Abris PFL 3/4

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Les abris de la position fortifiée de Liège en mai 1940

Franck Vernier

Chapitre 5 - La Position Fortifiée de Liège 4

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En 1927, la Commission d'Etude du Système des fortifications décide l'organisation de la région fortifiée de Liège dont "la position défensive permanente de la Meuse" fait partie. Cette position défensive permanente de la Meuse est située sur la rive gauche de ce fleuve et constituera la Position Fortifiée de Liège 4.

La Position Fortifiée de Liège 4 devait se composer de la manière suivante :

- de Liège jusqu'à hauteur de Jupille, des abris sur la rive gauche de la Meuse construits dans les culées des ponts;

- de Jupille jusqu'à l'enclave de Maastricht, plusieurs lignes d'abris construits sur la rive gauche en défendant principalement les trouées de Visé et de Lixhe;

- l'enclave de Maastricht : tous les axes routiers seront tenus sous le feu d'abris.

Profitant de la construction des ponts dans le centre ville, trois abris avec plusieurs embrasures seront construits dans les culées des ponts de Liège. Il s'agit des abris du pont des Arches, du pont Saint-Léonard et du pont de Coronmeuse. Ceux-ci seront terminés dès avant 1932. Ils comporteront plusieurs chambres de tir avec embrasures pour mitrailleuses ou pour FM.

Le réarmement des six forts Brialmont de la rive droite étant commencé, la Défense Nationale décide d'y adjoindre deux autres forts. Ce seront les forts de Flémalle et de Pontisse situés sur la rive gauche de la Meuse qui seront réarmés. Ces deux forts feront partie de la PFL 4.

Entre-temps, la construction du canal Albert entre Liège et Anvers va modifier les plans de défense de la PFL.

Afin d'éviter que les ponts de la Meuse ne tombent aux mains de l'ennemi, la Défense Nationale, sur avis de militaires français, décide la construction d'abris contre irruption en face de chaque pont, ceci de Dinant jusqu'à Wandre. En ce qui concerne les ponts du centre de la ville de Liège, on ne construira pas d'abris contre irruption car ces ponts étaient déjà défendus par la PFL 3. Nous exclurons de manière arbitraire de la PFL 4, tous ces abris contre irruption de défense des ponts construits dans la PFL 4 entre Flémalle et Visé.

Avant de décrire la PFL 4 le 10 mai 1940, remarquons qu'à cette date, la ligne n'était pas terminée. On attendait en effet la rectification des berges de la Meuse pour construire certains abris. Or. vu l'état actuel de nos archives, il est parfois difficile de savoir avec certitude si un abri prévu fin 1939 a été effectivement construit ou non. Les recherches sur le terrain nous éclairent parfois mais, cinquante ans après, pour diverses raisons, une dizaine d'abris ont été détruits.

Notre deuxième remarque se situe au niveau de la définition même de la PFL 4 : les documents officiels sont très imprécis à ce sujet. Elle nous semble se terminer à Lixhe et nous en excluons le fort d'Eben-Emael, celui-ci se trouvant dans la zone de combat du 1er Corps d'armée et ne faisant donc pas partie de la PFL, bien que sa garnison dépendait du Régiment de Forteresse de Liège ou RFL. Nous en excluons également les abris défendant l'enclave de Maastricht, c'est-à-dire les abris situés à Lanaye, Canne, Vroenhoven, Veldwezelt, qui sont à inclure dans la ligne de défense du canal Albert.

Le 10 mai 1940, la PFL 4 se compose donc de :

- 3 abris dans la culée des ponts des Arches, Saint-Léonard et de Coronmeuse;

- 2 forts : Flémalle et Pontisse;

- la défense de l'île Monsin.

Cette île, artificiellement créée avec la construction du canal Liège-Maastricht, sera particulièrement bien défendue.

On peut en décomposer les abris en deux groupes (voir plan ci-après) :

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1. le long de la rive de la Meuse : 7 abris.

Cette ligne commence à l'extrémité sud de l'île. Deux abris sont dissimulés dans le socle de la statue du Roi Albert : MeMo 1 et 1 bis.

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Ensuite, en suivant la Meuse, un abri à plusieurs chambres de tir situé dans le pont barrage : MeMo 2. Entre celui-ci et le pont de chemin de fer, "l'abri MeMo 3. Les abris MeMo 3 bis, MeMo 4 et MeMo 5 flanquent le plan d'eau en aval du pont de chemin de fer.

