Tome I - Fascicule 11 - Juillet-Septembre 1982SOMMAIREPOUR UNE ETUDE DE L'HISTOIRE ET DE L'ARCHEOLOGIE MILITAIRES Par Pierre DELBRASSINNE - Radariste Notre station radar vient de célébrer il y a peu, le trentième anniversaire de son implantation sur le territoire de Glons, commune de la vallée du Geer bien connue pour ses inondations. Pourtant ses racines remontent à un temps bien plus lointain, celui du début du dernier grand conflit mondial, celui de la participation de militaires belges aux activités du "N° 60 Group" qui, regroupait tous les moyens électroniques de défense antiaérienne du Royaume-Uni. 1946 vit renaître, avec beaucoup de difficultés, l'Aviation Militaire Belge. Parmi les moyens fournis par la Grande Bretagne pour nous aider, il y avait du matériel radar qui fut stocké à Zellik. On préleva un radarazimutal Type 14, un chercheur de hauteur Type 13 et une salle d'opérations DU5; le tout monté sur camions fut installé en bordure de la piste 24 de l'aérodrome de Brustem, au mois de mai 1948 par 6 techniciens radar instruits en Angleterre. En avril 1949, la station s'installe sur le plateau du fort d'Eben-Emael où se poursuivirent les essais sous la direction du capitaine Walch. En octobre, le petit noyau fut étoffé par un apport de personnel, devenant une Unité, elle prit le nom de "Service du Contrôle Aérien" et passa sous la coupe du major aviateur Nitelet. Eben-Emael servit à former le personnel opérationnel de nos futures stations radar, dont tout le matériel fut réuni sur place avant d'être expédié à Maldegem et à Beauvechain en février 1950, pour y établir les GCI n°1 et n°2 qui comprenaient en plus du matériel cité un ensemble de camions émetteurs et récepteurs radio, un convoi radar Type 15 comprenant une antenne, un émetteur et un récepteur avec visualisation, également montés sur camions; ce radar permettait d'obtenir, en plus des informations azimutales et d'éloignement, une appréciation assez satisfaisante des hauteurs. Devenu opérationnel en avril, le GCI n°2 servit au Contrôle de l'est de l'espace aérien belge et au contrôle d'interceptions réalisées en collaboration avec les avions de chasse de jour et de nuit du 1er Wing basé sur cet aérodrome. Le GCI n°2 fut dirigé par le lieutenant Renckens alors que le centre d'Entraînement d'Eben-Emael 1 était,par le capitaine Grignac. La station de Maldegem qui se déplaça rapidement à Coxyde était commandée par le capitaine Van Noyem; son histoire ne concernant pas le CRC Glons ne sera pas évoquée dans cet article. Pour recueillir, traiter et centraliser les informations fournies par les deux stations radar on créa aussi un Centre de Contrôle à Evere. Calqué sur les "Ops-Room" anglaises fonctionnant durant la dernière guerre, que tout le monde a pu voir dans les films retraçant des batailles aériennes; il fonctionna en septembre 1950, et fut surnommé "Centre Avia". Après diverses études et recherches, sur le terrain, le site de Glons fut choisi pour y établir une station définitive, répondant à des spécifications de l'époque; telle que la forme du sol aux environs de l'antenne. D'autre part, la présence des stations sur les aérodromes amenait de graves lacunes dans la zone de détection des chasseurs au départ et au retour des missions du fait de la réflexion des ondes sur les obstacles naturels environnants. Le 15 juin 1951, une avant-garde du personnel, dirigée par le lieutenant DuTliez, débarqua à Glons pour aménager l'infrastructure nécessaire au déploiement de la station au milieu des champs de blé; l'activité atteignit son paroxysme le 19 juillet avec l'arrivée des camions à Glons. Tout le personnel fut obligé de se convertir, bon gré, mal gré, au camping car les logements, les bureaux, les ateliers, les magasins, les cuisines et réfectoires, tout était réparti dans un village de toile composé de 25 tentes hôpital reliées entre elles par des allées en PSP, plaque métallique percées de trous, d'origine américaine. Ces allées devinrent rapidement de vraies patinoires sur ce sol argileux et sous notre climat, vous pouvez imaginer quelle était la netteté des uniformes du personnel. Cette situation dura jusqu'en 1953, lorsque fut inauguré le camp militaire de Slins réalisé au moyen de bâtiments préfabriqués. Avec l'apparition du printemps de 1952, une multitude d'engins de génie civil se répandit sur le site. Ils venaient effectuer les travaux nécessaires à l'élaboration d'un complexe souterrain, à la construction de bâtiments en surface, destinés à abriter les différents éléments composant une station radar moderne. Les travaux de terrassement durèrent plusieurs mois tant il y eut de mètres cubes de terre à remuer, puis ce fut la construction du bâtiment principal, puis de celui des servitudes et enfin" le remplissage du "Trou". Tout ceci amena un va-et-vient inlassable de camions de tous calibres pendant près d'un an sur l'unique chemin d'accès au site... Au début de 1953, l'inauguration du camp de 51ins coïncida avec le premier changement de Chef de Corps, les pouvoirs étant attribués au commandant Lelièvre. Peu après eut lieu la construction d'un grand bâtiment en bois, presque entièrement enterré qui allait servir de Centre opérationnel et d'entraînement en attendant l'ouverture de la nouvelle station. Ce bâtiment fut revêtu d'une