1951 et à KOJAKKOL (fin 1951).

En février 1952, le lieutenant-colonel VIVARIO prend le commandement du bataillon. Les missions dévolues à celui-ci en alternent en montées en ligne et missions de réserve. Rondes, patrouilles de reconnaissance et patrouilles de combat sont au menu quotidien.

Un an plus tard, c'est le lieutenant-colonel GATHY qui assure le commandement, lors de violents accrochages sur la position de CHATKOL.

Après le cessez-le-feu, le CVC remplit un rôle humanitaire d'aide aux populations et les derniers éléments ne rentreront au pays qu'en juin 1955. 3.587 Bérets bruns se portèrent volontaires pour la guerre de COREE. Parmi eux, il y avait 69 commandos brevetés. Le bataillon a déploré 105 morts et disparus ainsi que plusieurs centaines de blessés.

Pour rappeler aux générations futures que des volontaires belges sont allés combattre en Extrême-Orient pour éviter que cette guerre de COREE n'engendre un troisième conflit mondial et que le sang qu'ils y ont versé le fut pour la noble cause de la Paix, divers monuments ont été érigés dans les différentes provinces.

Ce sont :

  1. le Monument national à WOLUWE-SAINT-PIERRE, square de COREE,

  2. le Mémorial du 40e anniversaire du départ des premiers volontaires d'ANVERS, le 13 décembre 1950, à bord du KAMINA, quai n° 24,

  3. le Monument de CHAUDFONTAINE, près du Syndicat d'Initiative,

  4. le Monument de LEOPOLDSBURG, garnison où fut créé et entraîné le bataillon en 1950,

  5. le Monument d'ATTERT/ARLON,

  6. le Monument sur l'esplanade du Centre d'Instruction Commando à MARCHE-LES-DAMES, qui assura en 1950 l'instruction des futurs Bérets bruns,

  7. le Monument de SINT-NIKLAAS, dans le parc de la ville,

  8. le Monument de DIXMUIDE (Grauwe Broederstraat),

  9. le Monument érigé à la mémoire du général-médecin Comte Albert GUERISSE, médecin du Bataillon COREE en 1950/1952, à SAINT-HUBERT, sa ville natale.

  10. la section du HAINAUT de la Fraternelle du Corps des Volontaires pour la COREE met tout en oeuvre pour réunir les fonds nécessaires pour implanter un monument sur le site du SHAPE à CASTEAU, à proximité de la chapelle où chaque année est célébrée la mémoire des disparus du Régiment (compte n° 271-0363321-88 de ASBL FCVC - Section HAINAUT, rue Belle Hélène, 20, 7110 BOUSSOIT. Mentionner "Souscription Monument HAINAUT).

D'autres hommages à des Volontaires belges en COREE sont fréquemment rendus, comme en 1992 à l'Athénée Royal d'ARLON où, à la demande de la Fraternelle des Volontaires belges en COREE, une plaque rappelant le souvenir de Roger CORNETTE a été scellée sur le mémorial aux morts des anciens élèves, victimes des guerres 1914-1918 et 1940-1945. La cérémonie d'inauguration eut lieu lors de l'assemblée générale des anciens élèves, en présence de nombreux anciens du bataillon belge de COREE conduits par leurs présidents, national et provincial, et des délégations avec drapeaux des diverses associations patriotiques arlonaises. Avant le dépôt de gerbes, le Président de l'Association Royale des Anciens Elèves de l'Athénée d'ARLON, Monsieur A. ENSCH évoqua la mémoire de Roger CORNETTE, tué lors de la bataille de l'IMJIN, le 23 avril 1951, alors qu'il combattait dans les rangs des troupes des NATIONS UNIES.