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2. sur la rive gauche du canal Albert, en face de l'île, 5 abris ont été construits.

Dans les ponts Marexhe, Milsaucy et de Mandre se trouvent des abris à plusieurs chambres de tir : respectivement les abris MeA 1, MeA 2 et MeA 3. Sur la rive gauche du canal Albert, les abris MeA 1 bis et M 26 (*) complètent la défense de l'île et du pont de Wandre.

(*) M 26 fait partie des abris contre irruption de la Meuse. Il s'agit d'une ligne d'abris pour canons de 47 mm défendant tous les ponts enjambant la Meuse. Elle commence à Bouvigne (abri M 5), près de Dinant, pour se terminer à Wandre avec l'abri M 26. Nous excluons ces abris de la PFL.

- un abri de bombardement à la bure d'Abhooz (à l'emplacement de l'actuel Maxi GB de Herstal).

- le secteur PL (Pontisse-Lixhe).

Celui-ci se compose d'une vingtaine d'abris construits derrière la Meuse. Cette série d'abris peut être divisée en deux groupes. Le premier comprenait les abris situés entre la Meuse et le canal Albert et flanquait de ses feux le fleuve tandis que le second était constitué d'abris construits sur la rive gauche du canal Albert sur les hauteurs de Hacourt.

Cette ligne devait prolonger la défense de l'île Monsin après le pont de Wandre jusqu'au village de Lixhe où la 34ème Brigade allemande franchit la Meuse le 5 août 1914. Cependant les travaux de rectification du cours de la Meuse n'étant pas encore terminés à cet endroit le 10 mai 1940, le secteur PL débuta derrière l'usine de Chertal par deux abris avec deux chambres de tir pour mitrailleuse ou FM sur affût Chardome flanquant le fleuve. Il s'agit des abris PL b et PL c

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En suivant la Meuse, on atteint Basse-Hermalle où se trouvent les abris PL 5 et PL 6. Les abris PL 1 à PL 4 ne semblent pas avoir été construits, le Ministère de la Défense Nationale attendant la rectification du cours de la Meuse et la construction du nouveau pont d'Argenteau, l'ancien étant en bois.

Le pont principal de Visé cache un abri à plusieurs embrasures : il s'agit de PL 7

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PL 8 et PL 9 bis sont situés à 1 Km plus au nord, le long de la Meuse (PL 9 n'a jamais existé). Ces abris construits le long de la Meuse devaient décourager toute tentative de franchissement du fleuve par l'ennemi. Ils étaient aidés dans leur mission par toute une série de positions de campagne, tranchées, nids de mitrailleuses, maisons barricadées, que des soldats du 2ème Régiment Cyclistes Frontière avaient aménagées pendant la mobilisation. C'est là aussi qu'ils repousseront, comme leurs pères du 12ème de Ligne le firent en août 1914, les troupes allemandes essayant de franchir la Meuse à Visé le 11 mai 1940.

A l'endroit où la bande de terre entre le canal Albert et la Meuse est la plus étroite, environ 750 m, l'armée a fait construire 3 abris :

- PL 10, à deux embrasures et une cloche FM, flanquant la Meuse,

- PL 10 ter à un canon de 47 mm de campagne surveillant la route de Lanaye

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1. Sas - 2. Entrée pour le canon de 47 mm - 3. Chambre de tir avec encoches pour fixer les bêches du canon

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- et PL 10 bis, situé le long du canal, armé d'un canon de 47 mm et de deux embrasures avec affût FRC. Ces derniers ont été récupérés dans deux abris observatoires de PFL 1 lorsque, pendant la phase de modification de ces PO, on mura l'embrasure de la chambre de tir.

Ces 3 abris, auxquels il faut ajouter les barrières Cointet obstruant la route de Lanaye, formaient une bretelle antichar particulièrement bien défendue.

Les 11 autres abris disposés en second échelon sont implantés en arc de cercle, d'Oupeye à Haccourt. Ils défendent ainsi les débouchés de Visé et de Lixhe. Ces abris sont du type standard PFL 2 avec deux chambres de tir à bac à argile ou à sable. Cependant PL 11 a deux embrasures dont les axes de tir sont diamétralement opposés.

Cinq abris possédaient des cloches d'observation : PL 10, PL 13, PL 16, PL 18 et PL 19. Seuls, deux furent retenus comme observatoires d'artillerie de fort et transformés en même temps que les autres PO de PFL 1 et de PFL 2. Il s'agit de PL 13, observatoire du fort de Pontisse et de PL 19, observatoire du fort d'Eben-Emael.