belle couleur sapin, qui lui valut l'appellation de "Baraque Verte". Il était divisé en deux parties principales comportant d'une part un vaste espace libre de tout obstacle réservé à la salle d'opérations, ressemblant à celle de l'Avia, d'autre part un rez-de-chaussée utilisé par les techniciens en téléphonie et en radar ainsi que par le centre de filtrage et, à l'étage, le bureau du Chef de Corps, une cabine de contrôle, une salle de triangulation et une salle de repos. L'ensemble était ventilé par de l'air pulsé réchauffé en hiver grâce à une chaufferie au mazout accolée au bâtiment derrière la salle Ops. Ce nouveau complexe était à peine terminé que l'on vit arriver un groupe fort insolite pour l'époque, des demoiselles recrutées dans le but de permettre la décentralisation du Centre de Contrôle Avia qui devait se faire dans les installations de Glons et Semmerzake. Pour remplir la mission à laquelle on les destinaient, ces dames reçurent le même entraînement que les opérateurs radar dans les salles d'opérations, de filtrage, de triangulation et devant les écrans radar. Elles eurent aussi à s'entraîner au maniement de ces cannes aimantées qui servaient à déplacer les flèches de direction et les plaques d'indentification des différents avions qui survolent notre secteur de responsabilité. Elles eurent aussi à assimiler le code permettant de positionner les flèches, toutes les conversations opérationnelles s'effectuant uniquement en anglais. L'année 1953 vit aussi l'arrivée d'un nouveau radar Marconi plus évolué, le Type 15 Mk3, que la FAé obtint en prêt des Forces Aériennes Françaises afin de pallier le manque complet de pièces de rechange pour notre "ancêtre", le type 15 Mk1 modifié 2, nos techniciens n'arrivant plus à le maintenir opérationnel. Durant le dernier trimestre, nous avons aussi reçu un exemplaire du radar azimutal TPS-1D, que les Américains distribuèrent à l'Europe Occidentale dans le cadre du plan de défense mutuelle MDAP. En 1954, le GCI n°2 céda la place au CRC n°2. Au contrôle des interceptions, notre station allait ajouter le contrôle de l'espace aérien, tâche qui amena l'augmentation du personnel féminin. En novembre, le commandant Lelièvre nous quitta laissant la place au Major Simon, tandis que les travaux continuaient à l'abri des regards indiscrets. En avril 1955, une nouvelle unité radar fut créée pour pallier les insuffisances flagrantes de couverture radar de la région ardennaise, le CRP Senonchamps. Le personnel arrivant sur un site vierge, procéda à la réception, à l'installation et au réglage de radars américains TPS-1D et TPS-10D, réussissant à obtenir un statut opérationnel, dès le 08 juin, en envoyant ses premiers tracés d'interception diurne et, le 14 juin en accomplissant une première, une interception nocturne sur ces types de matériel. Au cours des manœuvres "Carte Blanche", les premières ayant atteint une telle importance en Europe, nous avons eu la visite du Ministre de la Défense Nationale de l'époque Mr Spinoy qui fut fort impressionné par les possibilités du matériel radar. Il fut suivi, peu après, par le général Nordstad (SHAPE) qui revenait d'une inspection en Corée. Il fut ébahi des conditions de travail qui étaient les nôtres, à tel point qu'il déclara: NOS HOMMES EN COREE SONT CENT FOIS MIEUX EQUIPES QUE VOS HOMMES ICI A GLONS... Après les manœuvres, le radar Type 15 Mk3 repris le chemin de la France et notre "ancêtre", qui était à Eben-Emael, réapparut et avec lui les soucis techniques de plus en plus insolubles. Heureusement pour tous, l'incroyable arriva à la fin de 1955, la nouvelle station ouvrit enfin ses portes. Une page se tournait, les "Trappeurs" allaient se changer en "Taupes". En effet, le nouveau complexe souterrain ressemblait à une Taupinière avec ses trois étages, sa quantité effarante de locaux et ses 300 mètres de couloirs et escaliers. Pour se faire une idée de cet ensemble, suivons l'itinéraire utilisé lors des visites officielles ou lors des "Open Door". "On arrivait au corps de garde où il fallait montrer patte blanche, on empruntait une route asphaltée et on arrivait au sommet d'un escalier qui semblait plonger dans les entrailles de la terre, à son pied on passait par une lourde porte blindée, puis on subissait un nouveau contrôle de documents, un nouvel escalier nous amenait à un couloir longeant le bâtiment technique réservé aux électromécaniciens, responsables des alimentations en électricité, air, chaleur, eau, indispensables à la vie de la station. Une nouvelle porte permettait enfin l'accès au premier des trois niveaux, qui contenaient des locaux à but opérationnel, technique ou d'intendance. Au point de vue opérationnel, citons: des bureaux de direction, des cabines d'opération, d'interception, des salles de recueil d'informations radar, de filtrage et d'opération permettant le travail combiné des GCI et Centres de Contrôle. Puis vinrent les manoeuvres "Whip Saw", avec la première coordination, des opérations au niveau du SHAPE. Les agrandissements successifs de la base ont amené un accroissement progressif du personnel et de ce fait un amoindrissement des conditions d'hébergement du camp de Slins qui ne répondait plus aux normes minimales d'hygiène. La caserne de Tongeren venant de cesser d'être un centre d'hébergement