CITATION

Le Bataillon Belge et le Corps de Volontaires Luxembourgeois pour la Corée (Détachement) des Forces des Nations Unies en Corée sont cités pour accomplissement exceptionnel de leurs missions et pour leur héroïsme remarquable dans leur action contre l'ennemi sur l'Imjin, près de Hantangang, en Corée, pendant la période du 20 au 26 avril 1951. Le Bataillon Belge et le Détachement Luxembourgeois ont infligé à l'ennemi des pertes trente fois supérieures aux leurs par leur action agressive et courageuse contre les Communistes chinois. Pendant cette période, des forces ennemies considérables, appuyées par le feu de mitrailleuses, de mortiers et d'artillerie, menèrent des assauts furieux et répétés contre les positions du Bataillon Belge et du Détachement Luxembourgeois, mais ceux-ci repoussèrent vaillamment et continuellement ces attaques fanatiques en infligeant des pertes considérables aux troupes ennemies. Lorsque les Communistes chinois parvinrent à occuper des positions menaçant les lignes de communication amies, les Belges et les Luxembourgeois lancèrent avec intrépidité des contre-attaques à la baïonnette. L'ennemi, surpris par la hardiesse de ces attaques, fut désorganisé et reflua en désordre. Sur ordre de l'autorité supérieure, le Bataillon Belge et le Détachement Luxembourgeois se replièrent finalement, évacuèrent leurs blessés, furent réapprovisionnés et demandèrent alors à être remis en ligne. Dès qu'ils furent remontés en ligne, des hordes d'infanterie et de cavalerie furent aperçues se déplaçant vers le Sud. Quand l'ennemi se fut suffisamment approché, les forces amies amenèrent sur lui un barrage écrasant de mortiers, avec un résultat si dévastateur que le secteur fut jonché de tués. Les Communistes chinois continuant à faire avancer un nombre sans cesse accru de troupes, les Belges et les Luxembourgeois livrèrent avec intrépidité et succès des combats retardateurs qui permirent le retrait méthodique des unités voisines avec un minimum de pertes en hommes et en matériel. Le Bataillon Belge et le Détachement Luxembourgeois déployèrent tant de bravoure, de résolution et d'esprit de corps en accomplissant leurs missions dans des circonstances extrêmement difficiles et hasardeuses qu'ils doivent être placés au-dessus d'autres unités ayant participé à l'action. L'héroïsme extraordinaire déployé par les membres de ces unités au cours de cette période fait rejaillir un grand honneur sur leur pays et sur eux-mêmes.

 

Par ordre du général VAN FLEET

Henry J. HODES

Major General, US Army

Chief of Staff

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LE COMMANDO D'ARTHUR

Gilbert SPOIDEN

Qui entre par le Hesbain

est combattu l'endemain.

(Adage liégeois)

Dans le mensuel "Coeurs belges" du 1er juillet 1945, nous avons relu l'extraordinaire histoire d'ARTHUR et de son fameux commando.

"Coeurs belges" a été fondé sous l'occupation allemande en 1942 et a été l'organe de la Résistance.

Dans son n° 13 du 1er juillet 1946, nous voyons comment s'est établi un maquis en pleine Hesbaye, région peu propice par sa configuration, à l'action clandestine, et pourtant ...

Dés 1941, Arthur DERWA, de BERGILERS, aidé des maréchaux des logis Charles BASTIN et Jean DOMINICY de la Brigade de Gendarmerie d'OREYE, se mettent en devoir de recueillir et de réparer les armes abandonnées par l'armée belge et de diffuser des tracts clandestins pour contrer l'action de propagande ennemie. Cette cellule dépend du mouvement de résistance "La Légion Belge".

En novembre 1942, les premiers réfractaires au travail forcé viennent chercher refuge auprès du petit groupe qui s'évertue à les répartir dans les fermes de la contrée. Bientôt l'idée de créer un commando d'hommes résolus germe dans l'esprit d'Arthur.

Une opération menée avec ARAMIS, responsable du secteur de Huy, permet de récupérer 22 pistolets dans une maison communale des environs de Tongres. Ces volontaires pour le commando, dont la solde mensuelle a été fixée à 800 francs, sont logés dans des bâtiments abandonnés, fermes ou maisons particulières. Le ravitaillement est assuré par des fermiers acquis à la cause de la Résistance. La cohésion du groupe repose sur une discipline de fer.

Début 1943, le commando compte 80 hommes décidés. La mission qui leur incombe est de faire la chasse aux traîtres, aux dénonciateurs et indicateurs de la GESTAPO. Le commando dénommé initialement "6e Troupe de Choc - 3e Compagnie (6 TC 3), devient la SPB (Section Punitive Belge), connue sous l'appellation plus familière "Groupe ZERO". Son rayon d'action comprend 21 villages hesbignons sis entre Liège et Waremme.

Ce maquis est un modèle d'organisation mais les Allemands ne tardent pas à s'inquiéter. Des allées et venues suspectes d'étrangers à la région leur sont signalées par des indicateurs. L'identité réelle du chef de commando est rapidement connue de l'ennemi qui met tout en oeuvre pour le capturer.

Le 9 décembre 1943, le commando mène une action à la clinique Joseph Wauters à Waremme, en vue de délivrer Paul FREMDER, un des leurs, prisonnier des Allemands. L'action échoue. Paul FREMDER est abattu par un gardien. La tentative a cependant impressionné très fortement la Gestapo. Les effectifs de la Feldgendarmerie sont renforcés, une section de gestapistes s'installe à Waremme et une nouvelle brigade est créée à Fexhe.