Il est regrettable que l'abri PL 19 soit détruit. Il était en effet le seul à posséder son propre groupe électrogène et le deuxième à être doté de la télétransmission. Il possédait aussi la plus grosse garnison, soit 20 soldats, et ressemblait à une tour en béton se dressant dans la côte d'Halembaye. Ces soldats étaient sous les ordres d'un CSLR (candidat sous-lieutenant de réserve) du fort d'Eben-Emael qui commandait alternativement les MiCA (mitrailleuses contre avions) du fort.

Que reste-t-il de nos jours ?

Suite aux différents travaux le long de la Meuse et du Canal Albert, beaucoup d'abris ont été démolis. Des abris de l'île Monsin, il ne reste plus que les abris MeMo 1, MeMo 1 bis, MeMo 2 et MeMo 3.

Le long de la Meuse et du canal Albert, PL 6, PL 9 bis, PL 10 bis n'existent plus, ainsi que le poste d'observation d'Eben-Emael, PL 19.

Remarque.

Nous exclurons les 5 abris de la Basse-Meuse de la PFL car, le 10 mai 1940, ils étaient situés dans la zone du Ier Corps d'Armée dont la limite avec le IIIe Corps d'Armée passait à Lixhe.

Cependant, vu leur forme particulière, nous allons les décrire. Ces 5 abris, tous différents les uns des autres, sont situés au nord de Lixhe, sur la commune de Lanaye, entre le canal Albert et la Meuse.

L'abri L 1, construit dans la culée du pont de Lanaye. comportait 4 chambres de tir pour mitrailleuses flanquant le canal et deux embrasures pour FM face aux rampes d'accès opposées, tandis que l'abri L 2, situé 100 m en arrière, dans la falaise, comportait une chambre de tir pour canon de 47 mm sur affût de campagne. Il tenait sous ses feux les accès au pont.

Dans l'écluse de Lanaye, existe un petit abri composé d'une seule chambre de tir. Celui-ci est toujours visible. Sa porte, d'origine, conserve des impacts de balles

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1. Chambre de tir - 2. Bac à argile - 3. Etagères

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Sur la rive gauche du canal Albert, à 1 Km au sud du pont de Lanaye, un abri à deux embrasures (abri I) flanque le plan d'eau. Il assurait ainsi la continuité des feux d'infanterie avec l'abri L 1. Cet abri 1 est du même type que les abris du canal Albert. Malheureusement, suite aux travaux d'élargissement de celui-ci, beaucoup de ces abris furent démolis. On pouvait encore en voir quelques-uns au pont de Briegden (janvier 1990).

Le dernier abri est situé à 1 Km au nord de PL 10 bis. Cet abri F comporte 5 embrasures dont 3 pour mitrailleuses et 2 pour FM avec volets d'embrasure intérieur et fente d'observation qui, une fois rabattu, servait de table d'appui au tireur FM. Ces 5 embrasures avaient un angle de tir total de 180 degrés

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D'autres abris étaient encore prévus pour défendre la Basse-Meuse, près du pont de Lixhe, par exemple. Malheureusement, ils ne furent pas construits, faute de temps ou pour d'autres motifs.

Comme nous venons de le voir, la PFL 4 était une ligne composée de nombreux abris de différents types.

Il est regrettable que de nombreux travaux effectués après guerre aient détruit certains abris uniques en leur genre.

On peut également inclure dans la PFL 4 les obstructions par câbles et/ou par barrières Cointet, faites sur les ponts routiers et ferroviaires de Flémalle à Visé. Leur rôle était d'empêcher une prise des ponts par des éléments ennemis motorisés avant la destruction par nos troupes de ces points de passage obligés sur la Meuse.

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Les abris de PFL 4 construits sur le Canal Albert ressemblent à ceux de PFL 2 : ici, vue de PL 14.

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L'embrasure de PL 16 a été transformée en petite chapelle par des habitants de la région.

Chapitre 6 – Le réseau téléphonique militaire enterré

Une des lacunes apparues lors des combats d'août 1914, dans les forts Brialmont, fut la fragilité des liaisons téléphoniques entre les forts, les observatoires extérieurs et les postes de commandement. La radio n'étant pas encore utilisée à des fins militaires, dès que les lignes téléphoniques aériennes furent sectionnées par les bombardements, le central civil au centre de Liège occupé par les Allemands, les forts étaient isolés. Ils devaient alors transmettre les messages et ordres par courriers, par pigeons ou par signaux optiques.