pour personnes déplacées (Hongrie), les autorités militaires décidèrent de l'attribuer au Ile Bataillon de GTA et au CRC M. Le personnel aménagea donc les locaux nécessaires à l'installation de ce nouveau centre logistique et administratif, ce qui ne fut terminé qu'en avril 1957, tant était grande l'œuvre de rénovation. A cette occasion l'effigie d'AMBIORIX apposée sur la face de la caserne tournée vers la ville, par une unité antérieure fut restaurée. L'occupation officielle se fit suivant le cérémonial réglementaire, avec la participation des Ediles Communaux et de nombreuses autorités civiles et militaires sur la grande plaine de parade. Dès lors> les rapports de garde furent établis en mentionnant le nom de quartier Ambiorix. La dissolution du Centre de Contrôle Avia en mai 1957 et son affectation à Glons amena un réaménagement des locaux dans les différents niveaux du bunker, ainsi que l'occupation d'une plus grande quantité de locaux à Tongeren. Pour assurer le soutien logistique du Centre de Contrôle et du CRC n°2, un groupe spécial fut créé le 27 avril 1957 sous la dénomination d'"Unité des Services du Contrôle Aérien et du Report" - USCR, dont le commandement fut assuré par le major Vroonen. Un mois plus tard, l'USCR fut dissoute suite à la création du "Commandement de Secteur" - le SOC, qui fut placé sous l'autorité du colonel aviateur Ceuppens. A la suite de cette mise en service, on se rendit compte de l'insuffisance de portée des Types 13 ce qui amena la Force Aérienne à acheter la dernière version du chercheur de hauteur FPS-6 qui accompagnait le MPS-11 au CRP Sen. Il sera opérationnel en avril 1962. Auparavant, le 1er octobre 1961, le CRC n°2 laissa la place au CRC Glons, au cours d'une célébration fastueuse sur la grand'place de Tongeren en présence du général Ceuppens alors commandant de nos Forces Aériennes Tactiques. En 1962, des techniciens de la firme française CSF vinrent faire les essais d'un nouvel amplificateur sur un type 13, les différents examens s'étant montrés positifs, on installa ces ensembles, dotés de tubes à onde progressive, dernier cri de la technique, sur tous les types 13 qui eurent leur portée augmentée de 30 %. 1962 fut une bien triste année pour le CRP Sen, la voix de l'ardennais "Cooltie" s'éteignit, l'Unité fut dissoute suite à la multiplication des stations radar en Europe. Le matériel de cette station fit mouvement pour Semmerzake où trois mois plus tard il devenait opérationnel augmentant les capacités de cette station qui devint CRP Semmerzake au lieu de CRC N°1. L'existence des radars centimétriques permit de mettre les métriques, générateurs d'interférences pour le réseau de Télévision naissant, en veilleuse. Le 27 septembre le colonel Dome remit les rênes au lieutenant colonel aviateur Laden. En 1963, restés seuls occupants du quartier Ambiorix, nous avons vu arriver une unité multinationale du Shape: le 3JSC. Ils trouvèrent le centre administratif et logistique, leur lieu de travail se trouvant aux environs de Maastricht. Afin d'augmenter les possibilités opérationnelles du CRC Glons pour contrôler les nouveaux F-104G, le MPS-14 du CRP Sem fut transféré chez nous tandis que le FPS-33 fut fortement modifié:.le nouveau récepteur permettait de voir plus loin et l'élimination des échos fixes améliorait le suivi des vols. Ce radar fut dénommé FPS-88 du fait de ces nombreux changements. Dans les cabines d'interception et dans l'Ops Room devenue salle d'identification et de surveillance, on a placé les toutes nouvelles consoles de visualisation: les "Data Display Consoles" regroupant autour de l'écran et de ses contrôles habituels, des boutons de commande pour les communications téléphoniques, radio, un clavier d'échanges d'informations avec l'ordinateur qui répond par affichage lumineux aux questions posées. Le fonctionnement de l'ensemble de la station automatique est traité dans un autre chapitre. Pour donner une idée de la rapidité du système, le temps entre détection et identification n'est pas supérieur à 36 secondes, alors qu'il était de 4 à 6 minutes avec l'équipement manuel. L'Otan s'étant enfin décidé à appliquer le plan NADGE, le MINI-FAC fut modifié pour pouvoir s'intégrer au nouveau standard, le CRC recréa une salle de contrôle d'opérations et d'interceptions avec l'ancien matériel Marconi remis en état. Un Mini-CRC en somme opérationnel du début de 1970 au 25 février 1971, date de remise en service du système dénommé "GFN - Grow to full Nadge". A la fin de 1970, le CRC reçut la première visite du "Team d'Evaluation Tactique de l'Otan". Le résultat fut classé "Excellent" mais ne fut pas officialisé, le Mini-CRC n'étant pas automatisé. Après ces modifications, les visites affluèrent, la plus importante fut celle du Roi Baudouin, accompagné de Mr Segers, Ministre de la Défense nationale du moment. Il vint se rendre compte de l'évolution intervenue depuis sa première visite. Il s'intéressa tout particulièrement au fonctionnement du système, posant une foule de questions, en si grand nombre, qu'il resta à Glons plus longtemps que prévu. En 1971, nouvelle modification du FPS-88, par addition d'un second canal émission-réception pour diminuer les périodes d'inactivité pour entretien, ce qui fut terminé en octobre, avant l'arrivée du nouveau Chef de