Les patrouilles allemandes s'intensifient mais leurs passages sont signalés à ARTHUR par des sympathisants. Des accrochages avec les feldgendarmes et les gestapistes deviennent fréquents. ARTHUR pousse l'audace jusqu'à se promener de jour dans son domaine, armé jusqu'aux dents.

Le 16 juin 1944, voulant délivrer deux membres de son commando capturés par les feldgendarmes, ARTHUR réunit une vingtaine d'hommes et, à vélo, le groupe rejoint les Allemands et leurs prisonniers à LAMINE, où la bagarre éclate, autour de l'église et du cimetière. Malheureusement, des renforts ennemis affluent et le groupe ZER0 va se retrouver à 1 contre 10. Mais leur fusil-mitrailleur fait du bon boulot en tir de flanquement !

Grâce aux blés très hauts, les maquisards se replient. L'ennemi, très meurtri, manque de mordant. Il compte 17 morts et une vingtaine de blessés sur 200 soldats alignés.

Les maquisards dénombrent 7 manquants. Parmi eux, BEAUPAIN Albert, de Stavelot, DEHASQUE Jules, de Saint-Nicolas, DOSERAY Sébastien de Beyne-Heusay et BELLEVILLE Jules, d'Anthisnes, sont morts au combat.

Après cet affrontement sanglant, les Allemands s'emploient à resserrer leur surveillance : il leur faut Arthur DERWA, mort ou vif. Connaissant les moindres recoins de sa région, ARTHUR échappe aux Allemands qui l'encerclent un jour dans un café à CRISNEE, mais il parvient à s'enfuir à travers champs.

Les secrets de l'organisation du groupe ZERO sont bien gardés. Plutôt que de dévoiler quoi que ce soit, Guillaume QUAEDVLIEG de Plombières se laisse torturer, endure stoïquement tous les sévices que lui fait subir la Gestapo, mais il ne parlera pas. Il reviendra de BUCHENWALD dans un piteux état mais fier d'avoir tout enduré sans faillir à son devoir.

Raymond LEPOUSE, plutôt que de fournir des indications sur son groupe, se précipite du 2e étage de la Kommandantur de Liège et s'écrase sur le sol (*). Les Allemands, excédés des activités terroristes qui se multiplient de jour en jour, décident l'anéantissement du commando d'ARTHUR. Trois cents soldats sont affectés à cette tâche. Village après village, tout est passé au peigne fin. Mais le groupe ZERO se déplace de nuit et les Allemands rentrent chaque fois bredouilles. Ils n'ont pas assez d'effectifs pour isoler tout le secteur !

(*) Voir ci-après la photo de la plaque commémorative dédiée à Raymond LEPOUSE, apposée sur la façade du palais des Princes-Evêques à Liège.

Depuis mai 1944, les Maquisards sont dans l'attente du débarquement. Quand il survient, les énergies sont décuplées. Les sabotages se multiplient. De nouvelles armes sont réceptionnées.

Lors de la retraite des troupes allemandes, signalons les combats de MOMALLE (7/9/44), de STREEL (5/9/44). Plusieurs résistants du groupe y perdirent la vie. Citons MASSART Albert, de Namur, DELHALLE Jean-Louis de Liège, KNAEPEN Alphonse de Geets-Bets, LINCHET Henri, de F1awinne, DETHIER Edmond d'Oreye, DESSART Maurice de Saint-Nicolas.

Honneur aux vaillants maquisards de Hesbaye, aux héros du groupe ZERO, aux héros du groupe OTARIE, dont l'histoire vous sera racontée dans un prochain bulletin, aux habitants qui ont tout risqué pour les aider.

Cinquante ans après l'installation de la première cellule de résistance en Hesbaye, notre revue s'est fait un devoir de rappeler l'essentiel des faits d'armes de ces braves qui n'acceptèrent pas l'oppression et se dressèrent fièrement devant l'envahisseur.

HOMMAGE A RAYMOND LEPOUSE

Le 7 mai 1993, des anciens Résistants membres de l'Armée secrète et du groupe ZERO se sont retrouvés, place du Pilori, le long du palais des Princes-Evêques de Liège, devant la plaque commémorative dédiée à Raymond LEPOUSE.