En 1927 déjà, la Commission d'Etudes du Système des Fortifications du Pays a conclu à la nécessité de la création d'un réseau téléphonique enterré, établi dès le temps de paix. Les premiers travaux commencèrent en 1934. Le 10 mai 1940, des modifications et des améliorations étaient encore en cours.

Ce réseau ressemble à une gigantesque toile d'araignée dont les fils sillonnent toute la PFL. Le point de départ général en est le central téléphonique situé dans l'ancien fort hollandais de la Chartreuse. De là, partent les lignes principales vers les forts réarmés de la rive droite de la PFL 2 et vers les nouveaux forts de PFL 1. De nombreuses liaisons transversales furent réalisées. Une ligne principale relie le central n° 1 de la Chartreuse au central n° 36 de la Citadelle. Celui-ci. Central Téléphonique Fortifié 36 ou CTF 36, deviendra le central principal de la PFL. Du CTF 36 partent diverses lignes vers certains forts de la rive gauche : Pontisse, Eben-Emael, Flémalle, Lantin, ...

Le réseau téléphonique se développe sur environ 300 Km et comporte 34 centraux et quelque 200 chambres de visite.

Les câbles téléphoniques, comportant le plus souvent 50, 25 ou 10 paires de fils, sont enterrés à une profondeur moyenne de 2 m, sauf à l'entrée des forts ou des observatoires, où la profondeur peut atteindre 6 m, vu les bombardements probables.

Les centraux téléphoniques, abris dont les dimensions extérieures sont de 5,60 m x 5,45 m, sont construits aux intersections des lignes téléphoniques, aux endroits présumés de l'installation des postes de commandement de l'armée de campagne.

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1. Clôture - 2. Sas - 3. Sortie de secours - 4. Chambres avec têtes de câbles

 

Cet abri avec entrée en sas, possède une sortie de secours, des goulottes de ventilation et lance-grenades, des têtes de câbles, etc. Celles-ci sont des boîtes métalliques scellées dans le mur de l'abri dans lesquelles arrivent, en traversant le radier, les câbles téléphoniques. Les connections entre les différentes paires de fils sont réalisées dans les têtes de câble.

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Vue d'un CTF standard avec sa porte blindée et sa sortie de secours (ici CTF 29).

Les CTF étaient destinés à être occupés par des troupes de transmission de la compagnie TTr de la PFL et des régiments occupant la PFL. Celles-ci pouvaient tirer des lignes volantes partant du central pour aboutir aux divers PC de campagne. Des bouclages étaient réalisés par les troupes de transmission dans les têtes de câble afin de relier les différents forts entre eux dans le cas où le central n'était pas occupé.

Construits en arrière des lignes défensives, les centraux étaient admirablement camouflés en maisons, en garages, ... grâce à un mur de parement en briques rouges et une toiture de tuiles noires.

Certains CTF, construits dès 1934, possédaient une et parfois même deux embrasures pour FM : CTF 3, CTF 8, CTF 11, CTF 12.

La majorité des CTF de construction plus tardive seront tous du même modèle sans embrasure, recouvert d'une couche de ciment imitant des blocs en béton ainsi que de nombreuses maisons du pays de Herve.

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Chambre de connexion a 6 partiellement déterrée.

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Certaines chambres de connexion étaient surmontées d'une construction les camouflant (ici la chambre n 2 ).

 

Les chambres de visite, situées à cheval sur les lignes téléphoniques entre les centraux, permettaient aux troupes de l'armée de campagne et du régiment de forteresse de Liège de se brancher sur le réseau téléphonique militaire enterré.

D'aspect extérieur, elles ressemblent à des chambres de visite du réseau d'égouttage. Elles se composent d'un puits bétonné de 1,25 m de côté et de 1,80 m de profondeur recouvert par une dalle en fonte du type Elkington.

Dans cette chambre se trouvent les deux têtes de câble auxquelles les troupes d'intervalles pouvaient se connecter au moyen de leur téléphone portatif de campagne.