corps, le lieutenant colonel Barthélémy: Il surveilla particulièrement l'installation et la mise en service d'un nouveau radar choisi par l'Otan pour équiper les diverses stations du réseau Nadge, qui allait remplacer de façon plus rentable, opérationnellement parlant, le FPS-88. Le Médium Power Radar permettait d'obtenir les informations nécessaires dans les 3 dimensions, car en plus de la distance et l'angle azimutal il donnait la hauteur de toutes les cibles, grâce à la superposition des faisceaux à l'émission et à la réception. Il pouvait, d'autre part, travailler sans détérioration de résultats dans des conditions de brouillage intense. Grâce à des équipements d'adaptation, installés dans le Bunker, il fournissait ses informations au matériel souterrain. Remplaçant ainsi, le FPS-88 et les chercheurs de hauteur MPS-14 et FPS-6B. A la mi-1972, le PTC nous quitta pour s'implanter sur un autre site Nadge, celui d'Erndtebrück. Les bâtiments: de l'ancienne école furent repris, puis plus que doublés, par une unité multinationale dépendant directement du Shape, le NPC - Nato Programming Center. Il était chargé de produire les programmes opérationnels pour les ordinateurs des stations Nadge s'étendant de la Laponie en Norvège à la Turquie tout en tenant compte des conditions locales et des différents secteurs d'interception utilisés, avions ou missiles. Le 27 avril 1973, le colonel Barthélémy nous quitta pour Florennes, laissant le CRC aux mains du lieutenant colonel Gennart, dont la tâché sera d'obtenir le perfectionnement des méthodes de travail opérationnel. Il surveilla aussi le renouvellement de notre système de conditionnement d'air qui datait de 1954 et dont le remplacement a pu se faire sans interrompre le fonctionnement de la station, par l'utilisation d'un conditionneur de secours. Le colonel Gennart aviateur, comme son prédécesseur, et dont nous saluons la mémoire, nous quitta le 12 janvier 1976 et fut remplacé par le lieutenant colonel aviateur Viseur, qui régla les fastes régimentaires célébrant le trentième anniversaire de la Force Aérienne, il nous quitta prématurément le 27 décembre laissant les rênes au lieutenant colonel Bidée. Il commandait le Groupe de Maintenance, et assura l'intérim jusqu'à l'arrivée du lieutenant colonel aviateur Boerewaart, le 18 avril 1977. Sous son commandement, le CRC continua à améliorer les procédures opérationnelles, la qualité des maintenances; on installa également un système intérieur de télévision en circuit fermé afin de permettre la diffusion rapide des informations opérationnelles nécessaires au bon fonctionnement des opérations de contrôle et d'interceptions. Il nous quitta le 6 mars 1980, laissant la direction au lieutenant colonel aviateur Van Der Stockt, qui continuera la tâche de ses prédécesseurs avec un nouveau type d'intercepteur, le F-16 qui équipa tout le 1er Wing en 1981. Cette même année, réorganisation des structures internes du CRC, les Groupes disparaissent et sont remplacés par des Escadrilles et de nouvelles appellations sont données à différentes sections. 1982 verra l'installation du radome de protection du radar principal, attendu depuis bien des années. Installation également d'un système d'alimentation continue en électricité pour éviter des coupures de tension au calculateur, Dans un proche avenir, nous recevrons sans doute les informations du futur réseau AWAC commandé par l'Otan: les avions radar volants. Pour terminer ce chapitre, le CRC ne peut-être tout à fait d'accord avec l'annonce du Centre de Recrutement, elle représente un F-16 avec le texte suivant: "à 800 Kmh entre ciel et terre, un officier pilote doit décider vite et seul". Pourquoi seul? Le travail des "Taupes" est-il donc à ce point ignoré? La plupart du temps, les F-16 du 1er Wing sont sous le contrôle du CRC, ce qui est de plus en plus nécessaire, car savez-vous ce qui se passe dans le ciel entre Bruxelles et Liège: chaque jour, il passe en dessous de 7000 m près de 450 avions, au-dessus près de 700 avions, tous civils, qu'il faut ajouter au trafic militaire. Ces divers avions qui transitent atterrissent, décollent de Zaventem, sont autant d'obstacles à la traversée des Airways par les intercepteurs, ils représentent une moyenne de passage de 2 avions par minute, dans les deux sens. L'existence du CRC représente une petite part du budget de la Défense Nationale, mais, si grâce à sa présence, une seule collision aérienne a pu être évitée chaque année, depuis 30 ans, soyez en persuadés, le pays a fait des économies. Grâce au CRC, l'entraînement de nos intercepteurs, dans un ciel bien plus encombré que celui de nos voisins, a pu se poursuivre et malgré ce handicap, les évaluations tactiques passées ont démontré que le niveau d'entraînement de notre force aérienne n'est en rien inférieur à celui des autres nations de l'OTAN. Ce résumé historique est tiré du manuscrit intitulé: " Les taupes bleues... ou les mémoires d'un radariste Auteur: P. DELBRASSINE, Droit-Thier 25, 4490, Roclenge-sur-Geer
