T IV - Fasc 5

Tome I Tome II Tome III Tome IV Tome V Procédure de Cde

Remonter
Maj DUFOUR 1/2
Soldat Cl 1938 1/3
Souv. GANY
F. Embourg 11/12

 

Tome IV - Fascicule 5 - Janvier-Mars 1990

SOMMAIRE

Editorial

Colonel IMM F. GERARD - Commandant l'As MECA, Le Major IFM Paul Dufour et les siens

Jules LOXHAY - Histoire d’un soldat, classe 1938

André GANY - Souvenirs de guerre d’un enfant de huit ans

Pierre BEAUJEAN - Il y a 50 ans

Gaston Salle - Le fort d’Embourg (suite et fin)

Emile COENEN - Les observatoires du fort d’Embourg

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Editorial

Mai 1940, c’était il y a 50 ans

Remarque du webmaster : cet éditorial n’est certes plus d’actualité, mais il me permet d’insérer la carte-affiche éditée pour l’occasion.

Il faut se rendre à l’évidence, la commémoration prochaine des événements de mai 1940 ne laisse personne indifférent.

Beaucoup en effet ont encore en mémoire ces jours de deuil, de souffrance et de désillusion.

Beaucoup portent encore en eux les séquelles de ces jours tragiques : blessures de guerren ou dues à un exode meurtrier, sévices subis dans les camps d’internement ou dans les Stalags, souffrances morales dues à la séparation, à la peur, à l’incertitude …

Pourquoi dès lors rappeler ce passé peu agréable et glorieux, sinon parce que l’on ne gomme pas impunément l’Histoire, et aussi pour rendre hommage à ceux-là mêmes qui ont fait pleinement leur devoir.

N’y a-t-il pas d’ailleurs plus d’enseignements à tirer des défaites que des victoires ?

C’est dans ce contexte que le C.L.H.A.M., la C.G.E.R.-Direction Liège-Luxembourg, « Le Grand Liège », l’association « Fort d’Eben-Emael » et la Gendarmerie de Liège ont décidé de s’unir pour mettre sur pied l’exposition :

« MAI 40, C’ETAIT IL Y A 50 ANS »

Cette exposition mettra surtout en exergue les moments clé de la campagne des 18 jours.

De nombreuses photos grand format, des documents, matériels et armements d’époque permettront à tout un chacun de revivre ces événements tragiques.

Sont également prévues des visites guidées des forts d’Eben-Emael et Embourg et une conférence du Lieutenant-colonel de réserve Engels consacrée à la guerre éclair en Ardenne.

Voilà un programme copieux susceptible de rallier tous les suffrages.

Nous espérons vous rencontrer très nombreux à ces manifestations.

A. Gany

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 Il y a 50 ans

Pierre BEAUJEAN

Le 10 janvier 1940, les plans d'invasion allemands tombent du ciel.

En octobre 1939, Hitler avait demandé à ses généraux un plan d'opération à l'ouest, qui prévoirait le passage à travers la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. Il avait fixé la date de l'offensive au 12 novembre. En raison des conditions météorologiques, elle fut ajournée 14 fois jusqu'au 10 mai 1940.

Ce plan, appelé Fall gelb (opération jaune) était largement diffusé dans les états-majors allemands lorsque, le 10 janvier, l'état-major belge obtint des documents s'y rapportant, grâce à un incident quasi incroyable.

En effet, ce jour-là, un avion Me 108 (1) piloté par le major Hoenemanns et transportant le major Rheinberger, officier d'état-major de la Luftwaffe, fait un atterrissage forcé à Mechelen-sur-Meuse.

(1) Selon la référence 1., il s'agirait d'un avion Fieseler Storch; selon la référence 2., il s'agit d'un Messerschmitt "Me 108" du type "Taïfun", immatriculé D.NF+AW, avion de tourisme mis en service le 24 juin 1939.

Rheinberger est chargé de porter au général von Bock, chef d'armée B, des modifications au plan détaillé de l'avance à travers la Belgique, confiée à la 6e armée. Ce plan comporte, entre autre, un projet de débarquement de parachutistes à Gand.

Ayant raté son train, Rheinberger accepte l'offre de Hoenmanns de le transporter de Munster à Cologne. Au-dessus de la Ruhr, le pilote s'égare à cause d'une nappe de brouillard, prend la Meuse pour le Rhin, et, dans son désarroi, branche l'arrivée d'essence sur un réservoir déjà vide. C'est la panne sèche, avec un réservoir rempli ! Et l'arrestation par une patrouille belge.

Dès l'atterrissage, Rheinberger tente, à deux reprises, de brûler ses documents. Chaque fois, les documents sont récupérés, partiellement consumés mais suffisamment lisibles pour que leur traduction ne laisse aucun doute sur leur importance.

Il s'agit de dix feuillets dactylographiés et de deux fragments de carte.

Le tout contient des instructions concernant les missions de reconnaissance et les débarquements aériens que devaient effectuer les 2e et 3e flottes aériennes. Les zones à bombarder (secteur de Dinant), l'état de défense du territoire situé entre la Meuse et la frontière française, une appréciation des possibilités d'atterrissage à l'ouest de la Meuse sont aussi indiqués.