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Coupe dans une chambre de connexion type

Le réseau reliait tous les forts de la rive droite, tous les observatoires bétonnés de la PFL 1, PFL 2, PFL 4, les diverses casemates contre irruption, Vesdre, Mont, les IR de PFL 3, les postes permanents PP 5 A, PP 8 A, PP 9 A et 9 B, PP 11 A, PP 13 A1 et A2, le CRA de Fléron (Centre de Renseignement de l'Armée), le PC de la 3ème Division d'Infanterie à la caserne de la Chartreuse. Sur la rive gauche, il reliait, après être passé sous la Meuse et sous la Dérivation, les forts réarmés de Pontisse et de Flémalle, le fort d'Eben-Emael, les forts Brialmont non réarmés de Lantin (où sera aménagé un second PC pour la 3ème DI) et de Hollogne, ainsi que l'aérodrome de Bierset, les observatoires bétonnés de PFL 4 : PL 13 et PL 19; mais aussi différents PC : le PC du IIIème Corps d'Armée à la Citadelle de Liège et le PC de la 2ème DI au couvent des Ursulines à Cointe.

Pour faciliter l'organisation du réseau, celui-ci fut divisé en trois régions principales.

La 1ère ligne ou T.1.L. (Téléphones 1ère ligne) :

CTF 13 à Barchon

CTF 14 à Ayeneux

CTF 15 à Blindef

CTF 16 à Dolembreux

CTF 17 à Lincé

CTF 18 à Fraiture

CTF 19 à Rouvreux

CTF 20 à Hotchamp

CTF 21 à Mortroux

CTF 22 à Julémont

CTF 23 à Charneux

CTF 24 à Battice (détruit)

CTF 25 à Bruyère-Battice

CTF 26 à 0lne

CTF 27 à Pepinster près du château de Tancrémont

CTF 28 à Theux

Soit 16 centraux téléphoniques.

Cette première ligne est construite légèrement à l'ouest de la PFL 1.

La 2ème ligne ou T.2.L. :

CTF 1 à La Chartreuse

CTF 2 à Jupille

CTF 3 à Bois-de-Breux

CTF 4 à Chênée

CTF 5 au Sart-Tilman

CTF 6 à Rabosée

CTF 7 à Saive

CTF 8 à Retinne

CTF 9 à Beyne-Heusay

CTF 10 à Retinne

CTF 11 à Embourg

CTF 12 détruit, était situé à l'entrée du domaine universitaire du Sart Tilman

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Soit 12 abris centraux téléphoniques. Cette ligne est située entre la rive droite de la Meuse et la ligne des forts réarmés (PFL 2).

Lorsqu'une ligne téléphonique rencontre une rivière telle que l'Ourthe, la Vesdre ou un fleuve comme la Meuse, la ligne est placée en dessous du lit du fleuve.

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Le réseau de la rive gauche ou R.G.

CTF 35 au bois de la Marchandise à Seraing

CTF 36 à la Citadelle de Liège

CTF 38 à Pontisse

CTF 39 à Quinettes (Heure-le-Romain)

CTF 40 à Froidmont (Haccourt)

CTF 41 à Saint-Nicolas (Liège)

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Soit 6 abris centraux téléphoniques construits sur la rive gauche de la Meuse à l'exception de CTF 35, sur la rive droite.

Durant la campagne des 18 jours, le réseau fonctionna bien. Cependant, certaines lignes furent coupées par inadvertance. Par exemple, par le sautage de destruction, le câble téléphonique reliant le fort d'Embourg au fort de Tancrémont fut sectionné. Divers bombardements et l'action de l'ennemi entravèrent le bon fonctionnement de certaines lignes.

L'ennemi a parfois découvert des chambres de visite et il envoyait ainsi des messages erronés aux forts de Battice et d'Aubin-Neufchâteau. Mais, vu l'extrême ramification du réseau, celui-ci fonctionna presqu'à merveille et, sur certaines portions, il est encore utilisé de nos jours par la gendarmerie et par l'armée.

Le réseau téléphonique enterré était relié, au fort d'Eben-Emael, à un second réseau enterré qui reliait toutes les destructions du canal Albert.

Dans la Position Avancée, à l'est de la Province, il existait également un réseau téléphonique semblable reliant toutes les destructions principales. Ce réseau, beaucoup moins ramifié que le réseau principal, partait de Visé jusqu'à Trois-Ponts en passant par Remersdael, Hombourg, Henri-Chapelle, Welkenraedt, Dolhain, La Gileppe, Jalhay, Hockai, Francorchamps, Malmédy et Stavelot. Il servait à la transmission des ordres pour la réalisation du sautage des destructions de ponts, de viaducs, de tunnels, de routes, etc.