POUR UNE ETUDE DE L'HISTOIRE ET DE L'ARCHEOLOGIE MILITAIRES par P. ROCOUR 1.- INTRODUCTION "Homo homini lupus", l'homme, que sa nature pousse à vivre en société, peut être considéré comme l'animal le plus dangereux pour ses semblables. En effet, aux nombreux antagonismes nés de la recherche égoïste du profit se superpose un besoin atavique de puissance des individus et des groupes. La loi des plus forts en résulte ou en était-il à l'origine? Dès que le groupe humain a pu assurer sa survie, il s' est divisé en producteurs et non producteurs. Ces derniers, pris en charge par la collectivité, fournirent prêtres et guerriers. Les prêtres devinrent la mémoire et la conscience du groupe, les guerriers son bouclier. Qu'il soit chasseur, pasteur ou agriculteur, l'homme s'est adapté à son environnement dont il a tracé les limites. Il en a été des territoires, comme des hommes, car la liberté des uns ne s'est pas toujours arrêtée là où commençait celle des autres... Et pendant que s'exerçait la loi du plus fort, l'emprise de l'homme sur la terre s'est marquée par un signe, une fortification. Les cicatrices de l'écorce terrestre témoignent encore de l'agressivité des hommes durant leur histoire. Faire le relevé de ces cicatrices, de ces traces, nous permet de mieux comprendre certains objectifs des sociétés antérieures à la nôtre. Que peut dès lors apporter l'étude de l'histoire et de l'archéologie militaires, dans ce domaine? En mettant en mémoire l'ensemble des vestiges militaires d'une époque, on assure non seulement la protection d'un patrimoine collectif mais on corrige aussi une vision de l'histoire où la composante militaire de la société n'occupe pas toujours une juste place. Le domaine le plus aisé à cerner se rapporte à la fortification. L'armée et ses structures sont à l'image du groupe social dominant. Devenue l'instrument politique d'une société, l'armée reflète un caractère offensif ou défensif et possède sa place au sein du groupe social. Cette place varie du pouvoir absolu où l'armée se confond avec les pouvoirs civils, voire religieux, au rejet dans la périphérie, où elle est considérée comme une charge intolérable mais nécessaire à la survie du groupe. L'ostracisme est parfois tel qu'il provoque un renversement de situation. A la faiblesse succède la fermeté mais aussi, parfois, la tyrannie. D'anciennes lois inappliquées, car impopulaires, sont adaptées sinon imposées. Elles peuvent se traduire, sur le terrain, par une restauration des constructions militaires. 2.- L'ANTIQUITE Dès le début du VIIe millénaire avant notre ère, une muraille entoure les trois hectares sur lesquels est érigée la ville de Jéricho! De cette ville reconstruite plus de vingt fois, subsiste une tour large de 0,50 m encore haute de 6,50 m. Sans négliger pour autant les nombreuses forteresses qui marquent l'histoire de l'humanité, on ne peut passer sous silence celles de Mersin et de Troie en Anatolie. Cette région constitue le trait d'union entre l'Asie et l'Europe. Au gré de l'histoire, les villes naissent et se ceinturent de murailles. D'abord en Crête puis en Grèce où se manifeste la haute maîtrise des Grecs dans le choix des emplacements et l'amélioration des techniques. On doit à Jean Pierre ADAM une étude approfondie de l'architecture militaire grecque, basée sur les imposants vestiges de la forteresse de KYDNA en Lydie. Au gigantisme et à l'impression de puissance observable dans les fortifications de Mycènes et de Tirynthe succède, au Ve siècle une technique plus fonctionnelle. Par souci d'efficacité, les tours carrées traditionnelles sont évidées. La tour ronde, déjà en usage à Jéricho, ou demi-circulaire se multiplie car elle répond le mieux aux nécessités de la surveillance. La ligne brisée est adoptée dans le tracé des murailles car cette disposition de l'enceinte est particulièrement avantageuse pour contrer l'action de l'ennemi. Des accès secondaires ou poternes sont astucieusement aménagés pour surprendre les assiégeants, par des sorties imprévisibles. Fenêtres et meurtrières sont percées de façon à obtenir le meilleur emploi des armes balistiques tout en protégeant leur servants. 3.- LES FORTIFICATIONS DURANT LA PREHISTOIRE L'architecture militaire grecque avait atteint une telle perfection qu'elle ne pourra être égalée en Occident avant la fin du Moyen-Age. Qu'en est-il dans nos régions au moment où l'aube de la civilisation s'est levée en Orient? Il y a un peu plus de cinq mille ans, le pays est occupé par des gens originaires du Rhin moyen. Des représentants de la culture de Michelsberg exploitent le silex d'une façon industrielle. Spiennes, la rive gauche de la Mehaigne, la région au Nord de Visé, en sont les hauts lieux. Par ailleurs, l'usage de fortifications est attesté dans le Brabant et le Hainaut où sont aménagés divers promontoires naturels. La partie la plus vulnérable des sites tels que Boisfort, Chaumont-Gistoux, Ottembourg, Spiennes et Thieusies est protégée par un ensemble de fossés et de levées de terre. Vers 650 avant Jésus Christ, les premières vagues celtiques atteignent notre pays. Issus de la région bavaroise, les tenants de la culture de Hallstatt connaissent l'usage du fer et s'établissent en maîtres. A l'instar du restant de l'Europe, le sol belge est fortifié entre 550 et 350 avant Jésus Christ. Il est tiré parti des hauteurs comme au Mont-Kemmel ou au plateau d'Hastedon, près de Namur. Il est fait usage de pierres et de poutres en bois pour ériger des remparts dont la construction est ainsi renforcée. Occupé en cas de danger, ces "oppida" développent une