Seule la date d'exécution manque.

Le général Van Overstraeten est averti de la découverte le soir même et reçoit la traduction le lendemain matin. Le roi Léopold décide d'aviser le général Gamelin et les états-majors anglais et néerlandais. Un résumé parvient le jour même au général Gamelin. (2)

(2) Un de nos membres, mobilisé, a assisté dans un état-major, en 1940, à des discussions portant sur la probabilité de réalité de la menace d'invasion ou d'essai "d'intoxication" par les Allemands.

Berlin ignorait le contenu des documents saisis. Hitler, dans l'incertitude de ce que les Belges ont pu apprendre, renonça le 13 janvier, "en raison de la situation météorologique", à l'exécution de l'opération jaune et retarda l'invasion. Le plan d'opération fut amélioré. Le général von Manstein ayant suggéré de lancer des divisions cuirassées à travers l'Ardenne pour bénéficier de l'effet de surprise, Hitler fit sienne cette idée. Le débarquement aérien à Gand fut remplacé par un débarquement aérien en Hollande.

Après le 10 mai 1940, les deux officiers allemands prisonniers furent remis aux Anglais, transférés en Angleterre, puis au Canada. Tous deux seront rapatriés en Allemagne dans le cadre d'un échange de prisonniers de guerre malades. Traduits en cour martiale, Hoenmanns sera acquitté et terminera la guerre comme lieutenant-colonel. Rheinberger verra sa carrière brisée et ne recevra plus aucune promotion. Tous deux survivront au conflit.

Références :

1.             "Les Grandes Controverses de l'Histoire Contemporaine - 1914-1945" - Jacques de LAUNAY - Editions Rencontre Lausanne - 1964.

2.           "La drôle de guerre en Belgique - Les plans tombés du ciel" - Jean VANWELKENHUYZEN - dans le Bulletin spécial 27 de février 1880 édité par "Les Amis du Musée de l'Air et de l'Espace".

Des documents d' Il y a 50 ans

Le 15 avril 1940, un officier du 3e Bataillon du Génie régularise la réquisition de parcelles utilisées dès le mois de janvier et le mois de février pour la construction de baraquements destinés à la troupe, près du fort de Barchon.

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Il y a 50 ans

La mort du sous-lieutenant aviateur Xavier HENRARD

Le 2 mars 1940, un avion militaire allemand du type Dornier 17 violait la neutralité du ciel belge. Ce n'était ni le premier, ni le dernier.

Au-dessus de St HUBERT, une patrouille belge composée de trois chasseurs "Hurricane" commandée par le SLt HENRARD a encadré l'intrus. Il est impensable qu'à ce moment, les Allemands aient pu penser qu'ils étaient ailleurs qu'en Belgique. Si la fuite devenait pour eux impossible, ils devaient se résigner à se poser. Au lieu de cela, ils ont brusquement ouvert un feu nourri de mitrailleuse et ont abattu l'avion du SLt HENRARD qui a trouvé la mort en faisant son devoir, près de BASTOGNE.

Le gouvernement du Reich a exprimé des regrets en réponse à l'énergique protestation du Ministre belge des Affaires étrangères. Monsieur P.-H. SPAAK.

Le Sous-Lieutenant Xavier HENRARD Les funérailles du SLt HENRARD à Bruxelles Ce panneau découvert montre le mécanisme de commande automatique des mitrilleuses permettant le tir à la cadence de 1.200 coups/minute Une escadrille de chasseurs HURRICANE

Il y a 50 ans

Si l'escadrille de chasseurs est considérée comme "la police du ciel" ou "les gendarmes de l'air" les appareils à grand rayon d'action, tels les FAIREY BATTLE, peuvent être chargés de missions de reconnaissance ou de photographie. Ils peuvent aussi prendre à bord une charge de bombes et se transformer en bombardiers.

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Un mécanicien vérifie le fonctionnement des volets qui, en se refermant, escamoteront les bombes Avant le décollage, le pilote s'assure du bon fonctionnement des armes automatiques Après une mission de reconnaissance photographique, l'appareil est retiré et emmené au laboratoire où le film sera développé
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La mise en place du parachute dorsal du pilote   Une escadrille de FAIREY-BATTLE

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Les observatoires du fort d’Embourg

Emile COENEN

Désirant apporter quelques rectifications et compléments d'information à l’article de Gaston SALLE sur le fort d’Embourg, je vous propose de détailler les observatoires de ce fort.

Pour observer le terrain environnant, les forts réarmés de la P.F.L. 2 ne disposent, en 1937, que de leur observatoire cuirassé (ancienne coupole phare) au centre du massif central, et de leur prise d'air. Ces deux systèmes d'observation sont cependant très aléatoires étant donné les nombreuses vues cachées par les vallons, les dépressions de terrain, les bois, les haies, etc...

Aussi, le 13 juin 1937, le Ministre de la Défense Nationale estime qu'il est préférable que les forts disposent d'une série d'observatoires sous abris.