Ils ont rendu hommage à ce Résistant arrêté en 1944 par les Allemands. Interrogé dans les locaux de la Kommandantur, au deuxième étage du palais, le 20 juillet 1944, Raymond LEPOUSE, les mains liées dans le dos, s'est précipité par la fenêtre pour ne pas révéler le nom de ses compagnons. Il est mort le lendemain.

Il était agent des Intercommunaux Liégeois.

Source :

Journal La Meuse du 12 mai 1993.

La plaque commémorative apposée sur la façade du palais.

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* * *

En complément de l'article ci-dessus, nous jugeons utile de reproduire deux textes relevés dans la revue trimestrielle n° 28, de mars 1992, de l'Association belge des Jeunes pour le Souvenir des deux Guerres.

LA RESISTANCE EN BELGIQUE

"Dès après l'invasion allemande, en 1940, des patriotes issus du nord comme du sud du pays se dressèrent contre l'occupant.

"Néerlandophones et francophones combattirent afin de préserver les valeurs qu'ils considéraient comme inhérentes à 1a civilisation.

"Dans l'ensemble du pays, les actions se multiplièrent et furent coordonnées afin de rendre la lutte plus efficace.

"C'est ainsi que se créèrent les divers mouvements de résistance qui se structurèrent et portèrent des coups très durs aux forces occupantes.

"Dans les rangs de 1a Résistance, les pertes furent malheureusement fort nombreuses.

"La Gestapo, aidée dans sa traque aux Résistants par des individus sans scrupule qui se montraient bien souvent plus cruels que leurs maîtres, mena une guerre sans merci contre ceux de nos compatriotes qui osèrent s'opposer à leurs sinistres desseins.

"Des milliers et des milliers de Résistants furent condamnés par les tribunaux allemands.

"Les conditions de détention furent telles qu'elles excluaient, non seulement l'oubli, mais même le pardon.

"La technicité moderne qui devrait être destinée à 1'amélioration de la condition humaine servit, au contraire, à créer des raffinements de cruauté qui furent utilisés afin d'augmenter les souffrances de ceux qui, dans les camps de concentration ou dans les prisons nazies, subissaient les sévices de leurs geôliers.

"Les survivants de cette lutte clandestine ne peuvent oublier les longues années de ce combat qui marqua leur vie à jamais. Ils ne peuvent également oublier le sang versé et 1a disparition de tant de leurs frères de combat.

"Puissent les générations qui suivent se souvenir du combat mené par leurs aînés et faire en sorte que l'humanité ne connaisse plus la dictature et des régimes faisant fi des règles les plus élémentaires de 1a démocratie.

Texte : Comité d'Action de la Résistance.

GROUPEMENTS CONSTITUANTS

RESISTANCE ARMEE : les Affranchis, 1'Armée de la Libération, 1'Armée Secrète, le Groupement Généra1 de Sabotage "G", les Insoumis, 1a Kempische Legioen, L. 100, les Milices Patriotiques du FT, le Mouvement National Belge, l'Organisation Militaire Be1ge de 1a Résistance, 1e Service "D", la Witte Brigade "Fidelio", les Partisans Armés.

PRESSE CLANDESTINE : L'Union Nationale de 1a Presse Clandestine, la Fédération Nationale des Journaux Clandestins du FI.

RESISTANCE CIVILE : Le Front de l'Indépendance, 1a Confédération Nationale des Résistants Civils de Belgique qui comprend en outre la Fraternelle Nationale des Isolés de 1a Résistance.

LA PRESSE CLANDESTINE

"La Presse Clandestine occupe une grande place dans la Résistance belge; son rôle primordial est confirmé par l'importance de la répression de l'occupant à son égard.

"Dès 1e 15 juin 1940, les premiers tracts furent distribués par des volontaires désireux de soutenir 1e moral de leurs compatriotes et de s'élever contre les nouvelles tendancieuses ou fausses diffusées par ce qui était devenu la presse officielle.

"Les premiers numéros clandestins furent imprimés avec des moyens rudimentaires, ensuite aussi par des résistants imprimeurs.

"Ceux-ci, ainsi que les distributeurs risquaient, soit par une dénonciation, soit au cours d'un contrôle, leur propre liberté, c'est-à-dire non seulement l'incarcération mais en outre les tortures et la déportation.

"12.128 ont été reconnus comme Résistants par la Presse Clandestine, dont un tiers à titre posthume.

"674 journaux clandestins différents permirent à la population de garder l'espoir en des jours meilleurs et en la victoire finale.

"Saluons avec respect et émotion tous ceux qui firent don de leur vie pour notre liberté."

G. S.

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Dernière mise à jour: 16 décembre 2011