surface d'un à treize hectares. Durant le troisième siècle avant notre ère, l'expansion celtique est telle que la vague issue du massif alpin recouvre presque toute l'Europe et l'Asie Mineure. Vers le Nord, elle borde la plaine Baltique tandis que la vallée du Pô la bride vers le Sud. A l'époque de Hallstatt a succédé celle de la Tène et le nombre d'oppida s'est multiplié. Une technique nouvelle est aussi apparue, celle du "murus gallicus" décrite par César. Les fortifications pendant la période de Helletett ( + 650 à + 450 ev,J,C, ) Venant de la région de Salzbourg et de la Bavière, des prato-Celtes envahissent le pays. Le conquérant connait l'usage du fer,bil appartient à la culture de Hellstatt, Le pays est pénétré par l'Est et le Sud. Carte extraite de DE LAET (S.J.), La préhistoire de l'Europe, Paris-Bruxelles 1967, p,197, En Belgique, une trentaine de fortifications ont été rattachées à cette époque. Elles sont, pour la plupart, situées dans la partie Sud du pays ou dans le sillon Sambre et Meuse. Peu d'entre elles ont été étudiées et d'autres restent encore à découvrir, car, dans le seul Grand-Duché de Luxembourg, plus de 160 sites ont déjà été recensés... Lors de ses campagnes menées dans notre pays, César cite divers oppida et castella (ou petits oppida). Aucune structure urbaine n'est signalée. On note toutefois une place remarquablement fortifiée par la nature dans laquelle les Aduatiques réunissent tous leurs biens après avoir abandonné leurs oppida et castella. Deux structures paraissent comparables aux grands oppida de la Gaule. L'une couvre 200 à 300 hectares au mont Champeau à Namur et l'autre entre 100 et 120 au mont Falhise près de Huy. L'une des deux semblerait avoir été l'ultime retranchement des Aduatiques. Sont égaiement signalés les oppida laissés à la disposition des Nerviens et la castellum appelé "Atuatuca", situé presque au milieu du pays des Eburons dans lequel César rassemble tous ses bagages. S'agit-il de Tongres? Cette conquête de l'Ouest européen présente, toutes proportions gardées, bien des similitudes avec d'autres opérations militaires. La quête d'un Eldorado est justifiée par la pacification des autochtones que l'on a, au préalable, bien souvent opposé entre eux. Cette situation va de pair avec la mise en place de fortifications provisoires, afin d'assurer la défense des conquérants. La mainmise sur le pays est complétée par la construction de voies de communication. Bordées d'installations militaires permanentes, des routes de plus en plus hardies quadrillent un pays vidé de ses richesses jusqu'au moment où se sera atténué le choc des cultures... Le territoire belge doit, ainsi et assez paradoxalement, sa germanisation progressive aux Romains! Depuis le génocide des Eburons dont César se rend coupable et dans le territoire desquels sera installée la tribu germanique des Tongres, jusqu'à la capitulation devant les Francs Saliens en route vers Paris l'empreinte de Rome reste néanmoins profondément marquée dans le sol occidental sur lequel a été bâti, à grand frais, une ceinture de remparts. 4.- LES FORTIFICATIONS DURANT LE HAUT EMPIRE ROMAIN Vers l'Est, pour se prémunir contre les Germains, le Rhin est doublé depuis son embouchure jusqu'à hauteur de Coblence par une ligne de défense. Cette ligne se greffe, à cet endroit, sur celle unissant le Rhin au Danube. Nimègue, Xanten, Cologne et Bonn en sont les points forts. Camps et tours de guet se succèdent sur les hauteurs de la rive gauche du fleuve. Très vulnérables, des troupes de couverture n'ont pu assurer leur mission au delà du Rhin. La forêt de Teutobourg, dans la région de Paderborn, dans laquelle Arminius attira les légions romaines pour mieux les anéantir, va devenir le symbole du nationalisme allemand. Au début du troisième siècle, craquant de toutes parts, l'empire romain s'est refermé sur lui-même. Ayant perdu la maîtrise de la situation, Rome recrute le cadre de ses légions dans les populations locales. S'ensuit une réorganisation de la défense d'un territoire, menacé par la convoitise des uns ou soumis à l'ambition des autres. Succèdent ainsi troubles, guerres internes, prises de pouvoir et invasions. Dans le Nord du pays, un élément géographique ajoute encore au désarroi car la mer a envahi les terres..., pour s'y maintenir durant plusieurs siècles, au cours desquels Bruges deviendra port de mer. En 275, Francs et Vandales forcent le passage du Rhin, atteignant, en quelques jours, Paris et les Pyrénées non sans avoir mis le pays à feu et à sang. Installées dans une région complètement ruinée, des tribus germaniques, aux mœurs des plus frustes, participent maintenant à la défense de l'héritage romain. 5.