Après de nombreux projets, c'est la solution la plus économique qui est adoptée, à savoir : la modification des observatoires d'infanterie, déjà construits, en observatoires au profit des forts. Les différents intervalles des forts de la P.F.L. 1, 2 et 4 comprennent une série d'observatoires d'infanterie. Certains de ceux-ci seront modifiés.

En ce qui concerne le fort d'Embourg, celui-ci disposera, le 10 mai 1940, de deux observatoires que sont l'abri BE 8 et EC 1 bis.

Le premier, implanté dans l'intervalle Boncelles-Embourg, est repris sous le dénomination BE 8. Cet abri, construit en 1934 par les entreprises DUYVE-WAARDT de Roulers, comprend deux niveaux et dispose de deux mitrailleuses tirant dans des axes divergents, et d'une cloche de guet. De janvier à décembre 1939, BE 8 sera modifié par la firme Travaux Hydrauliques et Entreprises Générales, autrement dit TRAVHYDRO.

Les modifications les plus importantes apportées à l'abri sont les suivantes : tout d'abord, on modifie les embrasures de la cloche de guet en vue d'étendre son champ d'observation et permettre le tir au G.P. (pistolet à grande puissance). Le local de l'étage-bas devient un "local de détente hermétique". Pour ce faire, les portes sont rendues hermétiques ainsi que la trappe d'accès vers l'étage-haut. De plus, chaque ouverture est pourvue d'un volet hermétique et un ventilateur de type "BOCKHOLTZ" y est installé. A l'étage-haut, les deux bacs à argile, permettant l'emploi de la mitrailleuse ou du fusil-mitrailleur sur leur affût de campagne, sont remplacés par deux affûts "Chardome".

Les embrasures sont modifiées et un volet d'acier de 6 cm d'épaisseur, provenant de la batterie Wilheim II à Knokke, obture celles-ci. Divers aménagements sont réalisés à l'intérieur de l'abri afin de permettre à la garnison de 7 hommes de vivre dans un confort relatif. Le local de détente sera équipé de lits et de transatlantiques ainsi que d'une table et divers petits matériels tels que : lampes, réchaud, rations et boissons, pharmacie, etc... Tout ce matériel est livré par des fournisseurs qui sont encore connus à Liège : TROISFONTAINE, quai de la Batte, FONDER BURNET, rue des Dominicains, WUIDAR et Fils, de Wandre, NIJSTROM, rue des Rivageois, PETIT, de Grivegnée, etc...

Malheureusement BE 8 a un champ d'observation plutôt réduit. Il n'observe que le pied des collines d'Embourg et un peu le village et le pont de Tilff.

De plus, n'ayant pas d'embrasure frontale, il n'a aucune action sur une grande étendue. Cela causera probablement sa perte en mai 1940.

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1. sas d'entrée

2. local de détente

3. ventilateur

4. sortie de secours

5. étagère

 6. accès vers étage

7. local cloche

8. embrasure

9. lance-grenade.

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Quant au second observatoire du fort d'Embourg, EC 1 bis, nous allons nous y attarder un peu plus longuement.

Dès 1937, il est prévu de construire un abri-observatoire au sommet de l'éperon rocheux au lieu-dit "Trixhay" à Embourg. Tout d'abord, on dresse un plan de l'abri à l'aide d'une cloche de mitrailleuse primitivement destinée au fort de Sougné-Remouchamps (plan 1).

Représentant une masse trop importante, le premier projet est supprimé et remplacé par un second de dimension plus réduite (plan 2).

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A. entrée en puits

A'. entrée avec sas

B. latrine

C. ventilateur

D. local de repos avec lit et étagère

E. sortie de secours en puits

F. local de la cloche 2,20 m de diamètre

G. barrage de poutrelles.

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Mais, à partir de mai 1939, l'emploi de cette cloche est réservé à un autre usage; aussi, le 7 juin 1939, établit-on alors un plan, celui-ci définitif, d'un abri-observatoire possédant une cloche F.M. type 1 d'un poids de 18 tonnes avec des parois de 1,30 m d'épaisseur.

La masse totale de cet abri est de 106 m³ et son coût est estimé à 275.000 francs de l'époque (en francs actuels, il convient de multiplier par 21).

Ce projet est approuvé et la soumission se fait en date du 18 décembre 1939. Elle est adjugée à la firme DERIDDER-CANTILLANA de Bruxelles.

L'hiver 1939-1940 étant très rigoureux, le bétonnage est très souvent interrompu. Aussi, le jour de l'invasion allemande, l'abri venait à peine d'être terminé.

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A'. entrée avec sas

B. latrine

C. ventilateur

D. local de détente

E. sortie de secours

F'. local cloche 1,20 m de diamètre

G. barrage de poutrelles

H. conduit de sortie.

Je profite de cet article pour lancer un appel à tous les Anciens qui ont vécu la drôle de guerre et les événements de 1940 dans les abris.

Si vous possédez des documents écrits ou photographiques, auriez-vous la gentillesse de les communiquer au C.L.H.A.M.?

Merci d'avance .

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Dernière mise à jour: 31 mai 2012