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Deux têtes de câbles de 50 paires dans le CTF 11

Vue intérieure de l'embrasure pour FM de CTF 11

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CTF 19 camouflé en garage. Les portes en bois ont disparu

Sortie de secours de CTF 8

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Vue de l'embrasure pour FM de CTF 8

CTF 14 avec sa toiture en tuiles

(Photos Franck VERNIER)

L'auteur demande que toutes les personnes détenant des documents ou des photos en rapport avec les "fortins" veuillent bien prendre contact avec lui. Il leur sera demandé de les prêter et le plus grand soin sera garanti ainsi que la réexpédition après copie. Franck VERNIER, rue de Lambermont, 6, 4800 PETIT-RECHAIN. Téléphone 087/31 72 81.

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Dans nos articles sur les fortifications de 1940, il est souvent question des barrières "COINTET".

Guy de SAIVE, dans un article paru dans le bulletin Tome III, fasc. 2, de juin 1986, nous en donnait d'excellentes explications que nous reproduisons ci-après, le bulletin original datant déjà de six ans.

Nous joignons ci-dessous un croquis, extrait de "Sedan 1940" édité par le "Service Historique de l'Armée de Terre" (Vincennes).

Ce dessin illustre bien l'explication donnée par G. de Saive au troisième paragraphe de son article.

Les barrières "COINTET"

Guy de Saive

C'est au début des années 30 que le Colonel de COINTET proposa le prototype de ses barrières anti-chars, anti-irruptions.

Elles ont été fabriquées en Belgique dans 28 usines différentes. Le modèle belge se distinguerait du français par l'ajout de 8 cornières verticales en façade ayant fonction d'empêcher les fantassins ennemis de passer à travers, les obligeant à escalader, les mettant ainsi à découvert sur sa crête.

Les barrières COINTET étaient prévues pour s'accrocher les unes aux autres, de façon à pouvoir constituer des obstacles sans limite de longueur, leur permettant ainsi de barrer les routes, les frontières, les plages, les forêts, les champs immenses, en avant de certaines fortifications, fortins, etc. Elles devaient briser un premier assaut; si un PANZER avait foncé dans un mur COINTET. il s'y serait empêtré comme une mouche dans une toile d'araignée.

Mais, dans ce cas, l'insecte qui l'attendait n'était autre que la mitrailleuse MAXIM 08/15 ou mieux, le petit mais terrible canon F.R.C. de 47 mm.

Les barrières COINTET utilisées comme verrous routiers pouvaient être déplacées entières, une à une, assez facilement, par quelques hommes (1) grâce à leurs rouleaux (2).

En cas d'alerte, ces barrières étaient bloquées en travers des routes, des chemins de fer, des tunnels, des ponts, etc... par une élingue d'acier courant au ras du sol d'une borne COINTET à l'autre (3).

Les bornes COINTET, espèces de gros seaux en béton (4), placées à chaque extrémité des endroits à interdire, doivent leur phénoménale résistance à la traction et aux chocs (5) au fait qu'elles sont renforcées intérieurement par une poutrelle d'acier noyée dans un massif de béton enterré sous elles; de plus, leurs formes tronconiques inversées force le câble qui les entoure à rester à leur base. Il n'y a donc pas de mouvement de levier. Bornes et massifs étaient bien entendu coulés sur place.

75.000 barrières COINTET ont été commandées par le gouvernement belge. Elles auraient pu former un mur de fer de 225 Km.

Le 10 mai 1940, 73.600 pièces avaient déjà été fournies par l'industrie, soit, mises bout à bout : 221 Km.

Une barrière COINTET belge pèse environ 1.300 Kg pour une largeur de 3 m et une hauteur de 2,5 m.

L'armée allemande les réemploya (6) pendant toute la guerre un peu partout en Europe et surtout sur le mur de l'Atlantique.

(1) Généralement l'équipe d'un fortin I.R. (anti-irruption).

(2) Trois rouleaux par barrière en tôle d'acier ou en ciment coulé.

(3) Ne pas confondre les bornes COINTET avec les bornes à câble, celles-ci toutes différentes, servent à tendre un câble à environ 60 cm de hauteur en biais des routes.

(4) Ses flancs sont entourés d'une chape en forte tôle galvanisée pour empêcher l'effet de cisaillement du câble.

(5) Dans la vallée de la Vesdre, en face du fortin Vesdre, une COINTET a même résisté à l'impact d'un obus de 75 mm, tiré très probablement du fort de Tancrémont, obus. qui, il est vrai, n'a pas explosé.

(6) Elles ne furent pas plus convaincantes pour eux que pour nous.

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Dernière mise à jour: 31 mai 2012