- LES FORTIFICATIONS DURANT LE BAS EMPIRE ROMAIN En conséquence, au système défensif, linéaire s'est substitué un plan défensif en profondeur. Face à l'Est, la partie Nord du secteur occidental est axée sur la route unissant Boulogne à Cologne, défendue par une redoutable tête de pont. Fortifications et relais assurent une sécurité de cette artère vitale. Le passage de la Meuse à Maastricht est commandé par un fortin. Tongres, dont l'enceinte a été ramenée de 4.544 à 2.680 mètres, assure l'appui logistique de base. Tournai, accrochée à l'Escaut fabrique les uniformes tandis que le ravitaillement en blé est à présent assuré à partir de l'Angleterre. Bavay, une ancienne ville ouverte, est aménagée en place forte où sont concentrés divers services administratifs. A la désaffectation des sites, constatée au Nord de la Meuse, se combine une reprise de vigueur des localités bordant le fleuve. Herstal, Amay, Huy, Namur se développent, tandis que dans le Sud du pays se fait sentir le rayonnement de Trèves, devenue capital des Gaules. Le castellum d'Arlon est à remarquer. La Belgique romaine sous le Bas-Empire Dans le Nord, la protection est assurée par une série de défenses côtières situées les unes, sur le continent entre Boulogne et Oudenburg, les autres en Angleterre en bordure du Norfolk, du Suffolk et du Kent. La fortification de Porchester reste encore particulièrement éloquente. Il en est de même du rempart d'Hadrien, construit vers 130 pour doubler la muraille, érigée plus au Nord, reliant le "Firth of Clyde" au "Firth of Forth". Cet ouvrage titanesque ne résistera toutefois pas aux assauts répétés des barbares. En Angleterre comme sur le continent, la domination romaine cesse dès le début du cinquième siècle. Croquis extrait de MERTENS (J.), Oudenburg et le Litus Saxonicum en Belgique, dans A.B. n°61 p. 62. Extrait de "Helinium" II, 1962, pp. 51-62, 6.- LES FORTIFICATIONS DURANT LE MOYEN AGE L'archéologie et, dans une moindre mesure, l'histoire deviennent maintenant muettes. Un voile, à peine entr'ouvert sous le règne de Charlemagne, recouvre en effet près de cinq siècles de l'histoire des hommes en Occident. Dans un monde divisé, l'autodéfense est devenue la règle; mais que survienne un péril commun et aussitôt se nouent les alliances pour le conjurer. Qu'en est-il des structures défensives établies pour contrer les incursions répétées des Normands, dans le cours du IXe siècle? Tours et enceintes sont apparues d'abord pour dissuader... ensuite pour dominer... En aménageant une élévation naturelle du terrain on impose à l'ennemi potentiel une contrainte supplémentaire tout en améliorant sa vision du pays par rapport au commun. Ce souci de s'élever est passé du plan physique au plan psychologique. La tour, la "haulteur" devient le symbole de la puissance et de l'autorité et participe à la gloire de l'individu ou de son groupe. Réduite à l'échelle d'un monument, d'une colonne, la tour devient la marque de la liberté et de l'indépendance. La tour se mue aussi en château et, transposée dans le monde contemporain elle devient le produit du subconscient... du rêve... sinon celui de la mégalomanie humaine. Revenons aux origines! Vraisemblablement aux invasions normandes consécutives au démantèlement de l'empire carolingien. Transplantée de Pologne et d'Allemagne, une élévation artificielle, la "motte" constitue le reflet de la structure féodale. Il s'agit d'un cône élevé au moyen des terres provenant du fossé qui l'entoure. Au sommet, qui est aplani, est élevée une enceinte en bois ou en pierre. La plus ancienne représentation de cette construction figure sur la célèbre tapisserie de Bayeux, confectionnée par la Reine Mathilde, après la non moins célèbre bataille d'Hastings, La motte, surmontée d'une palissade, figure sous le mot CEASTRA. Devenue castrum ou castellum, la motte sert de résidence au seigneur et de refuge à la population. Font ainsi leur apparition les notions de burg, donjon ou de vorburg, basse-cour. Cette évolution apparaît bien clairement dans un site de Rhénanie, le "Husterknopp" près de Grevenbroich. Le donjon le plus ancien semble être celui de Langeais, bâti sur un plan rectangulaire. Tout comme en Grèce, le rez-de-chaussée est aveugle et l'accès se fait par l'étage au moyen d'une échelle amovible. Apparaît ensuite la chemise ou enceinte que l'on constitue parfois en remployant les blocs de pierre de l'époque romaine. Offrant moins de prise au bélier et aux boulets, le donjon circulaire est redécouvert. Les traités de Vitruve et de Végèce, datant des premier et quatrième siècles sont remis en honneur, ce qui vaut l'apparition des donjons flanqués de tourelles. Il est innové en 1160 quand sont pratiqués des créneaux verticaux ou mâchicoulis. Ces ouvertures permettent de surveiller et de battre le pied des murailles. Gisors et Château Gaillard constituent au XIIe siècle, l'aboutissement des efforts entrepris par l'étude des classiques latins. Il est innové en adoptant le plan octogonal dans la construction du donjon et en insérant des poutres de bois dans le blocage. Par ailleurs, le dispositif à l'entrée est tel qu'il rend impossible une entrée en masse. Les XIIIe et XIVe siècles sont marqués par l'amélioration de l'habitat du seigneur. Ce sont ces constructions qui serviront de modèle au style "troubadour", si prisé avant la première guerre mondiale. L'amour du gothique a, en effet, poussé à toutes les extravagances. C'est l'époque où sont construits et restaurés Neuschwanstein imaginé par Louis II de Bavière, le Haut-Koenigsbourg voulu par Guillaume II, Pierrefonds étudié pour Napoléon III et combien d'autres réalisations...! Le XIe siècle marque aussi l'apparition des enceintes urbaines. La forme circulaire semble d'abord adoptée pendant trois siècles. Il y a cependant une résurgence du passé romain, lorsque le quadrillage des rues impose un plan orthogonal. Les autres hypothèses ne sont guère satisfaisantes, car la croissance de la ville se fait en fonction des terrains disponibles, souvent bien malaisés à fortifier. D'autres problèmes restent à résoudre quand se greffent les unes sur les autres les enceintes urbaines et castrales. Certaines agglomérations se développent à partir d'établissements castraux ou religieux, déjà fortifiés. Il en résulte une économie pour la communauté urbaine, si ces bâtiments font partie de l'enceinte. La sécurité dés habitants est assurée en contrôlant les accès de la ville. Lépreux, estropiés sont indésirables... Les portes permettent un contrôle mais aussi la perception de taxes. Favorisée par le commerce et devenue un point de convergence des forces vives de la région, la ville se développe sans que puisse être toujours résolu le problème de sa défense. Aux guerres dues à la rivalité des seigneurs, telle celle illustrée par la tapisserie de Bayeux s'ajoutent maintenant les conflits engageant des villes. Aux affrontements en plaine se substituent le plus souvent des guerres de siège. La bataille de Rosebeke, en 1382, illustre un conflit entre les villes et le prince. Un demi siècle plus tard, Paris, assiégé ne peut être conquis par Jeanne pour son Roi. L'introduction de l'artillerie modifie bientôt la conception des guerres, car de plus en plus inefficaces, les murailles tombent les unes après les autres. 7.- L'AGE DES PLACES FORTES La guerre est devenue affaire de Roi. A défaut de solution diplomatique, l'unification d'un pays se réalise maintenant au son du canon. Isolés, certains lieux continuent à se fortifier. Fermes et châteaux tendent à se soustraire aux vues en s'établissant à l'écart des routes et des plis du terrain afin d'échapper aux excès des armées en mouvement. Certaines réalisations des siècles passés gardent toute leur valeur. Il en est ainsi de l'église fortifiée d'Hunawihr en Alsace. L'église fait office de donjon et le mur du cimetière tient lieu de rempart. L'enceinte est non seulement flanquée par six bastions mais son entrée est défendue par une tour. Sous Louis XIV, la guerre est devenue une science mais aussi un art. S'il y a une poliorcétique ou manière de s'emparer des places, il y a aussi une façon de les défendre: art dans lequel excellera Vauban. La stratégie du XVIIe siècle est dominée par la personnalité du commissaire général aux fortifications du roi de France. Organisant la frontière, il fit exécuter des plans qu'il avait conçus pour près de trois cents places. Berghes est l'une d'elles. Des villes telles que Charleroi, Philippeville et Mariembourg se développent alors de l'autre côté de la frontière. Ailleurs subsistent toutefois les enceintes antérieures, mais elles sont doublées de vastes surfaces où sont assemblés: bastions, courtines et autres dispositions permettant le flanquement. La profondeur du système défensif est étudiée de telle sorte que le centre urbain échappe à la portée de l'artillerie ennemie. La guerre est devenue affaire de technique. 8.- L'AGE DES FORTS A l'âge des places succède celui des forts, que les puissances imposent après la bataille de Waterloo. Nieuport, Ypres, Menin, Tournai, Ath, Mons, Charleroi, Namur, Dinant, Huy, Liège et Maastricht constituent une première ligne dressée contre la France. Mariembourg et Philippeville en sont les postes avancés, la forteresse de Luxembourg, réputée imprenable, barre les accès dans le Sud. Tendue entre Ostende, Gand et Anvers une deuxième ligne doit se poursuivre vers la Meuse. Diest est fortifié. Un dernier cordon de places fortes est aménagé en Hollande. Elevée à grands frais, cette triple barrière n'aura jamais servi. S'ensuit une période où arme à feu et bouclier sont en compétition. Le canon rayé a remplacé le canon lisse, ce qui augmente la portée et la précision des armes. A la fortification continue se substitue un dispositif en profondeur et discontinu obligeant l'ennemi à s'écarter des zones protégées. L'ampleur des guerres devient toutefois telle que l'âge des forts est devenu celui des positions, tandis que s'enterrent hommes et matériels. Ligne Maginot, ligne Siegfried, mur de l'Atlantique sont les résurgences d'un passé où l'homme a essayé en vain de se protéger contre ses semblables. 9.- CONCLUSION Jusqu'il y a peu, la voie des invasions avait été celle où l'homme, juché sur son cheval, voyait s'ouvrir devant lui de riches terres à blé et de verts pâturages. Devant l'agressivité de l'envahisseur, les verrous placés aux accès sautèrent presque tous. Malgré les contraintes techniques, la liberté de mouvement s'est accrue avec le cheval vapeur et la plupart des barrages furent forcés par le conquérant, grâce à son esprit de décision. En effet, tout système défensif est illusoire s'il n'est pas doublé par la volonté de résister et celle de vaincre. A présent, sur un plan très général, la guerre de mouvement a fait place à une guerre presque statique où se confrontent des idées. A la conquête d'un territoire s'est substituée celle des esprits. Peut-on espérer que la barrière spatiale actuelle derrière laquelle se retranche l'Occident, ne soit que le complément d'une ligne plus ferme et infranchissable, née de la rencontre du droit et de la justice. L'avenir de nos enfants en est le prix. |
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